Décidément, les rumeurs entre St-Louis et Montréal ne veulent pas mourir.
Il y a quelque chose de fascinant, et de presque inévitable, dans la manière dont les Canadiens de Montréal et les Blues de Saint-Louis semblent condamnés à se croiser.
Même lorsqu’aucun échange ne survient, les deux organisations se retrouvent au cœur des mêmes conversations, des mêmes réflexions, des mêmes dynamiques.
Et depuis l’article de Mathias Brunet dans La Presse, qui a mis en parallèle leur âge moyen, leur structure et leurs trajectoires divergentes, la machine à rumeurs est repartie de plus belle.
Ce qui semblait un simple exercice de comparaison est en train de ranimer un vieux serpent de rumeur : Montréal et Saint-Louis pourraient bien finir par conclure un échange d’importance.
D’un côté, le Canadien trône au sommet de la section Atlantique avec une fiche de 9-3 et une ambiance euphorique autour de ses jeunes vedettes.
De l’autre, les Blues végètent dans les bas-fonds de la LNH avec une fiche de 3-7-2, malgré un alignement qui avait dominé la deuxième moitié de saison 2024.
Même âge moyen (25,3 ans pour Montréal, 27,5 ans pour Saint-Louis), même nombre de jeunes repêchés au premier tour ces dernières années, même modèle de noyau jeune centré sur un centre dynamique (Nick Suzuki / Robert Thomas) et un ailier buteur (Cole Caufield / Jordan Kyrou).
Et pourtant, les résultats sont diamétralement opposés.
Les Blues n’ont pas officiellement reconstruit, contrairement au Canadien, mais leur direction a tout de même amorcé un processus de rajeunissement stratégique, en misant sur des espoirs comme Dalibor Dvorsky, Jimmy Snuggerud, Jake Neighbours et Dylan Holloway.
Ce dernier a d’ailleurs été acquis dans une offre hostile aux Oilers, une opération rare, mais révélatrice du niveau d’agressivité de Doug Armstrong lorsqu’il s’agit de renouveler sa banque de jeunes. Même logique du côté du CH, avec Demidov, Hutson, Slafkovsky, Reinbacher et compagnie.
Mais ce qui différencie aujourd’hui les deux clubs, c’est la ligne bleue. Montréal a maintenant Noah Dobson, Lane Hutson, Kaiden Guhle, Arber Xhekaj, Jayden Struble, Adam Engstrom et David Reinbacher. Une profondeur jeune, mobile, et encore contrôlée sous le plafond salarial.
Saint-Louis, de son côté, a une défense vieillissante et déséquilibrée : Colton Parayko, Cam Fowler, Justin Faulk les grand-pères… et un Logan Mailloux qui, loin d’être la solution, a été laissé de côté dans 4 des 8 derniers matchs. À 12 minutes de temps de jeu moyen, il est nuisible.
Heureusement, Philip Broberg, sauve la futur de cette ligne bleue, mais ça demeure très très mince.
C’est ici que les besoins deviennent complémentaires. Les Blues cherchent activement à injecter du sang neuf à la ligne bleue, et plusieurs sources ont confirmé que David Reinbacher ou Kaiden Guhle figurent sur leur radar.
Du côté du Canadien, la volonté d’ajouter un attaquant top-6, capable de soutenir Suzuki et Caufield ou d’amener de la constance derrière eux, est connue de tous. Jordan Kyrou et Robert Thomas sont des cibles rêvées, même si certains partisans des Blues jurent qu’ils sont intouchables.
La réalité, c’est que personne ne l’est vraiment, surtout dans une saison qui tourne au cauchemar. Les Blues ont connu une transformation similaire en 2019, lorsqu’ils ont envisagé de démanteler le noyau… avant de gagner la Coupe Stanley.
Mais cette fois, l’urgence est différente. L’équipe ne clique pas. Le système de Jim Montgomery, qui avait pourtant relancé le groupe l’hiver dernier, semble déjà essoufflé. Et les performances de Jordan Binnington (en baisse) et de son adjoint Joel Hofer (catastrophique) n’aident en rien.
