Bombe médiatique au Québec: le hockey du CH bientôt sur Crave

Bombe médiatique au Québec: le hockey du CH bientôt sur Crave

Par David Garel le 2025-07-30

Le couperet va tomber. En silence, mais sans appel.

TVA Sports serait officiellement écarté du futur de la Ligue nationale de hockey. Pas une mention dans les communiqués de Rogers.

Pas un mot dans les négociations pour la sous-licence francophone. Pratiquement aucune chance de retour. Le réseau de Québecor est désormais hors du jeu. Pire : il est devenu un spectateur de sa propre agonie.

Pendant ce temps, Bell Média et sa plateforme Crave se positionnent pour régner. Le groupe détient déjà les droits régionaux du Canadien via RDS, mais ce qui s’en vient à partir de 2026, c’est plus qu’un renouvellement : c’est un basculement de pouvoir.

Car si RDS continuera d’exister et de diffuser du hockey, ce n’est plus là que battra le cœur stratégique de Bell. C’est sur Crave, sa plateforme numérique, que l’avenir va se jouer.

Et tout indique que le prochain contrat de sous-licence francophone, celui que Rogers veut céder en partie pour amortir sa facture colossale de 11 milliards de dollars, sera partagé entre RDS… et Crave... et Amazon Prime. Mais pas TVA Sports.

C’est maintenant clair : TVA Sports n’aura pas droit au moindre morceau du prochain gâteau télévisuel de la LNH. Et si un miracle arrive et que l'empire de Pierre-Karl Péladeau arrive à dénicher quelques matchs, ce sera des miettes.

L’analyste Adam Shine, de la Banque Nationale, a confirmé que Québecor « ne semble pas » faire partie des plans de Rogers. Une formule diplomatique pour dire la vérité crue : TVA est éjectée.

Ce n’est pas un hasard. TVA Sports a été un gouffre financier depuis sa création. Entre 230 et 300 millions de pertes.

Une guerre de tranchées permanente avec Bell. Des salaires mirobolants à des figures vieillissantes. Une dépendance absolue à un Canadien de Montréal qui, pendant plus d’une décennie, n’a jamais été à la hauteur des attentes.

Et voilà que Rogers, en renouvelant pour 12 ans son contrat exclusif avec la LNH, un contrat de 11 milliards de dollars, rien de moins, choisit d’exclure totalement Québecor du deal. Pas de clause de survie. Pas de compromis. TVA Sports est fini.

Ce qui se passe maintenant chez Bell est tout l’inverse. Crave, leur plateforme de streaming, est devenue leur priorité absolue.

Déjà enrichie d’HBO, de STARZ, de productions originales en français et en anglais, Crave va désormais accueillir du contenu hockey. La série La reconstruction n’était pas un événement en soi, c’était un avertissement.

Geoff Molson avait compris, avant tout le monde, que la nouvelle génération consomme le sport autrement. Et il a choisi Crave. Bell l’a compris aussi.

En internalisant tout ce qu’il peut produire sur le CH, Bell construit un écosystème hermétique : Crave + RDS. Et pour y accéder, il faudra payer. Probablement plus qu’avant. Peut-être via un forfait combiné RDS-Crave. Peut-être en séparant tout. Mais dans tous les cas, le message est sans pitié : le hockey ne sera plus accessible comme avant.

RDS reste debout… mais Crave devient le centre...

Soyons clairs : RDS ne disparaît pas. La télé traditionnelle tient encore le coup. RDS continuera de diffuser des matchs régionaux du Canadien.

Mais dans la prochaine entente, ce n’est plus RDS qui aura le dernier mot. Ce sera Crave. La plateforme devient la tête principale de la stratégie hockey de Bell.

Et tout laisse croire que le futur s’écrira là. Parce que Bell ne veut plus seulement « diffuser » le hockey. Elle veut le posséder. Le produire. L’encadrer. Le rentabiliser directement. Sans TVA. Sans TVA Sports. Sans partage.

Pendant ce temps, à TVA Sports, c’est le chaos. Une station au bord du gouffre. Une équipe démoralisée. Une direction muette. Et surtout, une absence complète de plan de sauvetage.

Le lancement désespéré de la chaîne YouTube du réseau, en 2025, est une manœuvre de dernier recours. Mais soyons lucides : une chaîne YouTube, aussi bien faite soit-elle, ne remplacera jamais 230 à 300 millions dollars de pertes.

Pas quand les abonnés s’en vont. Pas quand les annonceurs ont fui. Pas quand même le Canadien ne veut plus rien savoir de toi.

TVA Sports est aujourd’hui un navire sans gouvernail. Et l’iceberg s’appelle l'été 2026. Dès que l’actuel contrat de diffusion avec la LNH prendra fin, tout s’écroulera. Il n’y aura plus rien à diffuser. Et donc, plus aucune raison d’exister.

Ce que plusieurs oublient, c’est que TVA Sports, au-delà des chiffres, c’est une famille. Des employés qui ont cru au rêve de Pierre Karl Péladeau. Des artisans passionnés. Des monteurs, des caméramans, des recherchistes. Et aujourd’hui, ils sont tous pris en otage par un silence corporatif glacial.

PKP ne dit rien. Il regarde le navire sombrer. Il parle d’« éventuelle fermeture » lors de l’assemblée des actionnaires, mais sans émotion, sans mobilisation.

Et pendant ce temps, les investisseurs applaudissent. Parce que chaque licenciement, chaque coupure, chaque aveu d’échec… fait monter l’action de Québecor.

La récente entente entre DAZN et la LNH pour la diffusion mondiale de ses matchs, dans près de 200 pays, sauf le Canada et les États-Unis, confirme une autre tendance : le hockey est en train d’échapper au contrôle de la télé traditionnelle.

Et ce n’est qu’un début. Déjà, Rogers a donné le hockey du lundi soir à Amazon Prime. Demain, pourquoi pas Apple TV pour les séries? Disney+ pour les finales?

TVA Sports représentait, à sa façon, un contrepoids. Une voix alternative. Un ton différent. Un regard plus populaire, plus direct. Et même si elle a perdu sa guerre contre Bell, son effacement complet laisse un vide que personne ne viendra combler.

Il faut le dire clairement : le hockey continuera d’exister à la télé traditionnelle. RDS, sans aucun doute, restera un acteur fort, solide, implanté.

Mais ce ne sera plus lui qui mène. C’est Crave, le bras numérique de Bell, qui prendra les commandes. C’est là que le contenu exclusif apparaîtra. C’est là que le CH construira sa nouvelle identité médiatique. C’est là que l’argent se fera.

TVA Sports? Il ne reste que les souvenirs. Les pertes. Et les lettres de congédiement à venir.

Et dans le silence de Québecor, on omprend une chose : le hockey ne leur appartient plus.