Bill Guérin sur la corde raide : Montréal a verrouillé l’accès à Marco Rossi

Bill Guérin sur la corde raide : Montréal a verrouillé l’accès à Marco Rossi

Par André Soueidan le 2025-08-13

Bill Guérin sur la corde raide, ce n’est pas juste une image. C’est la réalité brute d’un DG qui regarde son joueur vedette lui demander la lune… et qui se rend compte que le marché est aussi mort qu’un mardi après-midi à Trois-Rivières.

Frank Seravalli l’a résumé sans maquillage : Rossi? On pourrait lui donner un petit contrat de deux ans à six millions par saison, juste pour repousser le problème et ne pas bloquer une éventuelle transaction.

Traduction libre : on ne sait pas quoi faire avec lui, on va le parquer le temps de trouver un pigeon.

Mais le Canadien de Montréal? Il n’est pas dans cette catégorie-là.

Même pas proche. Parce que Kent Hughes, lui, la réponse est déjà prête depuis des jours : non.

Pas aujourd’hui, pas demain, pas jamais. On a déjà jeté la clé. Et Guérin peut bien faire tous les beaux yeux du monde, la porte reste barrée.

Ce n’est pas une question de talent pur. Rossi sort de sa meilleure saison, 60 points, 24 buts, un choix de premier tour en 2020.

Sur papier, c’est beau. Mais sur la glace, quand les séries commencent et que la patinoire rétrécit, c’est un autre film.

Et ce film-là, à Montréal, on l’a vu trop souvent. Petit joueur talentueux, joli coup de patin, vision créative… mais qui disparaît dès que les mises en échec deviennent personnelles.

Rossi, c’est ça. Quatrième trio en séries, 11 petites minutes de glace, incapable de s’imposer au centre.

Quand t’es derrière Joel Eriksson Ek, Ryan Hartman et Frédérick Gaudreau, tu ne peux pas venir te vendre comme un futur centre numéro un. Surtout pas à 7 millions par année.

Oui, 7 millions. C’est ce que Rossi vise.

Même des gars qui produisent 80 points par saison depuis trois ans ne sont pas tous rendus là.

Jesper Bratt, Jordan Kyrou… eux, ils l’ont mérité.

Rossi, lui, a une seule saison complète dans le corps et déjà il se place dans le même rayon que les top guns de la ligue.

Bill Guérin peut bien se dire qu’il va lui signer un petit « bridge deal » pour mieux le passer au suivant… mais encore faut-il trouver un suivant. Et c’est là que ça coince. Parce qu’à Montréal, ce ne sera pas nous.

Hughes l’a compris : les joueurs de petit gabarit au centre, ça finit toujours par se faire neutraliser en séries. Ce n’est pas une opinion, c’est une statistique.

Sur les 96 centres du top-3 des équipes cette saison, un seul mesurait moins de 5’10. Rossi.

Et il n’a pas eu l’impact d’un centre de top-6 capable de faire la différence.

Montréal a déjà son petit phénomène en Cole Caufield. Mais Caufield est ailier. Il peut se faufiler, éviter le gros contact au centre de la glace.

Un centre, lui, doit gagner ses batailles partout, absorber les coups, et faire reculer l’adversaire juste par sa présence. Rossi, même costaud pour sa taille, n’a pas cette aura.

À Brossard, on construit pour avril. Pas pour le mois de novembre contre San Jose.

Hughes veut des joueurs qui encaissent un coup et qui en redonnent deux fois plus fort.

Il sait que son noyau offensif compte déjà Caufield, Lane Hutson et Ivan Demidov ... tous talentueux, mais qui ne vont pas gagner un concours de robustesse.

Le quota de « petits habiles » est rempli. Ajouter Rossi là-dedans, c’est bâtir une équipe qui va séduire en saison régulière… et s’effondrer au printemps.

Ce qui rend la situation encore plus croustillante, c’est l’air désespéré de Bill Guérin dans tout ça.

On le voit venir avec ses arguments : « Il est jeune! Il est productif! C’est un ancien choix top-10! » Et Hughes qui, de l’autre côté, écoute poliment, mais pense déjà à son prochain café.

