Bombe médiatique à Montréal: Martin St-Louis sort de son silence

Bombe médiatique à Montréal: Martin St-Louis sort de son silence

Par David Garel le 2025-08-22

Il faut avoir du culot.

Alors que la majorité des analystes continuent de classer la brigade défensive des Hurricanes, des Devils ou de l’Avalanche parmi les meilleures du circuit, Martin St-Louis a décidé de frapper un grand coup médiatique.

Dans une tempête d’appels téléphoniques mené durant l’été, l’entraîneur-chef du Canadien de Montréal aurait lancé à ses joueurs une déclaration aussi audacieuse que controversée : 

« Je prendrais notre groupe de sept défenseurs avant n’importe quel autre dans la ligue. »

Ces propos, rapportés par Jayden Struble en entrevue à TVA Sports, ont tout d’une bombe médiatique. Et ils révèlent une chose : le Canadien ne se perçoit plus comme une équipe en reconstruction. Il se voit comme un prétendant. Rien de moins.

Martin St-Louis n’a jamais eu peur des mots. Mais affirmer que le CH possède la meilleure brigade défensive de la LNH, c’est autre chose.

C’est refuser de jouer les modestes. C’est déclarer la guerre à la perception, aux statistiques, à l’historique même de la formation montréalaise, qui depuis plus de dix ans patauge dans le doute, les blessures, les espoirs avortés.

Ce n’est pas un cliché de vestiaire lancé à la va-vite. C’est un message réfléchi, répété à ses joueurs un par un au téléphone.

Martin St-Louis a planté un drapeau au sommet de sa montagne. Il a pris position. Et maintenant, tous les regards seront braqués sur la ligne bleue montréalaise.

Voici, selon les informations connues, le groupe que St-Louis considère comme le meilleur de la LNH :

Noah Dobson

Kaiden Guhle

Lane Hutson

Mike Matheson

Jayden Struble

Arber Xhekaj

Alexandre Carrier

Et derrière eux, prêts à tout chambouler : David Reinbacher et Adam Engström.

Il y a du talent. Il y a de la profondeur. Mais il y a aussi énormément d’inexpérience. Et c’est là que St-Louis surprend : il mise sur l’audace, l’élan, la jeunesse, et non sur la tradition rassurante des vétérans établis.

L’acquisition de Noah Dobson a tout changé. L’ancien des Islanders va apporter une stabilité, une créativité offensive et une prestance qui manquaient cruellement à la brigade montréalaise.

Son arrivée repositionne tout le monde. Elle permet à Mike Matheson de jouer avec plus de liberté. Elle ouvre la porte à une utilisation stratégique de Lane Hutson. Elle réduit la pression sur Kaiden Guhle.

Mais elle crée aussi de la friction : certains vétérans, dont Arber Xhekaj, voient leur place menacée. Struble, malgré sa solide fin de saison, devra encore prouver sa valeur. La compétition est féroce, et Dobson est venu imposer un nouveau standard.

Comment Lane Hutson va-t-il réagir à l'affirmation de St-Louis?

Il est peut-être le défenseur le plus électrisant de l'histoire du CH. Petit, mais doté d’une vision hors du commun, Lane Hutson est un joueur de séquences, capable de changer le cours d’un match par une passe laser ou une relance fulgurante.

Mais il est aussi une énigme défensive en séries. Et c’est là que St-Louis joue gros : il croit que le système du Canadien, plus dynamique, plus responsable collectivement, permettra à un joueur comme Hutson de s’épanouir sans être un fardeau défensif, même lors du tournoi printanier.

Dans ce groupe, Kaiden Guhle est le stabilisateur. Celui qu’on envoie en mission contre les meilleurs trios adverses. Robuste, mobile, intelligent, il joue avec une maturité au-delà de ses années. Et à seulement 23 ans, il représente le cœur défensif du Canadien.

À ses côtés, Mike Matheson, vétéran de plus de 500 matchs, reste l’un des patineurs les plus fluides de la LNH. Malgré les rumeurs de transaction, malgré l’intérêt de plusieurs équipes, Matheson est toujours là. Et selon St-Louis, il est encore essentiel.

Jayden Struble, le confident médiatique de St-Louis, est en mission. Après avoir vu son temps de jeu grimper dans les dernières semaines de la saison, il veut s’imposer comme un incontournable. Il a gagné la confiance de son entraîneur, il a développé une belle chimie avec Hutson, et il n’a pas peur du trafic.

Mais c’est Arber Xhekaj, le « Shérif », qui attire le plus d’attention. Sa position est la plus fragile de toutes. Avec  l’éclosion de Reinbacher et Engström, Xhekaj n’a plus droit à l’erreur. 

Ce qui impressionne, au-delà des noms, c’est la capacité du Canadien à se retourner. Reinbacher peut forcer la main de la direction. Engström est vu par plusieurs comme un futur défenseur top 4.

Justement. Si Jayden Struble et Arber Xhekaj regardent nerveusement autour d'eux, c’est en grande partie à cause d’un nom qui commence à peser de plus en plus lourd dans l’organigramme du Canadien : Adam Engström.

