Bombe médiatique à Brossard: Arber Xhekaj la vedette du camp d'entrainement

Bombe médiatique à Brossard: Arber Xhekaj la vedette du camp d'entrainement

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-18

Il y a des jours où tout le discours médiatique bascule. Aujourd’hui à Brossard, c’est arrivé.

Eric Engels  a lâché une phrase qui a résonné comme une bombe: « He’s flying out there. »

Le joueur qui, selon lui, se démarque le plus au camp du Canadien en ce moment… n’est ni Demidov, ni Kapanen, ni même Beck.

C’est Arber Xhekaj.

Oui, le Shérif. Celui qu’on disait menacé par la congestion, fatigué par les critiques, dépassé par les jeunes qui poussent.

Aujourd’hui, il a patiné comme si sa carrière dépendait de chaque foulée. Et quelque part, c’est peut-être le cas.

Depuis un an, la relation entre Xhekaj et Martin St-Louis est tout sauf tranquille. Le coach répète qu’il « aime » son défenseur, mais chaque entrevue contient une petite pique. « Je sais que son gros atout est d’être physique, mais parfois si tu cherches seulement ça, tu vas te sortir du jeu. »

Traduction : joue autrement. Sois quelqu’un d’autre.

Sauf qu’Arber n’a jamais été quelqu’un d’autre. Son identité, c’est d’être robuste, spectaculaire, émotif. C’est pour ça que la foule l’adore. C’est pour ça qu’il est devenu un personnage public, au point de tourner des pubs pour La Belle et la Bœuf.

Mais cette identité, elle lui a aussi coûté cher. Chaque pénalité, chaque “overhit”, chaque erreur de positionnement a été sanctionnée l’an dernier par une mise au banc immédiate. St-Louis lui a enlevé la confiance qu’il prétendait lui donner devant les caméras.

Et pendant ce temps, la ligne bleue s’est remplie à gauche. Guhle est intouchable. Hutson débarque comme la coqueluche. Matheson reste le vétéran chouchou. Struble a gagné sa cause à l’arbitrage. Engström a explosé au printemps. Même son frère Florian commence à gruger de l’attention.

Dans ce contexte, on disait Arber condamné.

Puis Owen Protz est arrivé comme une comète au tournoi des recrues. Le “nouveau shérif en ville”. Chaque présence se terminait par une mise en échec meurtrière. TVA Sports parlait d’un gars “qui joue pour blesser”. Grant McCagg le décrivait comme “un tank prêt plus vite que prévu”.

Et dans les gradins, les caméras montraient Xhekaj, sourire crispé, regard inquiet.

Beaucoup y ont vu l’image d’un règne qui s’effondre.

Le Shérif menacé par un adjoint plus jeune, plus discipliné, moins coûteux.

Jayden Struble lui-même est passé sous le couperet médiatique : avec Protz qui débarque, c’est lui qui devient la cible idéale pour une transaction.

Et puis, il y a Adam Engström. Le Suédois élégant, applaudi par Pascal Vincent pour son intelligence et sa constance. « Dominant », « spectaculaire », disait-il en séries. Intouchable, même si Pittsburgh venait cogner à la porte en parlant de Crosby. Quand un coach comme Vincent répète qu’“un joueur peut graduer trop vite, mais jamais trop tard”, le message est clair : Engström incarne l’avenir.

Alors pourquoi Engels dit-il aujourd’hui que c’est Xhekaj qui impressionne le plus?

Parce que dans la jungle qu’est devenue la gauche défensive du CH, le Shérif refuse de se laisser effacer.

Il patine avec rage. Il frappe avec précision. Il multiplie les séquences où il impose sa présence, mais sans tomber dans les erreurs bêtes qui lui coûtaient sa place. Engels n’a pas inventé son commentaire. Il a observé un joueur qui, malgré toute la pression, répond sur la glace.

C’est là que le drame prend forme. On a un entraîneur qui veut le reformater. On a une organisation qui aligne trop de gauchers. On a des jeunes qui cognent à la porte plus fort que jamais. Et on a un vétéran de 24 ans qui refuse de céder son étoile de shérif.

Les images de la pratique d’aujourd’hui parlent d’elles-mêmes. Xhekaj, plus rapide, plus engagé, plus concentré. Ses coéquipiers le sentent. Chaque duel en coin devient un rappel : ce gars-là n’est pas prêt à mourir. Pas encore.

Est-ce suffisant pour convaincre St-Louis de lui redonner un vrai rôle?

Rien n’est moins sûr.

Parce que le problème de confiance n’est pas que sur la glace. Il est dans les bureaux. Dans la perception. Dans l’équilibre fragile entre performance et marketing.

St-Louis n’a jamais digéré que Xhekaj fasse des publicités pendant que d’autres s’entraînaient en silence. Il n’a jamais aimé que son surnom devienne un symbole populaire échappant à son contrôle. Le coach veut des soldats, pas des vedettes virales.

Mais les performances de camp, elles, ne mentent pas.

Et si Engels dit vrai, c’est aujourd’hui qu’Arber Xhekaj a commencé à réécrire sa propre histoire.

La saison ne fait que commencer, mais déjà les lignes de front sont tracées. Hutson et Guhle seront protégés à tout prix. Engström est intouchable. Protz, à seulement 19 ans, frappe déjà comme un vétéran. Struble risque de servir de monnaie d’échange. Matheson reste un pilier temporaire.

Et au milieu de ce chaos, Xhekaj rappelle qu’il n’est pas qu’un figurant de plus.

À Montréal, les guerres de position se jouent autant dans les coins de patinoire que dans les colonnes des insiders. Aujourd’hui, Engels a pris le parti d’Arber. « He’s flying out there. »

C’est plus qu’une observation. C’est un verdict. Le Shérif n’est pas encore destitué.

Il vole encore.

Mais pour combien de temps?

C’est toute la question.

Et c’est exactement ce qui rend ce camp d’entraînement si fascinant.