Wow. Rarement a-t-on vu un DG avouer tout bonnement... qu'il veut obtenir Sidney Crosby.
Il y a des silences qui en disent long. Et il y a des non-dits qui crient plus fort qu’une conférence de presse officielle.
Ce lundi, au tournoi de golf du Canadien de Montréal, Kent Hughes a parlé de Sidney Crosby… sans jamais prononcer son nom.
Et pourtant, tout le monde a compris.
Renaud Lavoie l’a bien joué. Le vétéran journaliste de TVA Sports n’est pas tombé dans le piège de poser la question de front.
Parce qu’il sait, comme tout le monde dans l’entourage de la LNH, que parler publiquement d’un joueur sous contrat avec une autre organisation peut être considéré comme du maraudage.
Une infraction que la ligue prend très au sérieux. Une infraction que Kent Hughes, en homme de loi aguerri, connaît par cœur.
Alors, la question a été formulée de manière subtile :
« Est-ce que vous gardez des munitions dans vos poches au cas où… disons… un certain joueur deviendrait disponible au courant de la saison ? »
Le nom de Sidney Crosby n’a pas été prononcé. Mais il flottait dans l’air comme un parfum interdit.
Et Hughes, fidèle à lui-même, n’a pas eu besoin de confirmer. Il a simplement laissé entendre, avec son calme habituel :
« C’est toujours le cas, ça va toujours être le cas. Si tu veux améliorer ton équipe, il faut avoir les moyens pour faire l’échange. Sinon, il faut avoir la flexibilité vis-à-vis la masse salariale. »
Kent Hughes l'avoue. Oui, Sidney. On t’attend. Et on s’est préparés pour ça.
Qu’un DG ne puisse nommer un joueur vedette d’une autre équipe, c’est normal. Ce sont les règles. Mais qu’il refuse de le nommer alors que toute la LNH sait de qui il parle, c’est un aveu plus fort que mille déclarations officielles.
Depuis que des rumeurs persistantes font état d’un malaise croissant entre Crosby et la direction actuelle des Penguins, notamment Kyle Dubas, les spéculations ont atteint un autre niveau.
Surtout que Pittsburgh n’a pas fait les choses à moitié ce week-end : Dubas a carrément dépêché deux dépisteurs, Andy Saucier et Jay McClement, pour venir épier la confrontation des recrues du Canadien au Centre Bell.
Dans un contexte normal, un seul observateur aurait suffi. Mais là, deux visages connus dans les gradins, crayon en main, scrutant chaque présence d’Owen Beck et d’Oliver Kapanen, c’est tout sauf banal.
Et c’est justement cette présence double qui a rajouté de l’huile sur le feu lors du tournoi de golf du Canadien. Tous les partisans, tous les journalistes savaient déjà que des noms circulent depuis des semaines : Jayden Struble, Joshua Roy, Oliver Kapanen et Owen Beck.
Ce sont eux qu’on associe systématiquement aux offres de Kent Hughes. Boston a refusé le « package deal » Roy-Struble-Kapanen pour Pavel Zacha. D'ailleurs, comme avec Crosby, Hughes n’a d’ailleurs pas osé prononcer son nom publiquement pour éviter d’alimenter davantage les flammes.
Mais à partir du moment où Pittsburgh déploie deux recruteurs, le message ne pourrait pas être plus clair : ces jeunes sont observés de près, et ils sont les pièces maîtresses d’un futur deal beaucoup plus grand.
L’échange du contrat de Carey Price aux Sharks de San Jose change tout. Il dégage de l’espace. Il clarifie les livres comptables. Et surtout, il offre une marge de manœuvre cruciale à Hughes pour frapper un grand coup.
« Chaque fois qu’on prend une décision, on ne pense pas juste à aujourd’hui… », a clamé Hughes.
Il pense à demain. Il pense à avril. Il pense à la date limite. Il pense à Crosby.
Le nom que personne ne dit… mais que tout le monde murmure.
Depuis quelques semaines, la tension est dans le tapis. Le nom de Sidney Crosby est sur toutes les lèvres à Montréal, sauf celles de Hughes. Les partisans spéculent. Les journalistes devinent. Les joueurs eux-mêmes en parlent à voix basse.
Et au tournoi de golf du CH, l’ambiance était électrique. Chaque déclaration analysée, chaque sourire de Kent Hughes disséqué.
Il y avait cette impression que quelque chose de grand se prépare. Que cette saison pourrait marquer un tournant historique. Que le retour du fils prodigue est envisageable.
Et si la direction reste prudente, elle n’est pas naïves : il y a des rêves qu’on ne peut plus balayer du revers de la main.
Kent Hughes sait ce qu’il fait. Il ne tombera pas dans le piège de faire comme Marc Bergevin, qui avait trop souvent la langue trop bien pendue au mauvais moment. Hughes agit comme un avocat rusé, comme un stratège d’échecs : il avance ses pions un à un.
Et son message est clair comme de l'eau de roche :
« Nous avons les ressources. Nous avons la place sous le plafond. Nous avons la patience. Et si le bon joueur devient disponible, nous serons prêts. »
Encore une fois, pas besoin de dire Crosby. Le silence est plus bruyant que jamais.
À mesure que la situation dégénère chez les Penguins, entre une équipe vieillissante, un DG critiqué et la colère du capitaine, le dossier Crosby devient explosif.
Ce n’est plus un tabou : surtout que Mario Lemieux a tout fait pour reprendre les rênes, dans une tentative désespérée de racheter les Penguins et de garder Crosby à Pittsburgh.
Mais Lemieux a échoué… le scénario du divorce devient donc crédible...et attendu...
Dans ce scénario, le Canadien de Montréal est la destination idéale : jeune, talentueux, structuré, et surtout, dirigé par son ancien agent.
L’excitation est donc à son comble. Pas à cause d’une déclaration. Mais à cause d’un non-dit. D’une réponse détournée. D’un regard complice entre Renaud Lavoie et Kent Hughes.
À ce stade-ci, tout le monde est au courant. Tout le monde a lu entre les lignes. Tout le monde se permet de rêver.
Sidney Crosby au Centre Bell. Pour de vrai. Dans une équipe compétitive. Aux côtés de Suzuki, Caufield, Demidov, Slafkovsky, Laine, Hutson, Dobson… et d’un entraîneur qui a toujours prôné la liberté d’expression, la créativité et le leadership.
En attendant, le DG continue de jouer la montre.
Kent Hughes continue de manœuvrer dans l’ombre. Il refuse toujours de prononcer le nom. Il évite soigneusement toute allusion directe. Mais chaque décision qu’il prend depuis l’an dernier semble converger vers une même finalité : laisser la porte grande ouverte à un certain #87.
Sidney Crosby deviendra un membre du Canadien de Montréal. C'est écrit dans le ciel...