À seulement 21 ans, le jeune défenseur suédois représente une menace directe pour tous les gauchers en place. Ce n’est plus un projet. Ce n’est plus un espoir lointain. C’est un joueur prêt, mûr, déjà encensé par John Sedgwick comme étant un défenseur « talentueux, stable, mature, capable de jouer à Montréal cette année. »

Ses 27 points en 66 matchs avec le Rocket de Laval, combinés à une intelligence de jeu et une adaptabilité fulgurante au style nord-américain, font de lui un candidat non seulement crédible, mais potentiellement intouchable.

À court, moyen et long terme, plusieurs au sein de l’organisation le voient déjà devant Xhekaj et Struble. Et c’est ce qui complique tout.

Le dossier David Reinbacher, lui, ne fait plus aucun doute. Avec sa déclaration fracassante (« Nous savons que David est un défenseur de la LNH »), Kent Hughes a mis fin à toute ambiguïté.

Ce n’est pas qu’une opinion, c’est une validation structurelle de l’organigramme. Reinbacher n’est plus en audition. Il est désormais dans le plan. Un plan défini, assumé, imposé. Le directeur général ne parle plus d’un jeune à développer à Laval, mais d’un joueur qui devra contribuer maintenant.

Et la logique tactique s’aligne. Avec Noah Dobson déjà verrouillé à droite sur la première paire, et Alexandre Carrier comme vétéran stable pour gérer la troisième, il ne reste qu’un seul trou à combler dans l’alignement à droite : celui de la deuxième paire, aux côtés de Lane Hutson. Et c’est précisément là que tous les scénarios pointent Reinbacher.

Son style complémentaire à Hutson, sa taille, son calme en zone défensive et sa capacité à prendre des décisions rapides sous pression font de lui le partenaire naturel du joyau offensif du CH. Il ne faut pas se méprendre : cette chaise n’est pas offerte par charité. Elle est dessinée sur mesure pour lui.

Reinbacher, c’est la pièce manquante du casse-tête. 

Cette richesse amène de la pression, mais aussi une rare flexibilité. Si un joueur tombe au combat, un autre est prêt à le remplacer. Si un défenseur stagne, un jeune est prêt à le pousser dehors.

Martin St-Louis n’est pas seulement un entraîneur. Il est un communicateur, un motivateur, un stratège médiatique. En affirmant que sa brigade défensive est la meilleure de la LNH, il envoie plusieurs messages :

À ses joueurs : « Je crois en vous. Vous n’êtes plus des espoirs, vous êtes l’élite. »

À ses rivaux : « Sous-estimez-nous à vos risques. »

À la direction : « Je suis prêt à gagner. Donnez-moi les outils. »

Aux partisans : « Fini la reconstruction. On vise haut. »

Mais est-ce que c’est vrai?

C’est là que le débat devient passionnant.

Statistiquement, plusieurs brigades défensives de la LNH surpassent encore le CH. La Floride, le Colorado, le New Jersey, la Caroline, Dallas.

Mais ce que St-Louis semble dire, c’est que sur le potentiel, sur la chimie, sur la complémentarité, son groupe peut surpasser n’importe qui.

C’est une affirmation fondée sur la projection. Pas sur le passé. Sur la vitesse d’exécution, la relance, la mobilité. Et non sur la robustesse ou l’expérience.

Mais attention : il n’y a que six postes à la ligne bleue le soir de l’ouverture. Et St-Louis parle d’un groupe de sept défenseurs. Sans compter Reinbacher. Sans compter Engström.

Cela veut dire une chose : il y aura des perdants. Et certains pourraient ne pas avaler la pilule.

Xhekaj? Struble? Un vétéran come Matheson échangé?

La bataille sera féroce. Et elle commence dès le camp.

Jayden Struble, sans doute flatté d’avoir été appelé par son entraîneur, a rapporté les propos de St-Louis avec un enthousiasme évident :

« Il lançait aux gars : “Je prendrais notre groupe de sept défenseurs avant n’importe quel autre dans la ligue.” Et tu sais… je suis d’accord avec ça. »

Ces mots ne sont pas anodins. Ils prouvent que le message est bien passé dans la chambre. Que les joueurs y croient. Que cette déclaration n’a pas seulement été lancée à des fins médiatiques. Elle est vécue, incarnée, absorbée.

Nick Suzuki l’a dit : les attentes sont plus élevées que jamais. Patrik Laine, de son côté, parle ouvertement de Coupe Stanley. Alex Newhook veut franchir une ronde de séries. Tout le monde semble convaincu que 2025-2026 ne sera pas une année de transition, mais une année de conquête.

Et au centre de ce rêve? Une brigade défensive que Martin St-Louis place au sommet de la Ligue nationale.

La déclaration de Martin St-Louis est un coup de poker. Elle peut souder un groupe, booster un vestiaire, créer une mentalité de gagnants. Mais elle peut aussi se retourner contre lui si les résultats ne suivent pas.

Dire qu’on a la meilleure brigade défensive de la LNH, c’est s’exposer. C’est inviter la critique. C’est défier l’opinion publique et les chiffres.

Mais c’est aussi, et surtout, refuser la peur. Martin St-Louis a choisi son camp : celui de l’audace.

Reste maintenant à ses défenseurs de lui donner raison.