Ce n'est plus une rumeur. Ce n'est plus un jeu de coulisses. Ce n'est plus une hypothèse murmurée dans les corridors du Centre Bell. C'est une attaque frontale. Un ultimatum. Et il porte la signature de Kent Hughes et Jeff Gorton.
Le Canadien de Montréal ne s'avance plus timidement dans le jeu des négociations : il sort l'artillerie lourde, et il vise droit au cœur des Rangers de New York.
La rançon? Alexis Lafrenière. Et si ce n'est pas lui, ce sera K'Andre Miller. Et si ce n'est pas lui, ce sera Will Cuylle. Et si ce n'est pas un échange, ce sera une offre hostile. Ou deux. Peut-être trois. Et dans tous les cas, ce sera brutal et sans pitié.
Jamais, dans l'histoire récente de la LNH, une franchise n'a été aussi vulnérable que les Rangers le sont en ce moment.
Coincés par des contrats lourds, exposés par une hausse timide du plafond salarial, et désespérés de libérer de l'espace pour leurs jeunes joueurs, ils sont pris à la gorge. La direction new-yorkaise est assise sur une bombe à retardement. Et c'est le Canadien de Montréal qui tient la mèche.
Pour comprendre l'ampleur du désastre qui se dessine à New York, il faut plonger dans la mécanique même des offres hostiles.
Depuis toujours, on nous dit qu'elles ne sont que théoriques, des coups d'éclat réservés aux ligues de garage ou aux pages de fiction. Mais ça, c'était avant. Avant que les Blues de St. Louis ne dérobent Holloway et Broberg aux Oilers. Avant que les DG ne réalisent qu'ils pouvaient déchirer le protocole et humilier leurs homologues à la lumière du jour.
Et maintenant, en 2025, c'est le Canadien qui se tient prêt à planter le couteau.
Le règlement est clair. Une offre entre 7,02 M$ et 9,36 M$ par saison ne coûte qu'un premier choix, un deuxième et un troisième. Pour K'Andre Miller, disons que ça fait peur car le CH pourrait absolument se le permettre afin d'aller chercher le défenseur repêché par Jeff Gorton.
Miller représente exactement le genre de joueur que le Canadien adore : robuste, jeune, pouvant jouer partout à la ligne bleue (à gauche comme à droite), et sous-estimé. Pour moins de 9 M$ par an, on peut forcer les Rangers à choisir entre le perdre pour un 1er, 2e et 3e choix ou égaler l'offre.
Le défenseur gaucher de 24 ans, pièce maîtresse de la brigade défensive de New York, est en attente de prolongation. Mais pour le signer, il faut de l'argent. Beaucoup. Or, il n'y en a pas. À peine 8 M$ de disponible sous le plafond. Même une simple offre à 6,8 M$, qui coûterait un premier et un troisième choix, suffirait à forcer la main de Chris Drury. Et s'il tente de retenir Miller, alors il doit sacrifier un autre joueur. Et qui donc?
Alexis Lafrenière.
Le joueur le plus polarisant du Québec. Le joueur repêché au tout premier rang en 2020. Le joueur que Gorton a personnellement choisi à New York. Le joueur qui, aujourd'hui, est devenu le principal actif négociable des Rangers.
Pas à cause de son talent. Pas à cause de ses performances. Mais parce qu'il est, tout simplement, celui dont le contrat est le plus facile à déplacer. Un contrat sans clause. Un contrat neutre. Un contrat sacrifiable.
Et ça, le Canadien l'a bien compris.
Kent Hughes et Jeff Gorton ont en main les choix 16 et 17 du prochain repêchage. Une base parfaite pour une transaction.
"Vous nous donnez Lafrenière, et on vous épargne l'humiliation d'une offre hostile à Miller." Voilà, en substance, le message codé. Et c'est un message qui fait trembler Manhattan.
D'autant plus que Montréal n'est pas le seul prédateur dans les parages. Des rumeurs circulent à Anaheim, à Nashville, à Seattle.
Les offres hostiles reviennent en force. Matthew Knies, JJ Peterka, Mavrik Bourque : tous sont sur les radars. Et le Canadien, lui, possède les munitions nécessaires pour en déposer deux, trois, même quatre.
En l'espace d'un été, Hughes pourrait dynamiter les fondations de plusieurs équipes rivales. Mais New York reste la cible principale.
Et pourquoi? Parce que c'est personnel. Parce que Jeff Gorton veut prouver qu'il n'aurait jamais dû être congédié par les Rangers.
Parce que Kent Hughes veut imposer sa marque. Et surtout, parce que le timing est parfait. Les Rangers veulent libérer de l'espace pour signer Vladislav Gavrikov, et éviter les coups de poignard du marché.
Mais c'est trop tard. Ils ont échoué à liquider Zibanejad, dont le contrat de 8,5 M$ par saison jusqu'en 2030 est un boulet colossal. Ils n'ont pas trouvé preneur pour Barclay Goodrow. Et aujourd'hui, ils risquent de tout perdre : Cuylle, Miller, Lafrenière.
Soyons clairs : Will Cuylle, malgré sa progression impressionnante et sa saison de 45 points, ne commandera jamais un salaire entre 7 et 9 millions de dollars par saison.
Selon les projections sérieuses du journalisye Frank Seravalli et de plusieurs modèles analytiques (notamment AFPAnalytics), Cuylle se situe davantage dans une fourchette de 3,4 à 4 millions sur un contrat pont.
Même dans l’éventualité d’une offre hostile, il serait très audacieux de dépasser les 5,5 millions pour ce genre de joueur encore en développement.
C’est pourquoi les Rangers ne paniquent pas avec Cuylle… du moins pour l’instant. Mais combiné à la situation explosive de K’Andre Miller, c’est la goutte de trop. Les finances sont trop serrées. La simple idée de devoir égaler deux offres hostiles dans la même semaine pourrait forcer Chris Drury à sacrifier Lafrenière pour respirer.
Ce n'est plus de la stratégie. C'est une exécution.
Et dans ce chaos, le Canadien a le luxe du choix. Il peut déposer une offre hostile à Cuylle, et forcer les Rangers à le surpayer. Il peut cibler Miller, et exposer les failles du système. Ou il peut attendre, calmement, que Lafrenière soit jeté aux chiens... et qu'il soit échangé à Montréal.
Quoi qu'il choisisse, il sortira gagnant. Parce que New York est en feu. Et que Montréal tient l'extincteur... ou le bidon d'essence.
La guerre est commencée. Dans les coulisses de la LNH, plusieurs sources murmurent que Jeff Gorton n’a jamais digéré la trahison de Chris Drury.
Ce dernier, alors qu’il jouait encore les gentils soldats comme DG ajoint à New York, a comploté en douce avec le propriétaire James Dolan pour pousser Gorton vers la sortie.
Une manigance de coulisse qui a mené au congédiement brutal de Gorton en mai 2021. Depuis ce jour, la revanche mijot. Et maintenant que Drury est acculé au pied du mur avec les cas K’Andre Miller, Will Cuylle et Alexis Lafrenière, Gorton a la carte parfaite entre les mains : une offre hostile bien placée, une pression stratégique à travers les médias, et la possibilité d’écraser Drury dans une transaction de panique.
Pour Gorton, ce n’est plus une simple négociation. C’est une vendetta.
Oui, la revanche a sonné.