Kent Hughes active le marché des transactions: l'avenir d'Owen Beck n'est pas à Montréal

Kent Hughes active le marché des transactions: l'avenir d'Owen Beck n'est pas à Montréal

Par David Garel le 2025-10-05

Le couperet est tombé à Brossard. Owen Beck a été rétrogradé à Laval, en même temps qu’Adam Engstrom et Florian Xhekaj.

Trois jeunes qui, parce qu’ils ne nécessitent pas le ballottage, deviennent les premières victimes d’un ménage brutal.

Pendant que Samuel Blais et Kaapo Kahkonen devront passer par le ballottage pour être rétrogradés, Beck, lui, glisse sans résistance vers la Ligue américaine. Et c’est précisément là que se trouve le vrai message : il n’a plus de place dans l’échiquier immédiat du Canadien.

Il ne s’agit pas d’une simple décision administrative. Pour Beck, 21 ans, longtemps présenté comme un centre two-way intelligent, discipliné et destiné à stabiliser le bas de l’alignement, cette rétrogradation marque un tournant.

Il a eu sa chance au camp. Il a obtenu de bonnes minutes. Mais dans la hiérarchie actuelle, Joe Veleno et Oliver Kapanen sont désormais devant lui. Et quand on commence une saison à Laval, derrière une telle congestion, c’est rarement pour mieux rebondir…

On a vu Beck frustrè à la fin du camp. Son attitude était révélatrice du climat de frustration qui peut habiter un jeune espoir lorsqu’il sent qu’on ne croit plus en lui, qu’on le repousse dans l’ombre. On arrive à la conclusion que Beck pourrait bien faire éclore ailleurs dans la LNH… loin de Montréal.

Pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui autour de Beck, il faut revenir sur les signaux envoyés par l’organisation depuis quelques mois.

Le premier coup dur est venu avec les négociations pour Noah Dobson. Selon les informations qui ont circulé, Beck faisait partie du package offert aux Islanders avec les choix 16 et 17 du repêchage. 

New York a refusé. Pire encore, les Islanders ont préféré Emil Heineman, un ailier de 4e trio (3e trio au mieux). Pour un jeune repêché 33e au total en 2022, c’est une gifle publique.

Puis est arrivée la signature de Joe Veleno. Un centre défensif, mature, fiable… exactement le profil de Beck. Le vétéran québécois n’a pas été amené à Montréal pour faire de la figuration.

Dans l’échiquier du Canadien, il s’est glissé directement devant Beck. Avec Jake Evans, Joe Veleno, Oliver Kapanen, tous des joueurs au même profil, il n’y a tout simplement pas de place pour Beck dans un rôle régulier.

L’envoi de Beck à Laval ce week-end n’est donc pas une surprise. Contrairement à Samuel Blais ou Kaapo Kahkonen, il n’a pas à passer par le ballottage. Il est facile à bouger. Mais c’est précisément cette facilité qui le rend aujourd’hui vulnérable.

Comme Joshua Roy, Beck est devenu un nom qu’on insère machinalement dans les “package deals” pour des transactions d’envergure.

La situation rappelle étrangement celle de Yegor Chinakhov à Columbus. À 24 ans, frustré de son rôle et du manque de clarté de l’organisation, le Russe a explosé publiquement.

« J’ai eu quelques malentendus avec l’entraîneur au cours de la saison. À ce stade, je serais ouvert à un échange et j’aimerais avoir l’occasion de rejoindre une autre équipe », a-t-il déclaré. Un message clair, sans pitié, qui a secoué les Blue Jackets.

Beck n’en est pas encore là. Il est discret, poli, sans scandales. Mais autour de lui, les mêmes ingrédients s’accumulent : stagnation dans la hiérarchie, manque de place, perte de valeur interne, et surtout l’impression que les décisions sont prises sans lui.

Montréal croule sous les jeunes espoirs. Tous se battent pour deux ou trois places. Dans cette jungle, Beck et Roy deviennent les agneaux sacrifiés.

Joshua Roy, malgré ses hauts et ses bas, est encore perçu comme un ailier au potentiel offensif sur le marché des transactions.

Oliver Kapanen, lui, s’est sorti du marché des transactions  grâce à ses récentes performances, au point d’être placé sur un trio avec Newhook et Demidov.

Owen Beck, lui, doit être échangé pour que sa carrière de tombe pas au fond du trou.

À 21 ans, il n’est pas fini. Mais chaque rétrogradation le rapproche dangereusement du statut d’éternel espoir. À Montréal, on commence déjà à le considérer comme un “throw-in” dans une future transaction majeure. Et les rumeurs qui circulent à Pittsburgh ne font que renforcer cette perception.

Dans les discussions autour de Sidney Crosby, le nom d’Owen Beck revient. Avec Joshua Roy et Jayden Struble, il ferait partie des jeunes actifs susceptibles d’être sacrifiés avec des choix pour décrocher le coup d’éclat que Kent Hughes prépare depuis des mois.

Et c’est ici que le parallèle avec Chinakhov devient une menace réelle pour le Canadien. Si Beck venait à perdre patience, s’il décidait de sortir publiquement pour forcer la main de l’organisation, l’impact médiatique à Montréal serait dangereux.

On parle d’un jeune, qui était vu comme le futur Phil Danault, qui pourrait décider de dire :

“Je ne veux plus attendre. Je veux jouer, et si ce n’est pas ici, ce sera ailleurs.”

Une telle sortie mettrait Kent Hughes sur la défensive, galvaniserait les médias locaux et pourrait forcer un échange précipité à une valeur moindre.

Pour Hughes, la gestion de Beck devient un véritable test. Le garder sans lui offrir de rôle, c’est prendre le risque d’une bombe médiatique à la Chinakhov.

Le laisser à Laval indéfiniment, c’est dilapider un actif. Le mettre dans une transaction pour Crosby ou Paval Zacha, c’est l’assumer pleinement. 

Mais l’entre-deux dans lequel Beck végète aujourd’hui n’est pas tenable. Ses performances sont bonnes, mais pas assez dominantes pour forcer la main. Son profil est utile, mais pas indispensable. Et son âge le place à la croisée des chemins.

Le dossier Owen Beck illustre parfaitement la dure réalité du Canadien version Hughes-Gorton : tous les jeunes ne feront pas partie du noyau. Certains sont développés pour être intégrés, d’autres pour être échangés au bon moment. Beck semble de plus en plus appartenir à la deuxième catégorie.

Et si Montréal ne veut pas voir une situation Chinakhov éclater dans ses rangs, elle devra prendre une décision claire rapidement. Parce qu’une fois que la frustration déborde, il est souvent trop tard pour recoller les morceaux.