Acquisition Montréal-New York: Ivan Demidov attend son grand frère

Acquisition Montréal-New York: Ivan Demidov attend son grand frère

Par David Garel le 2025-10-15

C’est désormais une évidence à Montréal : l’ère Patrik Laine tire à sa fin.

Le Finlandais, blessé, lent, vidé, affiche une seule maigre passe en quatre matchs, un différentiel désastreux de -2 même s'il joue à peine, et l’impression qu’il ne veut plus être là.

À cinq contre cinq, il nuit plus qu’il n’aide. Et dans les coulisses du Canadien, on le sait : Laine est fini.

Son corps lâche, sa tête est ailleurs, et Martin St-Louis, fatigué de répéter les mêmes discours diplomatiques, ne lui fait plus confiance.

Alors, que faire ?

Le Canadien ne peut pas se permettre de traîner un contrat inutile pendant une saison entière. Et dans ce contexte, le nom d’Artemi Panarin circule de plus en plus dans les bureaux du Centre Bell.

Tout commence avec Jeff Gorton, aujourd’hui président du Canadien. C’est lui qui, en 2019, avait convaincu Artemi Panarin de quitter Columbus pour signer à New York. Le lien entre les deux hommes est solide : confiance, respect, fidélité.

Et cette relation pourrait redevenir capitale.

À 33 ans, Panarin n’a plus d’avenir à New York. Le DG Chris Drury est pris à la gorge. Son club, les Rangers, est devenu une équipe « trop vieille, trop chère, pas assez bonne ».

Le plafond salarial les étrangle : 2,6 M$ d’espace disponible, selon les chiffres de Puck Pedia.

K’Andre Miller a été échangé à rabais en Caroline pour éviter une offre hostile.

Et pendant ce temps, Drury a offert un contrat démentiel à Vladislav Gavrikov : 7 ans à 7 millions par saison.

La franchise est paralysée. Et le plus gros contrat du lot, celui de Panarin (11,6 M $ jusqu’en 2026), est devenu l’obstacle majeur.

Frank Seravalli l’a écrit : si les Rangers ratent les séries ou s’effondrent, ils vont le laisser partir. Chris Johnston a ajouté que la direction « prépare déjà le terrain » pour un divorce discret.

Le malaise entre Panarin et Drury ne date pas d’hier.

Au printemps 2025, après une élimination humiliante alors que les Rangers ont raté les séries, Panarin a laissé tomber une bombe médiatique :

« Nous devions nous battre pour la Coupe Stanley. Ce qui s’est passé au deuxième étage explique pourquoi on a échoué. »

Une flèche directe au cœur de la direction. Les dirigeants l’ont mal pris. Et depuis, la fracture est irréversible. Il faut dire que Panarin n'a jamais accepté la manière dont Jeff Gorton a été congédié à New York.

À la fin de la saison 2020-2021, les Rangers échouent de peu aux séries. Une déception relative, puisque l’équipe progresse, mais le propriétaire James Dolan, impatient, fulmine. Il veut un club prêt à se battre tout de suite, pas une reconstruction à long terme.

Drury profite de ce moment d’instabilité pour court-circuiter Gorton. Il se rend directement dans le bureau du propriétaire et plaide pour un changement de direction immédiat, affirmant que l’équipe manque de caractère et de leadership physique, un message que Dolan voulait déjà entendre.

Le 5 mai 2021, Gorton et le président John Davidson sont renvoyés brutalement, sans avertissement.
Le communiqué est froid, administratif, sans remerciement.

Quelques heures plus tard, Dolan nomme Drury directeur général et président des opérations hockey. L’annonce surprend tout le vestiaire : on comprend rapidement que Drury avait préparé le coup depuis des semaines.

Panarin admirait Gorton. Il disait du dirigeant: « Il m’a parlé comme un homme, pas comme un patron. »

Après le congédiement, Panarin s’est senti trahi, lui aussi. Il ne s’entendait pas avec Drury, qui lui reprochait de ne pas être assez vocal, de ne pas être un « vrai leader ».

L’ailier russe, pourtant très loyal, s’est renfermé. Et le vestiaire s’est fracturé.

Les résultats n’ont jamais vraiment suivi. Malgré quelques séries gagnées, la tension entre Drury et ses vedettes s’est accentuée.

Drury a échangé ou poussé vers la sortie plusieurs joueurs que Gorton aimait comme ses enfants : Pavel Buchnevich, Ryan Strome, Chris Kreider , et même le capitaine Jacob Trouba, réduit à un rôle secondaire avant d’être échangé à rabais.

Le club s’est vidé de son identité.

Quand Jeff Gorton a accepté le poste de vice-président du Canadien de Montréal en 2021, c’était d’abord une planche de salut.

Mais rapidement, il s’est mis à y voir autre chose : une revanche personnelle.

Dans les couloirs du Centre Bell, il n’en parle pas ouvertement, mais ses proches savent qu’il veut gagner la Coupe Stanley avant Chris Drury.

Et chaque échec des Rangers est pour lui une douce confirmation que sa méthode était la bonne : construire lentement, développer les jeunes, éviter les coups de tête.

Mais la blessure n’est pas refermée. Gorton n’a jamais digéré la manière dont il a été trahi par son propre adjoint. Pour lui, Chris Drury n’a pas seulement volé son poste : il a volé son œuvre.

