Bombe sportive au ballottage: Montréal va bouger

Bombe sportive au ballottage: Montréal va bouger

Par David Garel le 2025-09-16

D'habitude, le camp d’entraînement du Canadien de Montréal ressemble à une répétition générale, une formalité avant le lever de rideau.

Et il y a des années comme celle-ci, où chaque décision, chaque silence et chaque rumeur deviennent le carburant d’une poudrière prête à exploser.

Bienvenue dans l’automne 2025, où le ballottage et les transactions à venir dictent déjà la vie du Tricolore.

Le nom de Jayden Struble est sur toutes les lèvres au camp d’entraînement. Le défenseur gaucher, robuste, explosif, qui a récemment signé pour deux ans à 1,41 million par saison, vit sous une véritable épée de Damoclès.

Pourquoi? Parce qu’il sait, et tout le monde sait, qu’il a été proposé aux Bruins de Boston dans le fameux package deal pour Pavel Zacha, aux côtés de Joshua Roy et Oliver Kapanen.

Boston a dit non. Mais le mal est fait. Struble sait désormais qu’il est une monnaie d’échange. Et surtout, il sait qu’il est sur une corde raide.

Admissible au ballottage, le CH ne le perdra jamais gratuitement. Jamais. Cela veut dire qu’il sera soit intégré de force dans l’alignement, soit échangé dans les prochains mois.

Pendant que Struble vit cette angoisse, Adam Engström dégage une indifférence effrayante. Lui, il pense qu’il peut percer l’alignement même si cela force l’organisation à jongler avec les règles du ballottage.

Engström est NHL ready. Il a déjà dominé dans la SHL, il a impressionné en séries avec le Rocket, et il sait que ses atouts (coup de patin fluide, intelligence, jeu moderne), font de lui le défenseur du futur.

Contrairement à Struble, Engström n’a pas à se soucier du ballottage. Lui, il a de la marge. Et ça change tout : il joue libéré.

Celui qui pourrait glisser entre les doigts du Canadien, c’est Sean Farrell. À 23 ans, l’ancien choix de 4e ronde est désormais admissible au ballottage.

S’il est cédé à Laval, sera-t-il réclamé? Petit format, vision intéressante, mais profil NHL trop « passe-partout » pour qu’aucune équipe ne prenne le risque de le laisser filer? 

Ou un nain flop que personne ne veut?

Ce qui rend sa situation tragique, c’est la réalité sans pitié de la hiérarchie. Farrell est coincé. Trop petit pour un rôle d’énergie, pas assez constant pour un rôle offensif. Le Canadien ne le protégera pas à tout prix. Farrell est donc le vrai condamné du ballottage 2025.

En revanche, pas question de sacrifier Joe Veleno ni Samuel Blais. Le premier est québécois, fiable sur 200 pieds avec un contrat garanti de la LNH.

Martin St-Louis le voit déjà comme son centre "couteau suisse".

Le second, gagnant de la Coupe Stanley à St-Louis, est un guerrier. Pas spectaculaire, mais robuste, responsable et polyvalent.

Il est une vraie peste qui a du chien.

Ces deux joueurs offrent une chose que le CH valorise plus que tout : de la prévisibilité. Ils sont des soldats de la LNH, pas des projets. Et dans une équipe qui vise les séries en 2026, on préfère la sécurité de Blais et Veleno à l’inconstance du nain Farrell.

Le cas de Owen Beck et Joshua Roy est encore plus brutal. Ces deux espoirs sont voués à retourner à Laval dans passer par le ballottage… sauf qu’ils savent pertinemment que leurs noms circulent dans toutes les rumeurs.

Beck, proposé aux Islanders dans le deal pour Noah Dobson (finalement remplacé par Émil Heineman à la demande de Mathieu Darche), traîne depuis cette gifle publique une étiquette d’indésirable.

Roy, de son côté, est devenu le « throw-in » typique, ajouté dans les packages pour gonfler une transaction. Les deux ont déjà été proposés à Boston pour Zacha, et ils font aussi partie des discussions avec Pittsburgh dans le fameux dossier Sidney Crosby.

Autrement dit, même si on les renvoie à Laval, c’est avec une étiquette de monnaie d’échange collée au front.

Comme Owen Beck et Joshua Roy, Oliver Kapanen n’a pas à passer par le ballottage. Ce détail technique change tout : il peut être renvoyé à Laval sans risque de le voir partir gratuitement.

Mais au-delà des règles, il y a surtout un constat évident au camp : dans le cadre de Martin St-Louis, Kapanen semble avoir une longueur d’avance sur Beck et Roy.

