Le CH aurait-il surpayé pour Noah Dobson?
Sur le marché des transactions, la réponse est évidente: Emil Heineman, Victor Eklund (16e choix au total) et Kashawsn Aitcheson (17e au total) était un prix lourd à payer pour remplir un vide énorme à droite de la ligne bleue.
Mais en terme de dollars, le CH a clairement surpayé Dobson.
Il y a des soirs comme ça, où les comparaisons font plus mal que n’importe quelle mise en échec. Où les chiffres, soudain, prennent une valeur émotionnelle. Où le jeu lui-même nous hurle la vérité que certains ne voulaient pas entendre : Mike Matheson, payé 6 millions de dollars par saison, a dominé la glace comme un joueur à 10 millions, pendant que Noah Dobson, à 9,5 millions, regardait les événements défiler à distance.
Ce n’est pas une exagération.
Matheson a joué plus de 26 minutes.
Dobson : 19 minutes et 3 secondes.
Et ce n’est pas seulement une question de temps de jeu. C’est une question de confiance, de contrôle, de présence, de leadership sur la glace.
Matheson a mangé les minutes lourdes, celles contre McDavid, celles de fin de match, celles de désavantage, celles où tu bloques un tir sans réfléchir
Pendant ce temps, Dobson, qui touche 3,5 millions de plus par année, n’était pas utilisé dans les moments clés. Même ses propres coéquipiers ne regardaient que Matheson après la rencontre.
Oui, dans le vestiaire des Oilers, ce n’est pas McDavid dont on parlait. Ce n’est pas Draisaitl. C’était Mike Matheson.
On l’a même senti dans le ton de voix de certains : une sorte d’admiration mêlée d’incrédulité. Ce gars-là qui vient de bloquer Connor Mcdavid, à 6 millions?
Parce que tout le monde connaît les salaires. Tout le monde sait que Dobson vient de signer pour 8 ans, 76 millions. Et tout le monde voit qui joue comme un joueur de concession quand la glace chauffe. Ce n’est pas Dobson. C’est Matheson.
Ce qu’il a fait à Connor McDavid, c’est une leçon de maîtrise défensive en haute vitesse.
Matheson a partagé plus de 13 minutes de glace avec McDavid à 5 contre 5, et jamais, à aucun moment, il n’a eu l’air débordé. Jamais. Il ne l’a pas seulement suivi : il l’a neutralisé, il l’a fatigué, il l’a frustré.
Plusieurs statistiques avancées confirment à quel point Mike Matheson a dicté le rythme du match. Lors des 13 minutes et 34 secondes passées à 5 contre 5 contre le numéro 97, il a conservé un pourcentage de tirs tentés supérieur à 55 % (Corsi For %), signe que le CH contrôlait la rondelle durant ces minutes.
Mieux encore, son taux de buts attendus contre (Expected Goals Against – xGA) est demeuré exceptionnellement bas, démontrant qu’il ne concédait pratiquement aucune chance de qualité.
Il a amorcé la majorité de ses présences en zone défensive (defensive zone starts), ce qui ajoute du poids à sa performance, et il a excellé dans les sorties de zone propres et efficaces (controlled zone exits), tout en étant l’un des meneurs du match pour les entrées de zone contrôlées (controlled zone entries).
Bref, Matheson a non seulement neutralisé McDavid, mais il l'a mangé tout rond.
Juraj Slafkovský a dit ce que tout le monde pense :
« Il est aussi rapide que McDavid. »
Et c’est peut-être vrai.
En tout cas, dans l’espace restreint, Matheson est un tueur silencieux. Il n’a pas besoin de mise en échec spectaculaire. Il coupe l’angle. Il ferme la porte. Il défait le rythme. Il éteint la menace. Et il repart avec la rondelle.
Et pendant qu’il faisait ça, il souriait.
Il a même tenu le fort pendant presque 5 minutes en fin de match, alors que l’équipe était à court d’un homme. Une séquence de 4:48 où il a bloqué, couvert, relancé, sans jamais donner une once d’espace aux meilleurs attaquants d’Edmonton.
Et pendant ce temps, pendant qu’il livrait cette performance digne d'un gagnant du Trophée Norris, certains, ici même, commençaient à douter.
On lisait depuis quelques semaines que Mike Matheson en donnait moins. Qu’il avait ralenti. Qu’il jouait trop. Que son contrat devenait peut-être moins avantageux qu’on le pensait.
Ce contrat. 6 M$ jusqu’en 2026-2027, est une bénédiction.
Un miracle comptable.
Un des plus beaux cadeaux faits au CH dans les dix dernières années.
Et c’est encore plus criant quand on regarde Dobson, qui touche presque 10 millions, et qui est protégé, soulagé, ménagé comme un joueur fragile, incapable de porter le poids du numéro 1 dans les moments de tension.
Pas pour rien que Patrick Roy ne le voulait plus à Long Island.
Mike Matheson n’est pas un défenseur parfait.
Mais il est un meneur silencieux, un patineur élite, un gestionnaire de tempo, et un compétiteur acharné. Il ne se plaint pas. Il ne fanfaronne pas. Il joue.
Il affronte les meilleurs, soir après soir, et souvent, il gagne ces duels.
Le plus ironique dans tout ça? Ce n’est pas lui qui a le gros contrat. Mais c’est lui qui joue comme si c’était le sien.
