Contrat d’Arber Xhekaj: le danger de l’offre hostile

Contrat d’Arber Xhekaj: le danger de l’offre hostile

Par David Garel le 2025-10-26

Six minutes et 37 secondes. C’est tout ce que Martin St-Louis a accordé à Arber Xhekaj lors du dernier match du Canadien. Six petites minutes de jeu, ponctuées de pénalités inutiles, de séquences hésitantes et d’un langage corporel qui en disait long : le « Shérif » n’a plus la confiance de son entraîneur.

Et dans la LNH, quand un joueur sent qu’il n’est plus désiré, les rumeurs de transaction ne tardent pas à exploser.

Selon plusieurs sources bien branchées autour du circuit, les appels affluent déjà pour Xhekaj. Des clubs comme les Flyers de Philadelphie, les Bruins de Boston et les Blackhawks de Chicago auraient manifesté un intérêt réel. À travers la ligue, on parle d’un défenseur sous-utilisé, mal-aimé par son coach, mais qui serait top-6 instantané dans une autre formation.

Et le constat est brutal : à Montréal, Martin St-Louis ne lui fait plus confiance. Le message est clair depuis plusieurs semaines : dès qu’il commet une erreur, il est puni.

Dès qu’il tente un jeu risqué, il se retrouve au banc. Pendant ce temps, Jayden Struble accumule les présences, Adam Engström pousse à la porte et la hiérarchie des défenseurs gauchers se fige sans lui.

Arber Xhekaj est payé 1,3 million $ cette saison, la deuxième d’un contrat de deux ans signé dans la foulée de sa percée à Montréal. Il deviendra joueur autonome avec compensation à l’été prochain, mais sa situation contractuelle est déjà au cœur de toutes les spéculations.

Peut-on vraiment imaginer le Canadien lui offrir plus que 1,3 million pour un défenseur que le coach n’utilise plus que dix minutes par soir ?

Xhekaj, lui, le sait. Dans n’importe quelle autre équipe, il serait un défenseur régulier. À Chicago, il jouerait 15 à 18 minutes. À Philadelphie, il serait un héros dans la mentalité dess Broad Stree Bullies.

À Boston, il deviendrait le nouveau chouchou du TD Garden, un protecteur né pour remplacer le style d’antan de Kevan Miller.

Mais à Montréal, il est coincé dans un système où la robustesse dérange et où chaque erreur devient une condamnation. On l’aime pour ses combats, on le déteste pour ses punitions. On le célèbre pour son cœur, on le critique pour son manque de patience.

Le CH ne pourra pas repousser cette décision éternellement. L’équipe veut un deuxième centre depuis des mois, et Kent Hughes sait qu’il devra sacrifier un défenseur gaucher pour l’obtenir. Entre, Struble, Engström et Xhekaj, un devra partir.

Le problème, c’est que Martin St-Louis a déjà choisi son camp. Struble est son gars. Il le répète souvent : il aime son calme, sa relance, son jeu sans excès.

Il a même déclaré récemment qu’il « joue avec la tête libre », une formule qui résonne comme un compliment à sens unique. Pendant ce temps, Xhekaj se fait gronder pour des pénalités mineures, alors même que l’équipe manque cruellement de mordant.

Et à travers la ligue, plusieurs directeurs généraux voient une occasion d’affaires. Un jeune défenseur de 24 ans, costaud, respecté dans le vestiaire, encore sous contrôle contractuel ? Les appels se multiplient.

Parmi les plus insistants : Daniel Brière. Le DG des Flyers cherche depuis un an un défenseur capable de protéger ses jeunes, et surtout Matvei Michkov. Le profil de Xhekaj colle parfaitement : physique, loyal, intense. Philadelphie réclame depuis longtemps un joueur de ce genre.

Car Nicolas Deslauriers... n'arrive plus à suivre le rythme de la LNH. Il faut un bagarreur chez les Flyers... qui sait jouer au hockey...

Selon des sources proches de l’organisation, Brière aurait sondé le terrain auprès de Kent Hughes dès la fin du camp d’entraînement.

Les Flyers n’ont pas oublié le spectacle offert par Xhekaj lors du match préparatoire contre Ottawa à Québec alors que Daniel Brière avait envoyé ses dépisteurs : deux bagarres, des mises en échec retentissantes, et une prestance qui avait fait saliver les amateurs de hockey dur.

