Bagarre à mains nues à Brossard: Samuel Blais et Florian Xhekaj font la manchette

Bagarre à mains nues à Brossard: Samuel Blais et Florian Xhekaj font la manchette

Par Marc-André Dubois le 2025-07-18

Il y a des rivalités qui naissent naturellement. D’autres, qu’on cultive dans l’ombre. Et il y a celles qui explosent, qui brûlent tout sur leur passage et qui transforment un camp d’entraînement en champ de bataille. C’est exactement ce qui est en train de se passer chez le Canadien de Montréal.

À la base, c’était simple : Florian Xhekaj, frère cadet d’Arber, devait incarner la relève robuste du Tricolore. Le futur shérif. Celui qui allait protéger les petits joueurs, faire peur dans les coins, et perpétuer la légende des « tough guys » montréalais. Il était dans les plans. Il faisait partie du récit. Il avait un ticket pour le show.

Mais ce ticket, Samuel Blais vient de le lui arracher.

À 29 ans, Samuel Blais n’a plus rien à prouver. Champion de la Coupe Stanley avec les Blues. Respecté dans tous les vestiaires. Redouté sur toutes les patinoires. Et maintenant, muni d’un contrat à sens unique de 775 000 $, il débarque à Montréal avec un objectif clair : reprendre un poste qu’il considère déjà comme le sien.

Il ne vient pas jouer les figurants. Il ne vient pas donner des conseils à Laval. Il vient pour frapper. Pour déranger. Pour casser du monde dans les bandes.

Exactement ce qu’on attendait de Florian.

Le choc des titans est inévitable.

Florian Xhekaj n’est pas un joueur comme les autres. Il est le frère d’Arber, il a grandi dans la même rage, la même école de la bagarre, les mêmes codes de loyauté. Il n’a jamais craint personne. Mais là, il se heurte à un mur.

Samuel Blais n’est pas juste un adversaire. C’est une menace existentielle. Une prise de pouvoir brutale, une tentative d’extinction de la dynastie Xhekaj. Et ça, Florian ne le digère pas.

Tout le monde dans l’organisation le sent : les deux joueurs vont devoir s’affronter. Pas seulement à coups d’épaule. Mais à coups de fierté. À coups de genoux en zone restreinte. À coups de regards assassins dans le vestiaire.

Il faut le rappeler : Martin St-Louis a déjà imposé une règle très claire. Il est hors de question que des joueurs de l’organisation se battent entre eux lors du camp d’entraînement.

« Il n’y aura pas de combats entre coéquipiers, point final. »

Mais ce qu’il ne comprend peut-être pas, c’est que cette interdiction est une poudrière. Il va suffir d'une simple étincelle pour faire tout exploser.

Soyons honnêtes : il n’y a qu’une seule façon de vraiment savoir qui est le véritable homme fort du Canadien. Une seule manière de départager les deux aspirants au rôle de shérif du vestiaire. Et cette manière, c’est de les voir jeter les gants.

Florian contre Blais. Poing contre poing. 

L'interdiction de Martin St-Louis va-t-elle amener des coups vicieux?

Car ces deux hommes sont des gladiateurs. Des joueurs qui s’affirment par la violence. Des hommes de guerre. Et tu ne retiens pas deux loups dans une cage avec un cadenas.

Ils vont vouloir régler ça. Sur la glace. Dans les coins. Dans les drills de un contre un. Ça va frapper sale. Ça va déraper. Il y aura des bâtons qui monteront trop haut, des épaules trop basses, des mises en échec trop tardives. Il n’y aura peut-être pas de bagarre à mains nues… mais il y aura des dommages.

Et voilà que Logan Mailloux, fraîchement échangé aux Blues de Saint-Louis en retour de Zachary Bolduc, met son grain de sel. En entrevue avec Tony Marinaro sur le Sick Podcast, il n’a pas hésité à donner son opinion sur son ancien coéquipier Florian Xhekaj :

« J’aimerais le voir dans la LNH dès cette saison. »

Une phrase lourde de sens. Car Mailloux, qui n’a rien dit sur Samuel Blais, envoie ici un message clair : son cœur est avec la famille Xhekaj. Il croit au petit frère. Il croit que c’est lui qui devrait obtenir le poste.

