Ça commence à ressembler à une chute sans fin pour Jesperi Kotkaniemi.
Une autre tuile, une autre embûche, un autre signe que sa carrière est en train de prendre une direction dont personne ne rêvait le soir où il a été repêché troisième au total par Montréal.
Hier soir à Vancouver, tout semblait pourtant banal. Une présence comme une autre, un tir bloqué comme il en a bloqué mille.
Mais cette fois, ça n’a pas pardonné.
Rod Brind’Amour a confirmé que Kotkaniemi souffre d’une blessure à la cheville, mais impossible de savoir encore si c’est une entorse, une fracture ou quelque chose d’encore plus vicieux.
Ce flou-là, chez un joueur déjà fragile mentalement et hockeyistiquement, ce n’est jamais bon signe.
Et c’est là que ça devient dur à regarder. Parce qu’avant même cette blessure, la saison de Jesperi était déjà en lambeaux.
Trois buts, deux passes en quinze matchs.
Moins de onze minutes de temps de jeu. Healthy scratch à deux reprises en octobre.
Le genre de réalités qui disent tout sans qu’on ait besoin d’une citation de l’entraîneur : Brind’Amour n’a plus confiance en lui.
Et quand un coach comme Brind’Amour ne croit plus en toi, tu ne restes pas longtemps dans la rotation.
On remonte la cassette et ça fait presque mal. 43 points en 82 parties il y a trois ans.
27 points l’année suivante.
33 points la saison passée.
Toujours la même courbe. Toujours le même plafond. Toujours un sentiment d’inachevé.
Kotkaniemi n’a jamais pu s’imposer, ni comme centre offensif, ni comme colosse défensif, ni comme joueur d’énergie.
Et un joueur qui flotte entre les rôles finit toujours par se retrouver dehors quand les choses tournent mal. Aujourd’hui, ce rôle-là n’existe plus.
Le hockey moderne n’a plus de place pour les “peut-être”, les “si seulement”, les “il faudrait qu’il se trouve”.
Et cette blessure risque d’être plus lourde qu’on pense. Parce que s’il s’agit d’une fracture — et oui, c’est une possibilité réelle, Kotkaniemi pourrait rater plusieurs semaines, voire quelques mois.
On n’a qu’à regarder Alex Newhook : quatre mois d’absence pour une blessure semblable. Et dans le cas de Jesperi, l’absence risque d’être encore plus cruelle.
Il ne ratera pas seulement des matchs… il ratera une chance de sauver ce qui reste de sa place dans cette équipe.
À 25 ans, ce n’est plus un prospect. Ce n’est plus un projet. Ce n’est plus un pari. C’est censé être un joueur établi.
Mais quand ton entraîneur te donne dix minutes par soir, quand tu es remplacé au centre par des recrues, quand tu deviens la cinquième option sur l’avantage numérique, quand même les journalistes en Caroline ne savent plus trop comment te défendre… tu sais que le fil est mince.
Et c’est ça qui rend cette blessure encore plus inquiétante. Ce n’est pas seulement une cheville meurtrie. C’est une carrière qui vacille. Un statut qui s’effrite. Une confiance qui fond.
On ne parle plus ici de déception locale ou de frustration montréalais.
On parle d’un joueur qui, lentement mais sûrement, est en train de sortir du portrait d’une équipe qui vise la Coupe Stanley maintenant.
Les Hurricanes n’ont plus le luxe d’attendre. Ils n’ont plus de patience à investir.
Ils ont besoin de joueurs qui produisent, qui dérangent, qui montent le ton. Ils ont besoin de Seth Jarvis, pas de Kotkaniemi.
Et ce n’est pas un hasard si Jarvis, lui aussi blessé hier, a été immédiatement identifié comme “ne devrait pas être absent trop longtemps”, alors que Kotkaniemi, lui, a droit à un “on verra”.
Le langage des entraîneurs est parfois brutal. Mais il dit toujours la vérité.
Dans un monde idéal, Jesperi Kotkaniemi reviendrait fort, motivé, transformé. Il profiterait du repos forcé pour réinitialiser sa saison. Mais le hockey n’est pas un conte.
Et la réalité des Hurricanes est encore plus claire que celle du Canadien : si tu ne livres pas, quelqu’un d’autre va prendre ta place.
Et ce quelqu’un-là est déjà prêt, déjà disponible, déjà meilleur.
La blessure est inquiétante. Mais ce qui l’est encore plus, c’est ce qu’elle révèle. Une carrière qui se cherche. Un joueur qui glisse. Un entraîneur qui ne croit plus. Une équipe qui n’attend plus.
Et une question qui commence, tranquillement, à ne plus être taboue :
Et si la carrière de Jesperi Kotkaniemi était en train de s’effriter pour de bon?
Misère...
