Evgeni Malkin à Montréal?
Le rêve collectif vient de se fracasser contre le mur brutal de la réalité, où l'illusion entretenue par les rumeurs, les fantasmes médiatiques et les désirs populaires s'effondre sans même prévenir.
Depuis des mois, les réseaux sociaux vibraient, les forums s'enflammaient, les fans se préparaient à vivre ce qu'ils croyaient être un épisode historique de leur histoire sacrée : l'arrivée d'Evgeni Malkin à Montréal.
Un mirage entretenu par des médias russes bien plus portés sur le roman que sur le reportage. Sport-Express, MatchTV, et autres relais de la KHL ont nourri l'espoir à coups de citations suggestives, d'articles emballés et de supposées confidences de vestiaire.
Montréal était peinte comme la destination de cœur. Là où Malkin voudrait finir. Là où son destin rejoindrait celui d'Ivan Demidov dans une trajectoire père-fils, mentor-protégé, mythe et apprentissage.
Mais la réalité vient de les gifler tous. Malkin ne veut pas de Montréal. Il n'en a jamais voulu. Il regarde ailleurs. Vers le soleil. Vers la Floride. Vers une dernière course à la Coupe Stanley, dans une équipe déjà double championne.
Ce n'est pas un oubli. Ce n'est pas une déception douce. C'est un rejet sec, froid, stratégique. Malkin à Montréal était un rêve pour les fans. Pas pour lui.
Il ne l'a pas dit ouvertement, mais tout dans son langage, son attitude, ses paroles récentes le trahit. Lorsqu'il déclare en point de presse qu'il pense à sa fin de carrière, qu'il rêve d'un dernier tour de piste comme celui de Marchand, qu'il aimerait encore une fois faire une véritable course aux séries, il ne parle pas du CH. Il parle de la Floride.
« On verra ce qui se passe avec mon avenir. Mais bien sûr, tout le monde veut essayer de jouer en séries, et peut-être vivre une autre course à la Coupe. »
« On a vu Brad Marchand être échangé. Ça avait l’air bien. Il a aidé son équipe à gagner. C’est une belle histoire. »
Justement, les Panthers viennent de perdre son capitaine Aleksander Barkov pour la saison et qui cherche une solution de rechange. Malkin n'est plus dans une logique romantique. Il est dans une logique de conquête.
Et tout ce qui avait été soigneusement construit autour du lien Malkin-Demidov s'effondre dans un silence gêné. Ce n'était qu'un conte. Une réécriture affective de la relation Malkin-Gonchar, transposée à Montréal.
On voulait croire que Malkin viendrait offrir à Demidov ce que Gonchar lui avait donné : une main tendue, une boussole. Mais Malkin n'est pas Gonchar. Et Demidov devra se construire seul.
Le plus cruel, c'est que que tout cela arrive alors que Pittsburgh s'écroule.
L'équipe est en reconstruction ouverte. Kyle Dubas refuse de prolonger Malkin. Et ce dernier le sait. Il voit le vide autour de lui. Il voit Crosby s'accrocher à une structure qui n'existe plus. Il sait qu'il ne sera plus prolongé.
Et pourtant, il refuse Montréal. Il refuse d'aller jouer au héros dans une équipe qui ne gagne pas encore. Il choisit la voie du soleil, de la conquête rapide, du risque minimal.
Pendant ce temps, un autre front s'ouvre. Un front encore plus déchirant pour Montréal : la guerre pour Sidney Crosby.
Jusque-là, le CH croyait être dans un couloir préservé, à l'abri de la concurrence féroce. Colorado, peut-être. Los Angeles, possiblement. Mais avec la blessure de Barkov, la Floride se présente comme un prédateur affamé. Et avec elle, Brad Marchand. Le nouvel ami, le complice, le recruteur personnel.
Bill Zito, le génie noir du circuit, le stratège sans pitié, entre dans le jeu. Avec 10 millions après avoir placé Barkov sur la LTIR, il a le pouvoir de tout faire.
Il peut offrir à Crosby une dernière danse immédiate. Une troisième Coupe. Une équipe déjà prête. Une pression nulle. Une gloire pure. Et surtout : loin de l'hiver, de la pression médiatique, des attentes historiques du CH.
Et Montréal? Montréal regarde. Encore. Le plan de Kent Hughes, centré sur 2026-2027, se fait déborder par des acteurs qui agissent maintenant. Le train ne ralentit pas. Il passe. Et le CH attend. Rêve. Espère.
La vérité, c'est que la blessure de Barkov a tout changé. Le marché est devenu fou. Les Ducks, qui jouent avec les nerfs de tout le monde dans le dossier McTavish, sentent la panique.
Boston, avec Pavel Zacha, se repositionne. Seattle fait circuler le nom de Jared McCann. Et Dubas, à Pittsburgh, voit la valeur de Crosby grimper à vue d'œil. Il fera monter les enchères. Et ce sera à qui criera le plus fort. Montréal a les actifs. Mais a-t-il la volonté? A-t-il le feu? Rien n'est moins sûr.
Et pendant ce temps, dans les coulisses, Malkin rêve à la Floride. Et détruit les êves qu'il a inspirés à Montréal.
Reste Crosby. La dernière carte. Il est tenté par le CH. Il observe. Mais pendant ce temps, Kent Hughes perd le contrôle du tempo.
Kirby Dach va choker, Patrik Laine est fini, Ivan Demidov est seul au monde... et le DG du CH attend un rêve quasi-impossible.
Evgeni Malkin. Montréal. Deux mots qui ont fait rêver. Deux mots qui aujourd'hui sonnent creux. Malkin ne viendra pas. Il ne viendra jamais. Il choisira la gloire. Pas la grandeur. Il a choisi le soleil. Pas l'histoire. Et à Montréal, il ne reste qu'un rêve déchiré.
Le CH devra se relever de cette déception. Et vite. Car l'hiver arrive. Et le CH n'a toujours pas de 2e trio...