À Boston, Don Sweeney garde aussi un œil sur lui. Les Bruins cherchent à rajeunir leur défensive. Et à Chicago, où la reconstruction s’étire, on imagine déjà Xhekaj encadrant Connor Bedard et Frank Nazar, protégeant les jeunes talents d’une équipe trop souvent martyrisée.

Le problème avec Xhekaj, c’est qu’il est devenu un symbole. Symbole du hockey d’avant, du muscle, du caractère, de la réponse physique.

Un joueur que le public adore, mais que Martin St-Louis tolère de moins en moins. Le coach veut de la vitesse, de la fluidité, des sorties propres. Xhekaj, lui, incarne le chaos.

L’écart entre les deux hommes n’a jamais été aussi grand. Et plus les semaines avancent, plus on comprend que cette relation est devenue ingérable. St-Louis ne le fera pas jouer davantage. Il ne le mettra pas sur l’avantage numérique. Il ne le fera pas progresser. Il le supporte, sans l’aimer.

C’est pour cette raison que plusieurs dans l’entourage de l’équipe croient que le CH finira par trancher avant la date limite des transactions... ou cet été...

Le dossier Xhekaj n’est plus seulement sportif : il est devenu politique. Tant que le Shérif sera dans la chambre, la tension existera entre ce qu’il représente et ce que St-Louis veut bâtir.

Le Canadien sait que le dossier contractuel du défenseur pourrait devenir explosif. À 1,3 million, il demeure une aubaine. Mais l’été prochain, il pourra recevoir une offre hostile. Et dans une ligue où les défenseurs physiques de 24 ans se font rares, un DG audacieux pourrait très bien lui proposer 3 ou 4 millions pour le déloger.

Kent Hughes devra alors choisir : lui accorder un rôle qu’il n’a pas à Montréal, ou récupérer une valeur maximale pendant qu’il est encore sous contrôle. Et plus les jours passent, plus la deuxième option semble réaliste.

Surtout que, dans les discussions de coulisses, le nom de Xhekaj revient constamment dans les scénarios impliquant un deuxième centre.

Que ce soit pour Pavel Zacha à Boston, Nazem Kadri à Calgary ou même Sidney Crosby à Pittsburgh, Xhekaj figure sur les listes de joueurs qui pourraient faire pencher la balance comme throw-in.

Le paradoxe est total. À Montréal, on le traite comme un joueur de profondeur. Ailleurs, on le voit comme un défenseur capable de stabiliser une brigade.

Pourtant, St-Louis le garde coincé sous 10 minutes, ce qui rend ses erreurs encore plus visibles et amplifie la perception négative.

Le joueur, lui, n’est pas naïf. Il sait qu’il a une valeur sur le marché, qu’il peut « cash-in » dès l’été prochain. Et il sait aussi que son avenir n’est probablement plus à Montréal. Les murmures autour du vestiaire disent qu’il est plus renfermé, plus frustré, conscient qu’on le juge sévèrement peu importe ses performances.

Et si le Shérif partait avant la fin de la saison ?

Le scénario prend de plus en plus de consistance. Montréal ne pourra pas garder tout le monde. Engström pousse, Struble s’impose, Guhle est intouchable, Matheson reste le vétéran pilier qui va bientôt signer sa prolongation.

Reste Xhekaj. Et comme St-Louis ne semble pas prêt à modifier son système pour lui faire de la place, la logique veut qu’il soit le prochain à partir.

Un échange n’est pas imminent, mais les appels s’intensifient. Kent Hughes, stratège patient, sait que la valeur de Xhekaj augmente chaque fois qu’il joue un match physique. Si une équipe offre un centre top-9 capable d’aider immédiatement, il écoutera.

Et au fond, même Xhekaj commence à y penser. Dans une autre équipe, il pourrait redevenir ce qu’il est : un joueur d’impact, respecté, aimé, utilisé. À Montréal, il est devenu un dossier de gestion.

Ne soyons pas naïfs : Xhekaj n’a que 24 ans. Il a encore du temps, du potentiel, et un style que la LNH ne peut pas se permettre de laisser disparaître.

Si le CH s’en départit, il ne restera pas libre longtemps. Et n'oublions pas Pittsburgh, en reconstruction, qui vont avoir besoin de protéger le petit Benjamin Kindel.  

Dubas ne dirait pas non à Xhekaj.

Le Shérif de Montréal pourrait bien devenir le garde du corps de la prochaine génération ailleurs. Et ce serait, une fois de plus, un symbole : celui d’une équipe qui a su former un joueur de caractère… sans jamais savoir quoi en faire.