« Je garde la foi. » Trois mots. Trois mots lâchés par Pierre Houde dans un reportage de Bill Brownstein de la Gazette. Trois mots qui frappent comme une gifle dans un Québec où l’avenir du hockey en français est menacé par les grandes manœuvres de contrats télé.
Non, Pierre Houde n’annonce pas sa retraite. Au contraire. Il souffle ses 50 ans de micro et il rêve encore d’un futur où RDS pourra redevenir le diffuseur principal du Canadien, peut-être même jusqu’aux séries. Son cri du cœur, c’est celui d’un peuple qui a peur de perdre sa voix la plus sacrée.
Car la réalité, c’est que RDS et TVA arrivent au bout de leur entente avec la LNH après la saison 2025-2026. Rogers a déjà verrouillé le contrat national en anglais pour douze ans. Et dans le flou total des droits francophones, Houde ose espérer. Il ose dire tout haut ce que tout le Québec pense tout bas : on veut plus de matchs en français, on veut plus de hockey sur RDS.
Ce n’est pas la première fois qu’on l’écrit. On l’a dit quand The Athletic a classé les diffusions de TVA parmi les pires du circuit. On l’a dit quand les partisans ont imploré RDS de reprendre sa place en séries, fatigués de voir les plus grands moments du Canadien commentés par des voix qui ne vibrent pas.
Et voilà qu’aujourd’hui, c’est Houde lui-même qui relance le débat.
Le journaliste Brownstein, dans son papier de la Gazette, ne s’attendait sûrement pas à recevoir un tel aveu. En plein récit de sa carrière de 50 ans, Houde a laissé tomber cette phrase : « Je garde la foi… J’espère voir plus de matchs de hockey revenir sur RDS avec le prochain contrat. »
Ce n’est pas qu’une confidence. C’est une bombe médiatique.
Parce que Houde, c’est la voix d’un peuple. C’est la proue d’un navire qui a traversé toutes les tempêtes médiatiques depuis 1989. Il a vu naître RDS, il a vu mourir le Forum, il a vu le Canadien tomber en 2012, renaître en 2021, et encore se reconstruire sous Hughes et Gorton. Toujours, il était là. Toujours, sa voix résonnait.
Alors quand Houde dit « je garde la foi », c’est bien plus qu’une formule. C’est un appel lancé aux dirigeants, aux diffuseurs, aux propriétaires de droits. C’est une mise en garde au Québec tout entier : attention, vous êtes en train de perdre quelque chose de vital.
Et le pire, c’est que le public le sait. Chaque semaine, des partisans réclament haut et fort le retour de RDS en séries. Pas seulement pour des raisons techniques. Pour une raison simple : le hockey en français, ça doit se vivre avec Houde.
Pas avec une diffusion fade, sans âme, qui ressemble plus à une présentation PowerPoint qu’à un match de la LNH.
On a vu le résultat avec TVA Sports. Malgré de bons journalistes et de bons moyens, le public ne pardonne pas l’absence de chaleur, d’authenticité, de passion.
RDS a Pierre Houde. Et Pierre Houde, c’est un patrimoine.
Il a appelé des matchs avec la gastro, avec une pneumonie, avec un ligament déchiré. Il a manqué deux soirées seulement en cinquante ans. Deux! Quand il dit qu’il veut encore continuer, ce n’est pas un caprice. C’est une mission. Et sa mission, c’est de maintenir en vie le hockey en français, contre vents et marées.
Le danger est réel. Si Rogers décidait de centraliser les droits, si TVA réussissait à s’accrocher encore malgré la grogne, on pourrait voir disparaître le hockey de RDS en séries. Ce serait un désastre culturel. Une fracture avec des générations entières qui ont grandi au son de « et le buuuuut ! »
Houde le sait. Et c’est pour ça qu’il parle. Pas pour lui. Pas pour son égo. Mais pour les partisans, pour le Québec, pour cette identité francophone qui se cristallise chaque soir de hockey.
Il a reçu tous les honneurs possibles : Temple de la renommée du hockey, trophée Foster-Hewitt. Mais ce qui le garde vivant, ce qui le garde passionné, c’est la certitude que son peuple a encore besoin de lui.
Alors oui, il garde la foi. Foi que RDS aura un nouveau contrat. Foi que le hockey en français ne mourra pas. Foi que le Québec n’acceptera pas de se contenter de miettes pendant que Toronto et Sportsnet se partagent le gâteau.
Et foi, surtout, que le Canadien finira par lever à nouveau la coupe Stanley. « Je crois en cette équipe, je crois en Hughes, en Gorton, en Marty », a-t-il confié. Comme pour rappeler que sa foi dépasse le micro. C’est une foi en un peuple, en un sport, en une identité.
Voilà le cri du cœur de Pierre Houde. Pas une plainte. Pas une nostalgie. Une alerte. Une bombe médiatique lâchée avec la simplicité qui le définit : « Je garde la foi. »
Reste à voir si les dirigeants de la LNH, de RDS et de TVA l’écoutent.
Parce que si eux l’ignorent, une chose est sûre : le peuple, lui, ne l’ignorera jamais.