Il y a des phrases qui ne sont pas simplement lancées en l’air. Des phrases qui collent à la peau, qui résonnent, qui grondent même, longtemps après avoir été prononcées. Et dans le cas de Patrik Laine, cette phrase a fermé la bouche de plusieurs journalistes.
« Ceux qui parient contre moi vont perdre leur argent. »
Cette ligne apparaît à l'écran, dans la bande-annonce de la saison 2 de La Reconstruction, diffusée sur Crave, glissée entre deux extraits de Martin St-Louis et de jeunes joueurs du CH. Mais aujourd’hui, elle explose dans toute sa grandeur. Aujourd’hui, elle a pris tout son sens.
Parce que tout le monde, absolument tout le monde, avait parié contre lui.
Au début de l’été 2025, les rumeurs étaient unanimes. Patrik Laine allait être racheté. Ou échangé. Ou exilé à San Jose. Ou largué à Chicago contre un sac de rondelles. Ou donné à Pittsburgh dans un "package" pour équilibrer le salaire de Sidney Crosby.
Même les médias les plus modérés, comme The Athletic, ne le voyaient plus dans le top 9 montréalais.
TVA Sports n’en parlait plus.
Mathias Brunet, dans son podcast, affirmait que Kent Hughes « cherchait à le refiler n’importe où, contre n’importe quoi ».
Et Frank Seravalli, à la mi-juin, ajoutait que les probabilités d’un échange étaient « extrêmement élevées ».
Patrik Laine était devenu un dossier toxique. Un contrat trop lourd. Un boulet émotionnel.
On rappelait son attitude désengagée en séries.
Son isolement.
Son regard vide dans le vestiaire.
Son absence remarquée à certaines activités d’équipe.
Son mariage déserté par ses coéquipiers.
Et surtout, sa non-utilisation par Martin St-Louis en avantage numérique ou à 6 contre 5 pendant les séries éliminatoires, alors que le coach en avait fait son bouc-émissaire.
La lecture était simple : le divorce était consommé. La page était tournée. Et Patrik Laine? Effacé du tableau.
Mais lui… n’a jamais quitté
Alors que tout le monde se pressait de le sortir de l’alignement, Laine faisait autre chose. Il restait. Il patinait. Il s’entraînait.
Premier sur la glace à Brossard. Dernier à ranger ses affaires. Et surtout, chaque jour, il était aux côtés d’Ivan Demidov, le même Demidov qu’il avait soi-disant méprisé.
Laine, l’homme froid et distant, bâtissait tranquillement une chimie.
Et c’est là que son fameux « Ceux qui parient contre moi vont perdre leur argent » a pris toute sa force. Il l’avait callé. Il avait dit que ce serait lui contre tout le monde. Et tout le monde a perdu.
Le seul qui ne semble pas célébrer ce retour? Martin St-Louis.
Parce que lui, on le sait, avait déjà rayé Laine du tableau. Il ne l’aimait pas. Il ne voulait plus le coacher. Il l’avait humilié en séries. Ignoré à l’entraînement. Retiré du top 6. Il voulait reconstruire autour de Bolduc, Dach et Demidov.
Et maintenant, il se retrouve coincé.
Parce que Laine est là. Et pas seulement là. Il est en feu. Il est souriant. Il est dans le groupe. Il est dans les vidéos virales. Il est au mariage de Nick Suzuki, torse nu à danser avec les boys. Il est l’âme du vestiaire, cet été.
Et tout le Québec qui l’avait condamné? Bouche cousue.
Tous ceux qui s’étaient moqués de sa forme physique? Disparus.
Tous ceux qui prédisaient un rachat? Déconnectés.
Laine est en train de forcer Martin St-Louis à revoir toute sa vision du top 6. Il veut sa place. Il va l’avoir. Parce que maintenant, il l’a méritée.
Il faut se rappeler d’où vient Patrik Laine.
La perte de son père.
Une carrière imposée justement par son père, alors que Laine n'était pas amoureux du hockey selon ses propres propos.
Un mental fracassé à Winnipeg et à Columbus.
La perte de son ami Johnny Gaudreau.
Des blessures à répétition.
Des organisations qui ne lui ont jamais offert de stabilité.
Une grave dépression.
Et pourtant, il ne s’est pas plaint.
Il ne s’est pas réfugié derrière des excuses.
Il a tenu le coup.
Et maintenant, il est debout.
Son retour n’est pas une revanche. C’est une renaissance. Une leçon de résilience. Il n’est pas en mission contre le monde. Il est en mission pour lui-même.
Le message à Saint-Louis : “Je ne suis pas le lâche que tu as décrit.”
Patrik Laine n’a pas oublié. Il n’a pas oublié la 3e période en séries où il est resté collé au banc.
Il n’a pas oublié les regards fuyants de ses coéquipiers.
Il n’a pas oublié les déclarations floues de St-Louis en conférence de presse qui affirmait que Laine devait travailler pour mériter son temps de glace.
Il n’a pas oublié d’avoir été peint comme un paresseux. Un joueur mou. Un gars qui n’aime pas ça.
Et c’est pour ça que tout ce qu’il fait cet été est un message direct à Martin St-Louis :
“Je ne suis pas le lâche que tu penses. Je suis encore là. Et cette fois, c’est toi qui va devoir me justifier.”
Parce que si Saint-Louis l’envoie sur un troisième trio sans raison? Ce sera lui, le méchant.
Si Laine performe et qu’on le "bench" encore? Ce sera le coach, le problème.
Laine a repris le contrôle du narratif. Et il l’a fait sans un mot. Sans une plainte. Seulement avec de la glace, de la sueur, et une promesse respectée :
“Ceux qui parient contre moi vont perdre leur argent.”
Le Canadien de Montréal amorce une saison critique. Tout est en place pour franchir un cap.
Demidov est là. Slafkovsky veut s’imposer. Dobson stabilise la défensive. Hutson ajoutera encore plus du génie. Et Suzuki, en tant que capitaine, tient la barre alors que Cole Caufield veut atteindre les 40 buts.
Mais le facteur X, le joker inattendu… c’est Patrik Laine.
S’il marque 30-35 buts, s’il devient l’arme complémentaire de Demidov, s’il se rend utile même à forces égales… alors le CH ne sera pas seulement meilleur. Il sera dangereux.
Et à tous ceux qui avaient prévu son départ, son effacement, sa disparition : vous avez perdu votre argent.
Et Laine, lui, a gagné notre respect.
Il ne s’excusera pas.
Il n’expliquera pas.
Il avancera.
Et cette fois, il le fait à sa manière.
Silencieux. Redoutable. Présent.
Et plus vivant que jamais.