Les rumeurs avaient déjà commencé à Montréal, mais Hughes les a écrasées avant même qu’elles prennent racine. Pas d’offre, pas de discussion, pas d’intérêt.

Point final. Rossi pourrait être gratuit qu’il trouverait le moyen de dire non, juste pour éviter de surcharger son alignement avec un profil qui ne cadre pas avec sa vision.

Et c’est là que Frank Seravalli met le doigt sur le bobo. Ce fameux 2x6 millions… c’est la version DG du « on va rester amis ».

On repousse le vrai problème, on garde la vitrine propre, mais on sait qu’on ne se mariera jamais.

Guérin espère qu’une équipe se laissera tenter par le côté flashy des stats de Rossi… mais pas Montréal.

Pas Hughes. Lui attend le gros poisson. Le centre robuste, fiable, qui va faire mal aux adversaires en séries. Et il est prêt à patienter.

Parce que dans ce bras de fer, c’est celui qui peut attendre le plus longtemps qui gagne toujours.

Pendant ce temps, le Wild est coincé. Leur marge de manœuvre est limitée, leur masse salariale est serrée, et leur fenêtre de compétition n’est pas en train de s’élargir.

Rossi est supposé être une pièce centrale pour leur avenir… mais lui-même semble déjà avoir un pied dehors.

Quand tu refuses 25 millions sur 5 ans pour viser le jackpot immédiat, c’est rarement parce que tu rêves de finir ta carrière au même endroit.

Et Guérin le sait. C’est pour ça qu’il commence à sonder le marché. Mais il réalise vite que la liste des acheteurs potentiels est courte.

Et que les équipes qui ont l’espace et le besoin ... comme Montréal ... ont aussi des standards élevés.

Ce n’est pas comme si Hughes n’avait jamais pris un risque.

Mais il ne prend pas n’importe lequel. Rossi, c’est un risque prévisible : petit centre, exigences salariales élevées, et un profil qui ne colle pas à la philosophie actuelle du CH.

On a vu ça avec David Desharnais, Charles Hudon, Saku … des gars adorables, courageux, capables de produire… jusqu’au moment où le hockey devient brutal.

Et là, tout s’effondre. Hughes veut briser ce cycle. Il ne va pas retomber dans les mêmes travers juste parce qu’un joueur est « disponible ».

Au final, c’est presque cruel, mais c’est la réalité. Guérin est en train de jouer une partie de poker avec un jeu faible. Rossi peut bien sortir de sa meilleure saison, il n’a pas prouvé qu’il pouvait dominer quand ça compte vraiment.

Et son DG le sait.

Alors il tente de lui coller un petit contrat temporaire, en espérant trouver une issue plus tard.

Mais à Montréal, cette porte est scellée. Pas de négociation, pas de conditionnel. Kent Hughes a d’autres cibles, d’autres priorités, et un plan clair. Et ce plan ne passe pas par Marco Rossi.

Alors oui, Bill Guérin est sur la corde raide. Parce que quand un DG commence à jongler avec ses actifs comme ça, c’est rarement bon signe.

Il veut éviter de perdre son joueur pour rien, mais il sait aussi qu’un gros contrat à Rossi pourrait lui exploser au visage.

Et sans acheteur à l’horizon, il risque de rester coincé avec un joueur frustré, un vestiaire qui se pose des questions et un marché qui sait très bien qu’il est dans une position de faiblesse.

Et à Montréal, on regarde ça avec un petit sourire en coin. Parce que dans ce genre de situation, celui qui ne bouge pas a toujours l’avantage.

Et c’est là que tout prend son sens : Bill Guérin sur la corde raide, ce n’est pas juste une expression.

C’est un DG qui tente de jongler avec un dossier qui brûle, pendant que Kent Hughes, lui, garde ses mains propres… et ses options ouvertes.

Rossi ne viendra pas à Montréal. Pas aujourd’hui. Pas demain. Pas jamais. Et pour Hughes, c’est ça qui compte.

AMEN