Congédiement de Martin St-Louis: Jean-Charles Lajoie revient à la charge

Congédiement de Martin St-Louis: Jean-Charles Lajoie revient à la charge

Par David Garel le 2025-12-18

Jean-Charles Lajoie n’a pas prononcé le mot interdit. Pas cette fois-ci. Trop intelligent, trop vacciné par l’erreur de l’an dernier, quand il avait prédit une démission qui n’est jamais venue. 

Lajoie avait été insulté de partout au Québec pour avoir affirmé que Martin St-Louis quitterait son poste avant Noël de l'an passé, parce que le CH était au fond du trou. Les succès du CH après les fêtes avaient discrédité le pauvre Jean-Charles.

Il attendait la meilleure occasion pour revenir à la charge. Aujourd'hui, il a installé l’idée que Martin St-Louis n’est peut-être pas l’homme de la situation à Montréal, et que le cycle émotionnel qui l’a porté jusqu’ici est en train de s’épuiser.

C’est ça, le vrai coup de Lajoie. Il ne jure rien. Il ne crie pas. Il aligne les faits. Il ne sort pas la guillotine. Il explique pourquoi elle finira par tomber sur la tête du pauvre Martin.

Il ne nomme pas le mot "congédiement. Mais il l'explique en long et en large.

Sa sortie publique est sans pitié. Le vent de fraîcheur incarné par Martin St-Louis résiste encore, affirme-il, mais pour combien de temps ?

La question est dévastatrice. Parce qu’elle sous-entend que le capital symbolique de St-Louis (son charisme, sa vulnérabilité assumée, son discours imagé, sa capacité à émouvoir) n’est plus suffisant pour masquer ce qui s’accumule sur la glace.

Il le dit clairement : Martin St-Louis est un atout de relations publiques extraordinaire. Il parle bien, il est humain, il parle vrai. il parle avec le cœur. Et dans une province stressée et impatiente, ce n’est pas rien.

Mais Lajoie tombe ensuite dans la gravité.

Parce qu’à Montréal, rappelle Lajoie, l’entraîneur du Canadien n’est pas seulement responsable d’un vestiaire. Il est, volontairement ou non, un gestionnaire de l’humeur collective.

Quand le CH va bien, le peuple chiale moins. Quand le CH se fait humilier, tout devient plus lourd. Et c’est là que la patience se fissure.

Or, cette saison, les chiffres sont brutaux. Une quantité affolante de défaites par trois buts ou plus. Des raclées répétées. Des humiliations à domicile. Un Centre Bell qui n’est plus une forteresse, mais une scène où l’équipe se fait corriger devant ses propres partisans.

Des volées infligées presque exclusivement à Montréal. Des dégelées de 7-0, 7-1, 8-4... et plus encore...

Lajoie ne dit pas que St-Louis est mauvais. Il dit que l’histoire du hockey est impitoyable. Ce genre de séquence finit toujours par rattraper un entraîneur. Toujours. Peu importe son charisme. Peu importe son discours. Peu importe son aura initiale.

D’un côté, Martin St-Louis, entouré de jeunes talents spectaculaires, capable de transformer une défaite en consolation esthétique parce qu’un Hutson a dansé ou un Demidov a marqué.

Une équipe qui peut perdre 5-2, mais repartir avec un highlight dans la tête. De l’autre, Rick Tocchet, coach des Flyers, avec moins de talent brut, mais une structure beaucoup plus professionnelle que la garderie de St-Louis.

St-Louis fabrique des gagnants de trophées individuels. Tocchet fabrique une équipe qui veut gagner la Coupe Stanley.

Et là, la critique vise le système au complet. Ce n’est plus seulement Martin St-Louis le problème. C’est l’écosystème en entier.

Lajoie se demande pourquoi on voit constamment Adam Nicholas (coach des habiletés) pendant les entraînement et très rarement Martin St-Louis sur la glace.

Lajoie vise aussi les dirigeants du CH: une direction remplie d’universitaires, de développeurs, de pédagogues, obsédés par la jeunesse qu’ils peuvent façonner à leur image... mais qu'ils ne transforment pas en gagnants.

Et surtout, un grand patron qui leur donne un chèque en blanc.

C’est là que Jean-Charles Lajoie fait le plus mal. Parce qu’il ne demande pas la tête de St-Louis officiellement. Il demande un rendement de comptes.  

La confiance débordante devient dangereuse quand elle n’est plus confrontée à des résultats. Il insinue que le discours commence à tourner en rond, que l’aura commence à se briser, et que le marché, lui, n’est plus hypnotisé comme avant.

Jeff Gorton qui engage son meilleur ami Kent Hughes qui engage son ami Martin St-Louis. Tout le monde se flatte dans le dos... sans résultats...

Lajoie n’utilise jamais le mot congédiement. Mais tout y mène. Pour lui, St-Louis n'est plus crédible.

Et à Montréal, quand tu perds ta crédibilité, tu est "faite" comme un rat.

Le mot congédiement est maintenant au-dessus de la tête de Martin. Pour le meilleur ou pour le pire.