Et pour Florian, cette prise de position est une bouffée d’oxygène. Un rappel qu’il n’est pas seul. Que certains dans l’organisation, ou à l’extérieur, croient encore à sa place légitime dans le grand club.

Mais pendant que Florian se bat pour sa survie, Arber Xhekaj vit son propre cauchemar.

Placé sur le banc lors des séries contre Washington. Écarté des alignements projetés de The Athletic et DailyFaceoff. Dépeint comme un joueur en trop. Traîné dans toutes les rumeurs de transaction. Ciblé dans les négociations pour faire venir un 2e centre.

Pire encore : sa relation avec Martin St-Louis est glaciale. Ils ne se parlent plus. Ils ne se regardent plus. La fracture est ouverte.

Le point de rupture? Un voyage à Columbus. Trois matchs passés au banc. Une demande d’explication. Une réponse cinglante : « Tu dois comprendre le moment. » Depuis ce jour, plus rien ne va.

Et puis l’humiliation publique. L’épisode du cheeseburger. Cette fameuse réponse de St-Louis :

« Moi, je préfère les gars qui restent humbles. »

Une flèche lancée à la figure d’Arber. U

La pire offense est venue plus tard. Lorsqu’Arber, questionné sur son surnom de « shérif », a nié en direct que ce surnom ait jamais été utilisé.

« Personne ne m’a jamais appelé comme ça dans la chambre. »

Un mensonge. Une trahison. Comme s’il rejetait ce qu’il était. Comme s’il crachait sur l’identité même qui avait fait de lui un chouchou du Centre Bell.

Et ça, dans l’univers de la LNH, c’est impardonnable.

Martin St-Louis prône la transparence, l’honnêteté, l’authenticité. Ce qu’il a vu ce jour-là, c’est un joueur qui ne veut plus se battre. Qui renie son essence. Qui fuit le combat.

Tout ce contexte ajoute de la tension à la guerre imminente entre Blais et Florian. Car pour Florian, ce n’est pas juste une question de poste. C’est une question de nom. Une question de réputation. Une question de vengeance.

Il veut sauver l’honneur de la famille. Il veut montrer que les Xhekaj ne sont pas finis. Il veut frapper fort. Frapper souvent. Frapper juste.

Mais Blais ne reculera pas. Il a déjà connu les vraies batailles. Il a déjà livré des guerres pour se tailler une place dans une LNH sans pitié. Il n’est pas venu à Montréal pour se faire marcher dessus par un jeune au nom bruyant.

Ce qui rend cette rivalité encore plus explosive, c’est que la LNH tente aujourd’hui d’effacer les goons de son vocabulaire. Moins de bagarres. Moins de coups de poing. Moins de sang sur la glace.

Mais dans les coulisses, tout le monde sait que ces gars-là sont encore nécessaires. Dans les séries. Quand ça brasse. Quand tu dois répondre.

Et le CH devra faire un choix. Qui gardera-t-il comme chien de garde?

Le vétéran établi, Samuel Blais, qui a tout vu, tout vécu, et qui ne pardonne rien? Ou le jeune loup affamé, Florian Xhekaj, qui veut venger son frère, honorer son nom, et prouver qu’il n’est pas là juste parce qu’il s’appelle Xhekaj?

Martin St-Louis pourra interdire les bagarres tant qu’il veut. Il pourra faire des discours sur l’esprit d’équipe, la discipline, le professionnalisme.

Mais il ne pourra pas empêcher la nature de suivre son cours.

Florian Xhekaj et Samuel Blais sont faits du même métal. Des durs. Des sales. Des gars qu’on entend avant qu’ils frappent.

Et quand viendront les matchs préparatoires, quand les bandes vibreront, quand les regards croiseront les gants, une seule question restera :

Qui régnera dans la jungle montréalaise?

Car il ne pourra pas y en avoir deux.