C’est un revirement de situation qui donne des frissons dans le dos. Une leçon de vie à la Brendan Gallagher.
Il y a quelques semaines à peine, on écrivait avec un pincement au cœur que Gallagher semblait au bout du rouleau. Que son corps fatigué avait de la misère à soutenir l’intensité des entraînements. Que chaque exercice ressemblait à une exécution Il pompait l’huile, comme on dit dans le jargon du hockey.
Les bras lourds, les jambes en compote, le souffle court… Gallagher était là, mais il n’était plus le même. Un spectre du guerrier qu’il a été. On se demandait même s’il allait terminer le camp.
Et puis, un événement choc. Un coup à la tête donné par Joshua Roy pendant un scrimmage.
Un geste que même les jeunes du vestiaire ont dénoncé. Gallagher, ensanglanté, humilié devant tous. On croyait qu’il allait s’éteindre pour de bon.
Mais c’est là que la magie Gallagher s’est enclenchée.
Il est revenu. Plus fort. Plus intense. Plus inspirant. Comme s’il avait trouvé une nouvelle mission.
Quand Zachary Bolduc est arrivé, le vétéran a fait ce que font parfois les poolers : il est allé fouiller sur HockeyDB.
« Il a marqué des buts toute sa vie. Quand on était à Québec, j’ai regardé sa fiche sur HockeyDB et j’ai réalisé que c’était un marqueur de 50 buts, donc il faut donner la rondelle à ce gars-là! », a-t-il raconté.
L’affaire n’a pas passé inaperçue dans le vestiaire. Bolduc lui-même s’en est rappelé avec humour :
« Je me rappelle quand il est rentré dans le vestiaire à Québec, il criait ça sur tous les toits! », a lancé le jeune attaquant, crampé.
Cette anecdote résume bien l’état d’esprit de Gallagher. Il savait qu’il n’était plus le joueur explosif de ses meilleures années… mais il avait compris qu’il pouvait encore contribuer autrement : avec sa vision, son intelligence et son intensité, surtout avec un "stud" comme Bolduc.
Le fait de crier sous tous les toits que Bolduc est un marqueur de 50 buts... pour voir le Québécois marqueur deux buts en deux matchs est une histoire digne d'un film...
Il ne voulait plus être celui qui marque. Il voulait être celui qui fait marquer les autres.
Depuis le début de la saison, Gallagher a retrouvé un niveau d’engagement qu’on ne lui connaissait plus depuis 2021. Il est la bougie d’allumage du troisième trio, combinant énergie et intelligence de jeu.
Sa connexion avec Zachary Bolduc est évidente. Ils sont devenus un vrai duo avec une chimie rare.
C’est d’ailleurs en visionnant le profil de Bolduc sur HockeyDB que Gallagher a eu le déclic. Il a vu les saisons de 50 buts au junior. Il a répété à qui voulait l’entendre :
« Il faut lui donner la rondelle! C’est un marqueur de 50 buts! »
Et il a agi en conséquence. Lors de la victoire de 5-1 contre les Red Wings, Gallagher a servi une passe magistrale à Bolduc pour son deuxième but en deux matchs. Sans même arrêter la rondelle, il l’a redirigée parfaitement. Du grand art.
« Si je vois le jeu, je peux le faire, a lancé Gallagher. Avec l’âge, le jeu ralentit dans notre tête. »
Ce Gallagher-là n’est pas fini. Il renaît avec 3 passes en deux matchs.
Il a su utiliser la rage, la douleur, l’humiliation, comme carburant. Et ironiquement, c’est peut-être Joshua Roy qui lui a donné le choc électrique nécessaire.
Car Roy, lui, est déjà retourné à Laval. Le geste envers Gallagher n’a pas été oublié par le coaching staff. Il aurait brisé un code écrit. Et aujourd’hui, pendant que Gallagher brille, Roy se retrouve loin des projecteurs à Laval.
« J’adore jouer avec lui. Il va au filet, il fait le travail, a dit Bolduc. C’est inspirant. »
Même Martin St-Louis a noté la force de cette troisième unité (ou du 2e trio selon la perception). L’attaque du Canadien est équilibrée, et c’est en grande partie grâce à Gallagher.
Le vétéran n’a jamais été un joueur de finesse. Mais aujourd’hui, il ajoute cette lecture du jeu qui vient avec l’expérience. Il est plus intelligent, plus calme, plus élégant, sans perdre sa hargne.
On le croyait fini. Il nous fait mentir.
Et surtout, il fait vibrer.
Ce retour en forme, c’est une revanche contre le temps. Contre la logique. Contre la LNH qui élimine ceux qui ralentissent. Gallagher refuse d’être mis de côté. Il le dit dans ses gestes, dans ses cris, dans ses courses à fond vers le filet.
Il est encore ce guerrier que tout le monde veut dans son équipe.
Et il a gagné quelque chose de précieux : le respect des jeunes. Ceux-là même qui le regardaient comme un has been il y a deux semaines. Aujourd’hui, ils le regardent comme un modèle.
Il ne marquera peut-être plus 30 buts. Mais il change encore des matchs.
Et dans le fond, c’est ça, un grand joueur. Quelqu’un qui transforme les autres.
Brendan Gallagher est vivant. Et son cœur bat plus fort que jamais.