Le Finlandais joue juste. Fiable défensivement, capable de pivoter un trio en territoire défensif, mais aussi de créer offensivement quand l’occasion se présente, il colle mieux à ce que St-Louis demande d’un joueur de soutien dans une équipe en progression.

Quand Beck traîne un peu les pieds et que Roy peine à s’imposer physiquement, Kapanen, lui, coche plus de cases.

Et pourtant… malgré cette impression qu’il a devancé ses rivaux internes, Kapanen n’est pas intouchable. Loin de là. Son nom a été bel et bien proposé aux Bruins dans le fameux « package deal » avec Struble et Roy pour Pavel Zacha. De plus, il circule déjà du côté de Pittsburgh, dans les discussions sur Sidney Crosby.

C’est ce paradoxe qui rend sa situation fascinante : aux yeux du staff montréalais, Kapanen est plus utile que Beck et Roy. Mais aux yeux de la direction, il fait partie des actifs négociables. On l’aime… mais on est prêt à s’en départir si une transaction majeure l’exige.

Il reste que Martin St-Louis semble l’avoir placé un cran plus haut dans la hiérarchie. Peut-être à cause de son vécu européen (35 points en 36 matchs avec Timrå en Suède), peut-être à cause de son jeu plus complet, peut-être parce qu’il affiche une maturité tactique supérieure, peut-être parce qu'il a joué en séries la saison dernière et s'est bien débrouillé.

Toujours est-il que St-Louis voit en lui un joueur capable de s’insérer dans une rotation de centres de soutien sans que l’équipe ne perde son identité.

C’est cette confiance qui lui donne un avantage réel sur Beck et Roy. Mais dans le contexte actuel (congestion, ballottage, rumeurs, packages pour Zacha ou Crosby), cela pourrait aussi faire de lui une monnaie d’échange encore plus attractive.

Impossible de passer sous silence Kirby Dach. Le grand absent de l’été, disparu de la scène publique, protégé par un mur de silence.

Sa réhabilitation ne va pas bien, et tout le monde le sait. Pourtant, au tournoi de golf, c’est Jeff Gorton qui est monté au front pour dire qu’il serait prêt pour le match d’ouverture. Un discours plus politique que médical.

La vérité? Dach fait aussi partie des rumeurs. Lui aussi est dans les discussions avec Pittsburgh. Et s’il est protégé des médias, c’est parce qu’on veut préserver sa valeur marchande. On veut montrer aux Penguins qu’il est encore un actif viable.

On le voit : la direction du Canadien joue une partie d’échecs. Oliver Kapanen, Joshua Roy, Jayden Struble, Owen Beck, Kirby Dach, cinq noms qui circulent, cinq noms qu’on cache aux médias.

Par hasard? Non. Par stratégie. On ne voulait pas les exposer aux questions brutales des journalistes montréalais, on ne voulait pas les voir se perdre dans des réponses maladroites qui auraient pu nuire à leur valeur.

Et pendant ce temps, Hughes et Gorton gardent leurs munitions pour deux gros dossiers : Pavel Zacha et surtout Sidney Crosby.

Les observateurs le savent : le Canadien ne pourra pas garder tout ce monde. La congestion est intenable. À gauche, Hutson, Guhle, Matheson Struble, Xhekaj, Engström, … c’est une guerre civile.

À l’avant, Suzuki, Caufield, Slafkovský, Demidov, Laine, Dach, Bolduc, Newhook, Gallagher, Anderson, Veleno, Blais… impossible de donner une vraie place à Roy, Beck ou Kapanen.

Surtout que Florian Xhekaj est NHL-ready.

Cela mène à une seule conclusion : une transaction va péter d’ici peu. Peut-être pour un centre comme Zacha, peut-être pour Crosby si la situation dégénère à Pittsburgh, peut-être pour un autre joueur établi. Mais elle viendra. Parce que le Canadien ne peut plus se permettre de perdre des actifs au ballottage ou de laisser ses jeunes s’éteindre à Laval.

Le ballottage n’est pas une simple formalité. C’est un révélateur. Cette année, il expose la stratégie réelle du Canadien : protéger ses pièces négociables, éviter les pertes gratuites, et préparer le terrain pour une transaction d’ampleur.

Struble? Sous pression. Farrell? Virtuellement perdu. Beck et Roy? Des pions sur l’échiquier. Dach? Un actif fragile qu’on vend comme une valeur sûre.

Tout est en place. La bombe est amorcée. Et à Montréal, tout le monde le sait : septembre et octobre ne seront pas des mois tranquilles...