Auston Matthews allait pleurer.
Il se tenait là, l'air accablé, le regard vide. Habituellement vif et confiant, il semblait cette fois-ci brisé, comme si le poids de toutes les attentes avait finalement eu le dessus sur lui.
« C’est difficile. Ça va de soi. Ce fut une série serrée, je suis fier de la façon dont les gars se sont battus pour revenir de l’arrière. »
« Je n’avais aucun doute qu’on pouvait le faire. Ça a été difficile d’être réduit au rôle de spectateur pendant deux matchs »
Les murmures avaient commencé dès qu'il avait manqué quelques matchs, alimentant les spéculations et les critiques acerbes.
Les accusations de manque de courage, de faiblesse, de lâcheté l'ont vraiment affecté.
Auston Matthews, le prodige, le pilier offensif des Maple Leafs, avait été réduit à un état de vulnérabilité déconcertante.
Les rumeurs de virus, puis de blessure, avaient alimenté les rumeurs, mais pour Matthews, le fardeau était bien plus lourd que la simple pression physique. C'était le poids des attentes démesurées, des espoirs éclatés, et des désirs frustrés de tout une ville.
« Je ne veux pas embarquer là-dedans ce soir. On pourra le faire au cours des prochains jours »
Dans les coins du vestiaire, alors que les ombres de la défaite planaient lourdement, Matthews s'est retrouvé confronté à ses propres démons. Les regards accusateurs, les murmures étouffés, ils étaient tous là, comme une meute de loups affamés prête à dévorer sa confiance en lui.
Même ses propres mots semblaient lourds de désillusion, comme s'il cherchait désespérément à trouver un sens à tout cela, à rationaliser une défaite qui semblait insensée.
Pourtant, au milieu de ce tourbillon d'émotions tourmentées, il y avait une lueur de détermination dans les paroles de Matthews.
Malgré tout, il était fier de ses coéquipiers, de leur combativité, de leur résilience. Mais pour lui-même, il y avait une douleur palpable, une tristesse qui semblait s'enraciner profondément en lui.
« Au fil des ans, on a grandi ensemble, on a traversé les différentes épreuves et les bons moments. On est devenus très proches les uns des autres. C’est le groupe le plus uni pour lequel j’ai eu l’occasion de jouer. On dirait qu’on dit la même chose chaque année, mais c’était vraiment le cas.»
Le doute plane désormais sur l'avenir de l'équipe, sur le leadership de l'entraîneur Sheldon Keefe, sur les choix du directeur général Brad Treliving.
Les pièces du puzzle semblaient brisées, la déception a pris le dessus sur cette chambre. Quelque chose devait changer, que des décisions difficiles devaient être prises.
Dans les jours à venir, alors que les réflexions seront plus profondes, que les critiques se feront plus intenses, Auston Matthews se retrouverait confronté à un choix déchirant.
Restera-t-il fidèle à ses convictions, à son équipe, malgré les tempêtes qui grondent autour de lui ? Ou bien succombera-t-il sous le poids écrasant des attentes, des doutes et des reproches ?
Seul le temps le dira. Pour l'instant, dans le silence oppressant du vestiaire des Maple Leafs, Auston Matthews se tenait là, vulnérable, comme un homme brisé et cassé par les évènements, un homme en quête de rédemption dans un monde où la défaite est la seule habitude...depuis 1967...