Quand Kent Hughes est sorti de la réunion des directeurs généraux à Toronto, il avait le sourire tranquille de celui qui n’a rien à prouver et tout le temps devant lui.
Le Canadien trône au sommet de la division Atlantique, Kirby Dach renaît, Oliver Kapanen explose, la ligne bleue tient bon malgré la blessure de Kaiden Guhle, et Martin St-Louis a une équipe qui joue avec maturité.
Pendant ce temps, Doug Armstrong, directeur général des Blues de Saint-Louis, panique. Sa défensive est une passoire, son pari sur Logan Mailloux s’effondre déjà, et sa seule solution semble être de tenter une transaction en catastrophe.
Ce n’est pas pour rien que Brayden Schenn, capitaine vieillissant des Blues, vient d’être discrètement offert sur le marché.
À 34 ans, avec un contrat de 6,5 millions de dollars qui court jusqu’en 2028, Schenn représente une de ces options typiques qu’un DG désespéré tente de refiler à un collègue qui a besoin d'un centre d'expérience.
Mais Hughes n’est pas né de la dernière pluie. Et ce n’est surtout pas pour faire plaisir à Armstrong qu’il sacrifiera un défenseur jeune et prometteur comme Kaiden Guhle, même dans un contexte où Guhle reste fragile physiquement et au cœur de plusieurs rumeurs.
En coulisse, plusieurs sources confirment que des discussions soutenues ont eu lieu entre Hughes et Armstrong à Toronto.
Les deux hommes ont même partagé le même vol en direction du Centre Bell, où les Kings vont affronter le Canadien.
Étant le DG d'Équipe Canada, Armstrong veut épier Nick Suzuki, Samuel Montembeault et Noah Dobson.
Mais parios que son objectif est aussi de jaser avec Kent Hughes le plus longtemps possible. Quoi de mieux qu'un aller Toronto-Montréal?
À bord, les conversations doivent être faites dans le blanc des yeux... avec une certaine tension dans l'air...
Armstrong sait que sa formation est au bord de l’effondrement.
Avec 63 buts accordés en seulement quelques semaines, Saint-Louis figure parmi les pires défensives de la LNH. Et ce, malgré les efforts estivaux pour rebâtir cette brigade, notamment l’acquisition de Logan Mailloux dans l’échange qui a envoyé Zachary Bolduc à Montréal.
Mailloux, rappelons-le, a été renvoyé dans la Ligue américaine après un début de saison catastrophique. Loin de répondre aux attentes, il a affiché un différentiel négatif et une nervosité constante.
Armstrong commence à comprendre que son pari n’a pas fonctionné. Et pendant que sa défensive s’écroule, l’attaque est muette.
Jordan Kyrou, censé être une pierre angulaire, a été laissé de côté par Jim Montgomery la semaine dernière, dans un geste d’autorité qui a semé le doute sur la stabilité interne du vestiaire.
Armstrong appelle donc partout. Il veut du renfort. Il veut surtout un jeune défenseur pour réparer son échec. Et il pense que Montréal est un bon partenaire de danse.
Le nom de Brayden Schenn a donc commencé à circuler. Avec sa clause partielle de non-échange (15 équipes listées), il est plus facile à bouger que d’autres gros contrats.
Mais à 34 ans, Schenn a entamé une pente descendante évidente. Il ralentit, ses statistiques sont en baisse, et il ne joue plus avec la même énergie qu’à ses grandes années.
Surtout, son contrat est un poids mort. Il touche 6,5 millions de dollars par saison jusqu’en 2028, ce qui signifie qu’il aura 36 ans lorsque ce boulet expirera.
Et Armstrong aurait eu le culot de demander Kaiden Guhle en retour. Une demande qui a fait hausser les sourcils jusque dans le bureau de Jeff Gorton.
Car si Montréal n’a pas voulu donner Guhle pour Jordan Kyrou (un joueur jeune, explosif, signé à long terme(, il est hors de question que Guhle serve de monnaie d’échange pour un vétéran surpayé qui ne cadre même pas dans le plan d’avenir du club.
D’autant plus que Guhle est un défenseur rare, avec des qualités indéniables : un défenseur mobile, capable de jouer à gauche ou à droite, d’encaisser des minutes difficiles, et encore sous contrat à prix raisonnable (5,5 M$ pour six ans).
Oui, Guhle est fragile. Oui, son nom circule dans des rumeurs impliquant Jordan Kyrou ou Robert Thomas. Mais l’idée de le sacrifier pour Brayden Schenn ne tient pas la route.
Ce qui rend la position de Hughes si forte sur le marché des transaction, c’est le rendement inattendu de deux centres. Oliver Kapanen, d’abord, est en train de redéfinir le plafond des attentes.
Meilleur buteur chez les recrues de la LNH, joueur fiable à 5 contre 5 et même en infériorité numérique, il complète un trio redoutable avec Newhook et Demidov. On lui avait prédit une transition lente, il s’impose déjà comme un deuxième centre légitime en tant que plan B.
Puis vient Kirby Dach. Longtemps considéré comme un jeune joueur fini à la corde, l’Albertain connaît sa meilleure séquence depuis son arrivée à Montréal : quatre buts et une passe en cinq matchs.
Mais plus encore que les points, c’est sa manière de jouer qui impressionne. Présent physiquement, impliqué défensivement, effectuant des replis défensifs impressionnants, Dach montre enfin ce que Hughes avait vu en lui au moment de l’échange avec Chicago.
Ces deux surprises baissent considérablement le besoin d’aller chercher un autre centre. Et c’est pourquoi Hughes peut maintenant regarder des offres comme celle pour Brayden Schenn avec un sourire qui refuse, sans céder à la panique.
La ligne de centre tient. Et si un renfort est nécessaire, ce sera pour un joueur qui s’inscrit dans la vision d’avenir, pas pour un vétéran surpayé au bout du rouleau.
Pendant que Hughes demaure calme, Armstrong se retrouve seul et en panqiue. Ses options sont minces. Il doit absolument obtenir un jeune défenseur établi. Mais il n'a pas grand-chose à offrir.
Il doit sacrifier Jordan Kyrou et même là, le CH ne veut pas l'attaquant des Blues pour Guhle.
La seule façon que le défenseur du CH prenne le chemin de St-Louis... est dand un package deal pour Robert Thomas...
Reste donc la solution facile : envoyer Brayden Schenn quelque part. Mais ce quelque part ne sera pas Montréal. Car Hughes a un luxe qu’Armstrong n’a plus : le temps. Et la patience. Le DG du CH l’a rappelé à Toronto :
« Plus on a du temps, plus on aura d’informations sur notre équipe. » Et chaque match qui passe lui donne davantage raison.
Le CH pourrait bouger. Mais ce ne sera pas pour faire une faveur aux Blues. Ce sera peut-être pour prendre un pari calculé sur Kyrou, si le prix baisse.
Armstrong devra donc revoir ses prétentions. Ou espérer que d’autres clubs plus désespérés que le CH mordent à l’hameçon.
Mais à Montréal, il ne trouvera ni panique, ni faiblesse.
Kent Hughes... est au sommet du monde...
