Bagarre sur la glace: Martin St-Louis voit rouge

Bagarre sur la glace: Martin St-Louis voit rouge

Par Marc-André Dubois le 2025-07-30

C’est une scène aussi surréaliste que troublante pour Martin St-Louis qui s’est jouée cette semaine au tournoi de golf d’Alex Newhook.

Un moment festif, organisé dans un contexte bon enfant, qui a donné lieu à des déclarations pour le moins dérangeantes… du moins si vous êtes le coach du CH et que vous tentez tant bien que mal de bâtir une culture de responsabilité, de discipline et de respect au sein du Canadien de Montréal.

Car ce qui s’est produit sur scène entre Arber Xhekaj et Jakub Dobes ne relève plus de la simple anecdote savoureuse.

Non. C’est un aveu public d’avoir semé volontairement le bordel, d’avoir déclenché une bagarre de séries à l’aide de provocations préméditées, et pire encore : les deux principaux intéressés s’en sont vantés avec le sourire aux lèvres, devant caméras et spectateurs médusés.

Rappelons les faits. Le 21 avril dernier, au Centre Bell, lors du match numéro trois entre le Canadien et les Capitals de Washington, une bagarre générale éclate aux abords du banc montréalais.

La séquence est d’une rare intensité. Tom Wilson et Josh Anderson en viennent aux coups, les bancs se vident presque, l’anarchie règne pendant plusieurs minutes.

À l’époque, on y voyait un simple débordement d’émotions en séries. Du hockey d’hommes, de la testostérone à l’état brut, comme on dit.

Mais cette semaine, la vérité est sortie, directement de la bouche des protagonistes. Et elle fait mal.

Lors de la table ronde avec Chris Nilan, Jayden Struble, Michael Pezzetta, Alex Newhook et sa sœur Abby, Xhekaj et Dobes ont levé le voile sur ce qui s’est réellement passé ce soir-là. Et c’est là que tout bascule.

« Doby se tenait tout près de leur banc, et il criait des bêtises à chaque gars qui sautait sur la glace », a raconté Arber Xhekaj.

« Et c’est comme ça que la bagarre au banc a commencé », a-t-il ajouté, presque fier de l’effet déclencheur.

Voici l'extrait vidéo en question:

Dobes lui-même a confirmé l’histoire, sans la moindre gêne :

« Je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit de si terrible… Je ne comprends pas. »

Puis, le moment le plus embarrassant de l’échange pour Martin St-Louis :

« Ce serait une très mauvaise idée de me mettre un micro pendant un match, parce que je dis de mauvaises choses sur la glace », a confié Dobes avec un sourire complice.

Et le clou du spectacle? Il a même affirmé qu’il souhaitait le retour des bagarres de gardiens dans la LNH, disant même avoir un adversaire en tête… qu’il a finalement choisi de ne pas nommer. À voir dans l'extrait vidéo suivant:

Dans un contexte d’équipe où Martin St-Louis répète depuis trois ans vouloir bâtir une culture « où les joueurs savent pourquoi ils sont sur la glace, où ils agissent comme des pros », voir deux jeunes membres de l’organisation se glorifier d’avoir semé la zizanie est tout simplement honteux pour le coach.

C’est un fait connu dans l’entourage du Canadien : Martin St-Louis n’a jamais été un grand admirateur de la théâtralité d’Arber Xhekaj dans les médias. 

Quand ce dernier avait défié Ryan Reaves avec arrogance, un vétéran redouté et respecté dans la LNH, St-Louis l’avait mal digéré. Il ne voulait pas d’un joueur qui cherchait les projecteurs ou qui lançait des lignes baveuses dignes de la WWE.

Qu’on se comprenne : Martin St-Louis n’est pas un moine zen. Il comprend que l’émotion fait partie du jeu. Il accepte l’intensité, la rivalité, le feu sacré. Mais ce qu’il refuse, c’est l’indiscipline gratuite, le chaos prémédité, l’arrogance d’un mauvais leader.

Il déteste les bagarres... et l'arroagance.

Et ici, soyons clairs : c’est exactement ce qu’on a vu.

Dobes n’a pas simplement crié sur le banc adverse. Il a provoqué délibérément, sans égard pour les conséquences, sans penser à la sécurité de ses coéquipiers.

Et quand son tour est venu d’entrer dans le match suite à la blessure de Montembeault? Il a récolté ce qu’il avait semé.

Et Xhekaj, au lieu de calmer le jeu, au lieu de jouer le rôle du vétéran, a amplifié la situation. Il s’en vante aujourd’hui, comme s’il venait de réaliser un coup d’éclat.

Imaginez Martin St-Louis. Lui qui prône la responsabilité individuelle, la maturité émotionnelle, l’engagement au collectif. Lui qui, dans chacune de ses entrevues, martèle que « tout est une question de standards élevés ».

Lui, doit se sentir trahi. Et humilié.

Ces déclarations publiques mettent à mal son message. Elles le décrédibilisent. Elles le placent dans une posture intenable : comment exiger la rigueur en salle vidéo, quand tes joueurs s’amusent à raconter qu’ils ont créé de la marde devant le public?

Jusqu’ici, le Canadien n’a pas commenté les déclarations. Martin St-Louis non plus.

Mais il ne faut pas se leurrer : le message va passer. Et il passera fort.

Car ce genre de comportement, aussi léger semble-t-il en surface, peut miner la culture d’équipe. Peut créer un précédent. Peut nuire à la crédibilité du leadership. Et surtout, peut ouvrir la porte à des frictions dans un vestiaire déjà ultra compétitif, notamment à la ligne bleue.

Rappelons-le : la défensive du CH est déjà en ébullition. Entre le contrat de Struble qui a créé la controverse car il est mieux payé que Xhekaj, les rumeurs autour du shérif, la poussée d’Engstrom, l’arrivée de Dobes, le statut de Matheson… il ne manquait plus que cette sortie déplacée pour envenimer la chose.

Dobes veut prendre de la place. Xhekaj veut conserver la sienne. Struble veut gagner du galon. Tout le monde veut monter dans la hiérarchie.

Et dans un tel contexte, les déclarations à l’emporte-pièce ne sont pas juste « cocasses ».

Elles sont crampante pour le public.

Elles sont inacceptables pour Martin St-Louis.

Dans une autre organisation, peut-être que ces propos seraient passés inaperçus.

Mais pas à Montréal.

Et surtout, pas dans l’équipe de Martin St-Louis, un entraîneur qui a bâti toute sa crédibilité sur la rigueur, le professionnalisme et la discipline.

Voir deux de ses joueurs se vanter publiquement d’avoir créé le chaos, d’avoir « mis le feu », d’avoir « semé la m... », c’est un affront public pour le coach,

Et à moins que le message passe très clairement dans les prochaines semaines, c’est une faille qui pourrait devenir une fissure.

Car dans une organisation qui veut aspirer aux grands honneurs, on ne glorifie pas le bordel.

On l’évite.

Et surtout… on s’en excuse.