Evgeny Kuznetsov serait prêt à revenir dans la LNH.
Une bombe en Russie, de l'excitation pour certains au Québec, et un grand NON silencieux dans le bureau de Kent Hughes.
Parce que Montréal est à une autre étape. Parce que Kuznetsov, malgré toutes ses confessions touchantes, reste ce qu’il est : une bombe à retardement ambulante.
Et ce n’est certainement pas Ivan Demidov qui va venir plaider pour lui.
On se souvient tous du malaise. Ce malaise glacial, évident, lors du tout premier entraînement du SKA en Russie, quand Kuznetsov a tenté d’entrer dans la vie de Demidov avec mépris.
Demidov, respectueux, l’a appelé “Oncle Zhenya”. Réaction de Kuznetsov? « Arrête avec ça. Je veux pas qu’il m’appelle comme ça. Je veux pas être une nounou. »
On sentait déjà que ça n’allait pas coller entre les deux.
"Il m'a appelé Oncle Zhenya lorsque je l'ai rencontré pour la première fois. Je ne sais pas s'il veut que je sois son mentor, mais je préfère me concentrer sur mon propre jeu plutôt que de donner des conseils aux jeunes."
"Je lui ai dit d'arrêter avec ça. Je ne veux pas qu'il m'appelle "Oncle Zhenya". Je suis une personne ouverte. Cependant, je ne suis pas fan de donner des conseils. Bien sûr, si c'est une question de hockey, je l'aiderai. Mais aller vers les jeunes et leur dire quoi faire, ça me met mal à l'aise."
"Je n'aimais pas quand on me racontait des histoires lorsque j'étais jeune. En vérité, dix ans plus tard, j'ai compris que tout était vrai."
Kuznetsov était trop égoïste pour jouer au grand frère.
De toute façon, Demidov est un électron libre. Un gars qui s’est entraîné en cachette avec un coach personnel, qui a refusé de plier devant le pouvoir du SKA, qui a refusé de retourner en Russie après son premier match à Montréal. Ce gars-là ne veut pas d’un vétéran au passé trouble pour jouer les figures paternelles.
Et il a raison.
Parce que soyons honnêtes : Kuznetsov n’a jamais voulu être un mentor. Il le dit lui-même. Il ne donne pas de conseils. Il ne veut pas se faire détester par les jeunes joueurs. Il parle de ses erreurs, mais il refuse d’apprendre à quelqu’un comment les éviter.
C’est noble, peut-être. Mais inutile.
Ce qu’il faut comprendre dans cette rumeur, c’est qu’elle ne vient pas de Montréal. Elle ne vient pas de Kent Hughes. Elle ne vient même pas de Demidov. Elle vient d’un agent russe qui veut faire monter les enchères dans la KHL. C’est une manœuvre médiatique, pas une vraie option.
À Montréal, Kuznetsov est terminé avant même d’avoir commencé.
Même si les fans fantasment à l’idée de revoir le duo Demidov-Kuznetsov sur la même glace, il faut se rappeler que cette chimie-là n’a jamais vraiment existé.
Kuznetsov l’a dit :
“Je ne lui dis pas quoi faire. On ne parle pas de hockey. Je réponds à ses questions, c’est tout.” En d’autres mots : ils patinaient ensemble. Point final.
Et maintenant que Demidov est à Montréal, qu’il s’imprègne de la ville, qu’il prend le métro, qu’il se fait aimer du public, il ne veut pas revivre les fantômes de son passé. Il n’a pas besoin d’un Kuznetsov dans le vestiaire. Il veut respirer. Il veut être lui-même. Et surtout, il ne veut pas de distractions.
Ce n’est pas pour rien que lorsque Demidov a été "benché" en séries éliminatoires… et n’a rien dit. Pas un mot. Pas une plainte. Pas une crise de diva. Il a encaissé. Il a compris. Il a accepté. Car il savait que bientôt, il allait débarquer à Montréal.
Kuznetsov, lui, ne serait jamais resté silencieux.
