Le 21 août dernier est resté gravé dans la mémoire du père de Lane Hutson.
La liste des 44 joueurs invités par USA Hockey à son camp d’orientation olympique est tombée. Une seule absence a suffi pour déclencher une tempête : Lane Hutson, récipiendaire du trophée Calder, 66 points à sa saison recrue, 9e au vote du Norris, ignoré.
Une gifle monumentale pour un joueur déjà considéré comme l’un des vingt meilleurs défenseurs de la LNH.
À Montréal, c’est toujours l’incompréhension totale. À New York, c’est la consternation. Et aux États-Unis? C’est un scandale national qui éclabousse Bill Guerin, le directeur général de l’équipe.
Officiellement, la raison est simple : Hutson n’aurait pas participé au dernier Championnat du monde. Selon une source relayée par RG Média, « si Hutson voulait vraiment être au camp, il aurait dû se présenter aux Mondiaux ».
Mais ce discours ne tient pas debout. Cole Caufield, lui aussi absent au Mondial, est pourtant invité. Nick Suzuki, capitaine du CH, a snobé deux années de suite le tournoi et s’est quand même retrouvé au camp canadien.
Bref : une excuse fabriquée de toutes pièces. Un mensonge honteux. La vérité est ailleurs : USA Hockey ne voulait pas d’un troisième petit défenseur offensif derrière Quinn Hughes et Adam Fox.
C’est là qu’intervient Rob Hutson, le père du prodige. Dans un balado animé par Grant McCagg, il lâche une bombe :
« Je ne sais pas à quoi a bien pu penser Bill Guerin. Je ne le connais pas et il ne connaît probablement pas Lane. Nous devons vivre avec leur décision, mais nous ne sommes pas d’accord. Mes gars sont Canadiens aussi. »
Ces mots ont l’effet d’un électrochoc. Pour la première fois, la famille ouvre la porte à un basculement vers Équipe Canada. Et ça, pour Guerin, c’est une humiliation encore plus grande que l’exclusion elle-même.
Selon plusieurs sources, Guerin aurait très mal pris cette sortie publique. Pour lui, les propos de Rob Hutson constituent une remise en cause directe de son intégrité et de son autorité. Le DG des États-Unis n'aurait tout simplement pas accepté ces menaces et ce chantage.
Le père de Lane Hutson n’aurait jamais dû placer son fils dans une telle position. Ses propos, tenus publiquement, ont été perçus comme une attaque directe contre Bill Guérin et USA Hockey, et cela n’a pas plu du tout aux dirigeants du Canadien non plus.
Lane Hutson, de son côté, s’est retrouvé mal à l’aise, obligé de calmer le jeu et de répondre poliment alors que la tempête enflait autour de lui. Guérin, furieux, considère ces déclarations comme inacceptables, et la direction du CH sait très bien que ce genre de controverse peut nuire à la sérénité d’un joueur de 21 ans en pleine ascension.
En voulant défendre son fils, Rob Hutson a surtout compliqué la tâche de Lane, qui aurait préféré éviter d’être projeté dans un conflit politique et identitaire qu’il n’avait pas demandé.
Le problème, c’est que Lane lui-même n’a jamais voulu être au cœur d’un tel conflit. Interrogé par les journalistes, il a répondu avec un calme désarmant :
« Les États-Unis ont pris une décision. Il y a de bons joueurs. Je leur souhaite le meilleur. Et la saison est longue, il peut y avoir des surprises. »
Une réponse polie, mais qui tranche radicalement avec la sortie de son père. Le joueur tente d’apaiser la tempête, mais le feu est déjà allumé.
Et si le cauchemar de Guerin devenait réalité? Car oui, Hutson est admissible à représenter le Canada, grâce à la citoyenneté de son père, né au Manitoba.
Imaginez la scène : Guerin l’ignore, et c’est Équipe Canada qui le récupère pour Milan-Cortina. Déjà, cinq gauchers étaient au camp canadien (Harley, Morrissey, Sanheim, Theodore, Toews), mais aucun n’a le génie créatif de Hutson.
Ce serait une trahison symbolique et un désastre politique pour USA Hockey.
Le choix de Guerin illustre une fracture générationnelle. D’un côté, les partisans d’un hockey moderne, basé sur la vitesse et la créativité. De l’autre, les conservateurs obsédés par le gabarit et la robustesse.
En invitant des défenseurs moins talentueux que Hutson comme Alex Vlasic, Jackson LaCombe ou Brady Skjei, Guerin a choisi la sécurité au détriment du talent. Un raisonnement digne d’une autre époque.
Serge Savard l’avait déjà dénoncé il y a des années : dans le hockey, on préfère souvent les défenseurs « gros et fades » aux artistes flamboyants. Hutson, comme P.K. Subban avant lui, paie encore le prix de ce préjugé.
Cette saga dépasse le cadre international. À Montréal, Hutson est en pleine négociation de contrat. Son agent, Sean Coffey, exige un salaire égal ou supérieur à celui de Noah Dobson (9,5 M$). Kent Hughes, lui, refuse catégoriquement.
Le DG du CH se retrouve coincé : soit il cède à Coffey, soit il provoque un conflit interne qui pourrait miner l’équilibre du vestiaire.
Décidément, Hutson se retrouve dans deux controverses en même temps... bien malgré lui...
Sur les réseaux sociaux américains, c’est l’explosion :
« Sans Hutson, on ne gagnera pas l’or. »
« Guerin a une mentalité de dinosaure. »
« C’est une erreur historique. »
Même à Montréal, les partisans voient rouge. Comment expliquer qu’un joyau de 21 ans, déjà top 10 de la ligue chez les défenseurs, soit humilié ainsi par son propre pays?
Aujourd’hui, deux camps s’affrontent :
Bill Guerin, acculé au pied du mur, persuadé qu’il défend une logique de « construction d’équipe ».
Le clan Hutson, insulté par la décision, ouvertement tenté par Équipe Canada.
Au milieu, Lane Hutson, obligé de répéter qu’il « respecte la décision », alors que tout le monde voit bien qu’il est victime d’une injustice inacceptable.
Cette affaire n’est pas terminée. Elle pourrait même définir la suite de la carrière internationale de Hutson. S’il choisissait le Canada, Guerin deviendrait l’homme qui a offert un joyau générationnel à son rival historique.
Pour l’instant, Hutson garde le silence. Mais son père a déjà dit l’essentiel : la famille n’a aucune confiance en Guerin, et l’unifolié reste une option réelle.
Et si USA Hockey échoue à Milan-Cortina, il y aura un coupable tout désigné : Bill Guerin, l’homme qui a tourné le dos à Lane Hutson.