Et voir aujourd’hui les Rangers s’enliser lui sert de vengeance silencieuse.

Dans les cercles internes du Canadien, plusieurs racontent qu’il suit encore les moindres décisions de son ancien club. Quand Drury a laissé Panarin s’isoler dans les médias, Gorton a un sourire en coin .

Si jamais Montréal devait ramener Artemi Panarin, ce ne serait pas qu’un geste de hockey. Ce serait un acte de revanche, symbolique et éclatant.

Ramener le joueur fétiche de Gorton, celui qui représentait son grand succès à New York, pour l’inscrire dans la renaissance du Canadien, serait une manière de boucler la boucle.

Drury l’a trahi.

Mais Gorton, lui, construit lentement la revanche parfaite : une Coupe Stanley soulevée à Montréal, pendant que son ancien club s’enfonce dans la confusion.

Drury a maintenu son poste malgré les critiques, mais Panarin a compris le message : il est désormais l’homme de trop.

Son contrat pèse sur la masse, son influence dérange, son statut ne cadre plus avec la vision de rajeunissement des Rangers.

Et le joueur, lui, n’a aucune intention de prolonger. Il veut partir libre en 2026. Ce qui rend la situation explosive : New York ne peut pas se permettre de le perdre gratuitement.

L’idée d’un échange dès 2025-2026 n’est donc plus taboue ; elle devient même logique.

Mais avant toute transaction, un élément crucial refait surface : le scandale de décembre 2023.

Selon The Athletic, une employée des Rangers aurait été agressée par Panarin lors d’un voyage d’équipe.
Les détails sont sordides : le Russe l’aurait invitée dans sa chambre d’hôtel sous prétexte d’une discussion, lui aurait confisqué son téléphone, puis l’aurait forcée à venir le récupérer seule.

Selon les documents internes cités dans le reportage, elle aurait réussi à fuir la pièce et porté l’incident à l’attention des ressources humaines.

Il n’y a jamais eu de plainte criminelle officielle.

Mais deux ententes à l’amiable ont suivi : une entre Madison Square Garden Sports et la victime, et une autre directement avec Panarin.

Le tout a été classé sans suite, l’enquête interne de la LNH fermée.

Mais le mal était fait : le nom de Panarin est désormais associé à une affaire toxique.

À New York, tout le monde le sait, tout le monde en parle à voix basse.

Les commanditaires s’en sont mêlés. Les dirigeants ont imposé un silence complet sur le sujet. Panarin, lui, a nié catégoriquement, mais le doute persiste.

Et c’est là que Montréal doit peser chaque mot, chaque geste, chaque conséquence.

Kent Hughes et Jeff Gorton savent ce qu’ils feraient en ramenant Panarin : une tempête.

Les médias nationaux ramèneront les ententes confidentielles. Les partisans réclameront des explications. Les marques partenaires du CH évalueront les risques d’image.

Mais sur le plan hockey, la tentation est immense.

Panarin reste un génie offensif pur : 89 points la saison dernière, dont 63 à forces égales, (120 points la saison précédente), malgré les tensions internes. À cinq contre cinq, il demeure un des meilleurs créateurs d’espace et passeurs de la ligue.

Et surtout, il serait le mentor naturel d’Ivan Demidov.

L’un est le modèle de l’autre.

Demidov a grandi en regardant Panarin à Saint-Petersburg, fasciné par sa créativité et sa liberté sur la glace.
Le jumeler à Montréal serait un coup d’éclat : le jeune prodige et son idole réunis, sous le même chandail, dans une ville obsédée par le hockey.

Pour Gorton, ce serait le scénario parfait : corriger l’erreur Laine tout en solidifiant l’avenir.

Car il faut le dire : Patrik Laine est devenu un boulet.

Sa nonchalance fait lever les yeux au ciel de tout le vestiaire.

Montréal n’a pas de place pour un tireur sans conviction, incapable de suivre le tempo.

Mais même si le dossier paraît parfait sur papier, la direction du CH devra affronter une question fondamentale :
Est-ce que le Canadien veut redevenir ce qu’il a juré de ne plus être ?

Le CH version Hughes-St-Louis a bâti sa réputation sur la transparence, l’intégrité et la culture. Ramener un joueur impliqué dans une affaire d’inconduite, même sans condamnation, pourrait tout compromettre.

Il y aurait la réaction du public, des médias, des joueurs eux-mêmes.

Imaginez le malaise dans le vestiaire : Demidov, 19 ans, associé à un vétéran éclaboussé par une affaire sexuelle.

Imaginez les conférences de presse, les questions incessantes, la tension permanente.

Panarin, c’est un génie. Mais c’est aussi une bombe à retardement.

Certains diront que le Canadien n’a pas besoin d’une icône du passé.

Il a besoin d’un futur. Et ce futur s’appelle Demidov, Hutson, Bolduc, Dobson, Suzuki, Slafkovský.

Des jeunes qui grandissent ensemble, qui incarnent le renouveau.

Panarin a déjà connu sa gloire. Il a brûlé New York de mille feux, avant d’en être consumé.

À Montréal, il pourrait rallumer la flamme. Ou tout détruire.

Le pari est immense et risqué.

Mais dans cette ville, tout est possible, même remplacer un Laine fini par un Panarin maudit.