Saint-Louis est en train de couler, et Doug Armstrong devra prendre une décision : exploser maintenant… ou attendre trop tard.
Le fait que Montréal soit en position de force rend le scénario encore plus plausible. Avec Dobes qui explose dans la LNH, Jacob Fowler qui domine à Laval, et Montembeault qui pourrait être échangé, le CH dispose d’un capital crédible devant le filet.
Sur le flanc gauche défensif, la profondeur est si grande qu’un sacrifice devient logique. Le profil de Kaiden Guhle peut vraiment séduire les Blues : un gaucher mobile et robuste comme Jayden Struble ou Arber Xhekaj peut être un bon throw-in, mais les Blues visent vraiment Guhle.
Sinon, futur top-4 en développement (Reinbacher) à droite, est aussi séduisant pour le DG des Blues.
L’idée d’échanger Kyrou ou Thomas pour l’un d’eux paraît farfelue pour certains, mais dans les bureaux de la LNH, l’équilibre est une obsession.
Et la ligne bleue de St-Louis fait vraiment pitié.
Ce qui relance les spéculations, c’est aussi la différence de performances avec le CH. Non seulement Montréal gagne, mais ses jeunes performent. Demidov (10 pts en 12 matchs), Slafkovsky (6 buts), Hutson (présence sur la 1re vague du PP), Dobson (impact majeur), Dobes (candidat Vézina/Calder). Tout va bien.
Pendant ce temps, Kyrou est discret, Thomas est blessé (sur le point de revenir) et la défensive s’effondre. Dans les marchés nord-américains, la patience a une date de péremption. Et plus les performances du CH rayonnent, plus Saint-Louis se sentira obligé de répondre.
Ajoutons à cela un facteur psychologique puissant : Montréal a gagné l’échange Mailloux-Bolduc. Et les fans de Saint-Louis le savent. Ce sentiment d’avoir été dupés pourrait les pousser à frapper un plus gros coup. Donner pour recevoir.
Faire oublier Bolduc en allant chercher un défenseur d’impact. Et rien de tel que de le faire… à nouveau avec Montréal.
Il est également pertinent de souligner que, dans les forums et discussions de partisans, l’idée d’échanger Kaiden Guhle, souvent blessé, contre Jordan Kyrou, un marqueur établi de 27 ans, ne choque pas tant que ça.
Au contraire, plusieurs fans estiment que Guhle est un défenseur de porcelaine, fragile, et qu’il est temps de capitaliser pendant qu’il a encore une forte valeur perçue.
Surtout que le CH est en feu sans lui.
Kyrou, lui, malgré un début de saison lent, demeure un patineur élite, qui pourrait s’épanouir dans un système comme celui de Martin St-Louis. Même les plus prudents avouent qu’un échange Guhle–Kyrou ne serait pas scandaleux dans le bon contexte.
Comme plan B, Brayden Schenn est disponible sur le marché des transactions. Le vétéran capitaine des Blues pourrait aussi aider le CH, en attendant que Michael Hage soit prêt.
Avec tout cela en main (besoins complémentaires, contrats alignés, pressions internes, performances opposées) Kent Hughes se retrouve dans une position idéale.
Il n’a pas besoin de forcer un échange. Il peut attendre que Saint-Louis perde encore quelques matchs. Que les journalistes locaux commencent à demander des comptes. Que Thomas ou Kyrou bougonnent. Et lorsque le momentum sera à son comble, proposer le bon package incluant un jeune stud à la défense. Tout est sur la table.
Les rumeurs entre Montréal et Saint-Louis ne veulent pas mourir parce qu’elles font trop de sens. Deux clubs jumeaux, aux structures similaires, mais dont l’un rayonne et l’autre sombre.
Deux directions intelligentes, qui savent que parfois, pour se relancer, il faut sacrifier une pièce majeure. Et dans la LNH d’aujourd’hui, ces transactions d’envergure ne surviennent que lorsque les planètes s’alignent.
Cette fois, elles semblent plus proches que jamais.
