Transaction à Montréal: le CH sacrifie son 40e choix au total

Transaction à Montréal: le CH sacrifie son 40e choix au total

Par David Garel le 2025-12-20

À Los Angeles, la transaction de Phillip Danault ne ressemble en rien à la fête qu’on observe à Montréal.

Là où les partisans du Canadiens de Montréal parlent d’un coup de génie, d’un pari intelligent et d’un retour chargé d’émotion, les fans des Kings de Los Angeles y voient surtout une sortie de secours bienvenue… et un actif récupéré à temps.

Sur les réseaux sociaux californiens, le ton est brutal et sans pitié.. Danault est décrit comme un centre qui a perdu une fraction de seconde, même une demi-seconde.

Un joueur de 32 ans sans un seul but cette saison, perçu comme lent dans les transitions, incapable de suivre le rythme d’un club qui cherche à rester compétitif dans l’Ouest.

Les commentaires sont sans pitié:

« Zéro but, zéro impact offensif, et on était supposés continuer comme si de rien n’était? Bonne chance Montréal. »

« Avant, il gagnait ses batailles par l’anticipation. Maintenant, il les perd parce qu’il n’a plus les jambes. »

« Tu peux être intelligent tant que tu veux, quand les jambes ne suivent plus, c’est fini. »

Plusieurs partisans évoquent un joueur visiblement frustré, qui boudait au banc de façon égoïste, dont le langage corporel trahissait une rupture nette avec son entraîneur et, plus largement, avec la direction. Bref, un divorce qui traînait et que beaucoup jugeaient inévitable.

Dans ce contexte, le retour obtenu par les Kings est vu comme tout sauf des peanuts.

Contrairement à la lecture dominante au Québec, le choix de deuxième ronde n’est pas perçu comme un “petit prix” à Los Angeles. Et pour cause : il s’agit du choix appartenant aux Blue Jackets de Columbus, une équipe qui végète actuellement au 25e rang du classement général.

Si la saison se terminait aujourd’hui, ce choix de deuxième ronde correspondrait au 40e choix total. Autrement dit, un choix à la frontière de la première ronde, dans une cuvée où plusieurs recruteurs estiment que l’écart entre les choix 25 à 45 est très mince.

Et les Blue Jackets pourraient continuer de chuter au classement.

C’est précisément ce qui explique l’enthousiasme des partisans des Kings. Pour eux, la direction a fait preuve de sang-froid. Surtout que le CH se retrouve "pogné" avec le salaire de 5,5 M$ par année de Danault... jusqu'en 2027...

Ce salaire va faire mal à la prochaine date limite des transactions, quand le CH va vouloir s'améliorer. En ce moment , Montréal dépasse le cap salarial de 1,347 M$. Jared Davidson et/ou Owen Beck seront envoyés à Laval pour repsecter le cap. (en attendant Kaiden Guhle et Kirby Dach ont été placés sur la liste des blessés à long terme). Mais quand Kaiden Guhle, Kirby Dach et Alex Newhook seront prêts à revenir, Kent Hughes devra faire de la gymnastique pour respecter le plafond. (d'autres transactions sont à venir).

Montréal voulait-il sacrifier Owen Beck à la place d'un choix de 2e ronde qui ressemble à un choix de 1re ronde? Les médias de Los Angeles affirment que le DG Ken Holland préfèrait le choix au jeune plombier.

Plutôt que d’insister pour obtenir un jeune joueur établi comme Owen Beck, qui n’a jamais totalement convaincu à l’interne, les Kings ont préféré sécuriser un actif de valeur élevée, flexible, et surtout détaché de la masse salariale.

Dans un marché où les centres vieillissants perdent rapidement de la valeur, plusieurs estiment même que Los Angeles a vendu Danault au bon moment, juste avant que sa cote ne s’effondre davantage.

Du côté de Sportsnet, on reconnaît que le Canadien a payé un prix réel qui prouve que la reconstruction est terminée.

Montréal n’a pas sacrifié un jeune joueur de son noyau. Mais céder un choix qui pourrait devenir le 40e au total, dans un repêchage serré, représente un investissement sérieux pour un joueur sans production offensive cette saison. La question n’est donc pas tant le prix… que le pari.

Car c’est là que le balancier pourrait revenir. Les fans des Kings le répètent : Danault n’est plus le même joueur. La vitesse a chuté. Les mains sont lourdes et dans le béton.

L’explosivité n’est plus là. À Montréal, on mise sur le contexte, le rôle, l’environnement émotionnel pour le relancer. À Los Angeles, on croit surtout que le déclin est réel et irréversible. Deux lectures diamétralement opposées d’un même joueur.

C’est ce qui rend cette transaction fascinante. D’un côté, un Canadien convaincu d’avoir comblé un besoin structurel au centre avec un joueur intelligent, responsable, capable de stabiliser une équipe jeune.

De l’autre, des Kings persuadés d’avoir transformé un contrat pesant et un joueur en perte de vitesse en un choix premium, presque équivalent à une fin de première ronde.

La vérité, comme souvent, se situera sur la glace. Si Danault retrouve un minimum de rythme, s’il redevient ce centre fiable capable de jouer contre les meilleurs et d’aider en désavantage numérique, Montréal aura eu raison.

Mais s’il confirme ce que les partisans des Kings reprochaient à Danault, alors le 40e choix total pourrait, dans quelques années, faire très mal à la narration du « coup de génie ».

Pour l’instant, deux villes regardent la même transaction avec des lunettes complètement différentes. Et c’est exactement ce qui fait toute la beauté... et le danger de ce genre de pari.