Et ce n’est pas pour rien que Kent Hughes ne veut rien savoir. Ce n’est pas un problème de salaire. Ce n’est pas un problème de rôle. C’est un problème de valeurs.
Hughes a dit non à des noms plus gros que celui de Kuznetsov. Il ne va pas flancher maintenant. Pas pour un gars qui a enchaîné les blessures, les suspensions pour comportement hors-glace, les dérapages.
Et surtout pas pour un gars qui commence toutes ses entrevues par “je ne veux plus décevoir les gens”.
Trop tard.
Le hockey n’est pas une garderie. Et Montréal n’est pas une clinique de réhabilitation pour anciens prodiges au passé houleux. On a essayé ça. On a eu Drouin. On a eu Laine. On n’a pas besoin d’un Kuznetsov de plus.
Et s’il faut un dernier clou dans le cercueil de cette rumeur, il vient de Demidov lui-même.
Ce gars-là a décidé de ne pas retourner en Russie. Il a décidé de s’installer ici, de s’entraîner ici, de vivre ici. Il veut tracer sa propre route, sans béquille. Et chaque fois qu’on lui parle de son passé avec Kuznetsov, il détourne le regard.
Ce n’est pas anodin.
Alors oui, les citations de Kuznetsov sont touchantes. Oui, il parle de sa femme, de ses enfants, de ses douleurs, de ses insomnies, de son arthrite, de son envie de respirer. Mais ce n’est pas suffisant. Pas ici. Pas maintenant.
"Je sais que c''est facile de juger d'extérieur, mais j'ai toujours essayé être un bon gars. Ces dernières années, ça n'a pas marché. Donc, comme on dit, "si tu ne veux pas t'écrouler, tu dois souffrir" a affirmé l'attaquant en parlant de ses problèmes de dépendance qu'il jure avoir réglés.
"Les ambitions personnelles sont toujours présentes. Je pense que je peux jouer à un niveau plus élevé que sur la quatrième ligne, comme c'était le cas en Caroline."
"J'espère que que je suis sorti de l'enfer pour de bon. Il y a différentes nuances pour expliquer pourquoi certaines choses se produisent dans la vie. L'une d'elles est la motivation et la compréhension de la responsabilité qui repose sur mes épaules. Une erreur peut décevoir beaucoup de gens. Et je ne veux plus décevoir les gens."
"J'étais au fond du trou. Et finalement est venu un moment formidable de ma vie. J'ai appris beaucoup de choses sur les gens et sur moi-même. J'ai vraiment aimé être là-bas."
"J'étais prêt à jouer dans la AHL jusqu'à la fin de l'année. Pour moi, l'essentiel était de rester dans le hockey. J'ai été très bien accueilli là-bas, il n'y avait que des émotions positives.
Puis, il s'est ouvert sur ses problèmes de santé.
"J'avais de l'arthrite rhumatoïde, j'ai pris des médicaments toute l'année, je me faisais des injections. Puis j'ai arrêté de prendre des médicaments, je me suis senti bien, mon ventre a disparu, plus aucune douleur. Et après j'ai subi deux commotions cérébrales."
"Avant cela, personne ne pouvait comprendre pourquoi je ne pouvais pas dormir. Je ne dormais que deux heures par nuit."
"Je n'ai jamais eu la motivation de me prouver personnellement que j'étais le meilleur. Mais maintenant, j'ai la motivation de leur prouver que je ne suis pas fini."
"C'est une situation très angoissante, quand des gens espèrent ton échec. Mais c'est motivant, ça pousse à se surpasser. Je n'ai pas oublié comment jouer au hockey. C'est le plus important."
Mais à Montréal, il ne s’agit plus de compassion. Il s’agit de direction. De focus. D’un plan. Et ce plan-là ne comprend pas Kuznetsov.
Evgeny Kuznetsov peut bien dire qu’il est prêt à revenir. Il peut bien dire qu’il veut juste jouer au hockey, pas être une nounou. Il peut bien jurer que tout est derrière lui.
Mais ici, à Montréal, on a déjà un prodige. Un vrai. Un Demidov.
Et il n’a besoin de personne.
Encore moins d’un “Oncle Zhenya”.