Arber Xhekaj puni: Martin St-Louis explique sa décision

Arber Xhekaj puni: Martin St-Louis explique sa décision

Par David Garel le 2025-10-28

Martin St-Louis a beau tenter de sauver les apparences, le malaise Arber Xhekaj est désormais impossible à cacher.

Devant les caméras, l’entraîneur du Canadien de Montréal a multiplié les détours, les nuances et les justifications pour expliquer pourquoi son défenseur au numéro 72 joue de moins en moins. Mais entre les lignes, tout est clair : St-Louis n’a plus confiance en lui.

Et il ne veut tout simplement pas l’admettre.

Interrogé sur la chute vertigineuse du temps de glace d’Arber Xhekaj, à peine 6 minutes 37 lors du dernier match, St-Louis a d’abord évoqué le contexte du voyage dans l’Ouest et « le désavantage du dernier changement ».

« Je ne pense pas que ce soit compliqué, mais sur la route, c’est difficile. On s’est trompé un peu à Edmonton parce qu’il n’y a pas de dernier changement. Certaines équipes te le permettent, mais Edmonton ne te donne rien. Nous, on veut juste être préparés, être calculés sur qui sera sur la glace contre qui. »

Une justification technique, presque académique, mais qui ne trompe personne. Car le problème n’est pas le “dernier changement”. Le problème, c’est la confiance. Et St-Louis ne fait plus confiance à Xhekaj pour gérer les missions importantes.

Le coach a ensuite ajouté, comme pour apaiser le ton :

« Est-ce qu’on veut lui en donner plus ? Oui, on le veut. Je pense qu’il en a plus, et on va essayer. Mais il doit continuer à s’améliorer, à faire des bons changements, présence après présence. »

Des mots vagues, sans conviction, sans chaleur. Des phrases qui sentent la diplomatie forcée.

Quand un entraîneur commence à se réfugier derrière des arguments de rotation, de rythme ou de “calcul de pourcentages”, c’est souvent qu’il veut éviter la vérité. Et la vérité, c’est que St-Louis a décroché.

« On essaie d’augmenter les pourcentages en notre faveur. Mais à quel point on fait ça sans se désorganiser complètement ? C’est une question d’équilibre, et on essaie de trouver ça », a-t-il expliqué, presque sur la défensive.

On sent un coach mêlé, incapable d’expliquer clairement ce qu’il veut. Xhekaj, lui, en paie le prix. Parce qu’à force de “trouver l’équilibre”, il est devenu le bouc émissaire du déséquilibre.

Depuis six matchs, le défenseur de 23 ans vit une descente aux enfers. Ses minutes fondent, sa confiance s’effondre sous nos yeux, et son jeu s’éteint. Pire encore : il a cessé d’être ce qu’il était.

Ce n’est pas un hasard si plusieurs analystes ont pointé un constat alarmant : seulement trois mises en échec en six matchs. Trois.

C’est toute la preuve qu’il faut pour comprendre que quelque chose s’est brisé.

Xhekaj, c’est un joueur d’énergie, de contact, un défenseur qui impose le respect par sa robustesse. Quand il ne frappe plus, il n’existe plus.

Mais comment frapper quand tu sais que ton coach te clouera au banc à la moindre pénalité ? Comment être toi-même quand chaque geste devient un risque d’humiliation publique ?

Le message de St-Louis, “sois stable, reste calme, fais simple”, a complètement vidé le joueur de son identité.

L’entrevue d’hier l’a confirmé : Martin St-Louis ne sait plus comment gérer le cas Xhekaj.

Il parle de « culture », de « continuité », de « coaching collectif », de « pourcentages à équilibrer ». Tout sauf ce qu’il faudrait dire : qu’il n’a plus confiance.

« Il y a de très bons défenseurs devant lui. On essaie juste de faire de notre mieux. Mais "Jako" doit continuer à progresser. On veut lui donner plus, oui, mais il doit gagner ces minutes-là. »

Le message est clair. Le poste de Xhekaj n’est plus assuré.

C’est une déclaration codée, mais lourde de sens. Le “Jako doit continuer à progresser” est une façon polie de dire qu’il n’est pas au niveau. Et dans une ligue où la hiérarchie se joue au centimètre près, cette phrase résonne comme une sentence.

Une fracture de plus en plus psychologique.

Le plus inquiétant, c’est l'état mental du joueur. Xhekaj n’est plus le “Shérif” qu’on a connu. Il ne joue plus avec passion. Il joue pour ne pas déplaire. Et ça, c’est le début de la fin pour un joueur de son profil.

Autrefois, les attaquants adverses savaient qu’il fallait lever la tête en entrant dans la zone du CH. Maintenant, ils traversent sans peur. Le 72 ne fait plus peur à personne. Il a perdu sa flamme, son aura, sa liberté.

Tout ça parce qu’un entraîneur a voulu le “rationaliser”.

Dans les coulisses, le malaise est réel. Son entourage n’en peut plus. Son agent s’interroge. Sa famille souffre de voir leur fils vidé de sa confiance et réduit à un rôle d’ombre. Ce n’est plus une simple question de minutes de jeu, mais d’estime personnelle.

Et ce silence du joueur, ce mutisme résigné, en dit long. Parce que Xhekaj, autrefois si fier, n’a plus rien à dire. Il encaisse. Il se tait. Il s’éteint.

En gérant Xhekaj de cette manière, le Canadien trahit sa propre culture.

St-Louis parle de “continuité”, de “valeurs”, d’“entraide entre les joueurs”, mais sur le terrain, c’est l’inverse qui se produit.

Les jeunes voient qu’un joueur qui ose, qui dérange, qui frappe, est puni. Pendant que ceux qui se fondent dans la masse, comme Struble, sont récompensés.

Cette hiérarchie brise la dynamique. Comment prêcher la culture de la combativité quand ton joueur le plus courageux est celui que tu punis ?

Pendant que Xhekajl s’enfonce dans la niche de St-Louis, le reste de la LNH observe. Et les appels se multiplient. Les Flyers, les Bruins, les Blackhawks : plusieurs clubs croient qu’ils peuvent relancer le “vrai” Xhekaj, celui qu’on a étouffé au Québec.

Ils savent qu’à Montréal, la relation est brisée. Ils savent aussi qu’à 1,3 million de dollars, avec son gabarit et sa fougue, il représente une aubaine. Et l’été prochain, il sera agent libre avec compensation. Il sera donc exposé pour une offre hostile. 

Martin St-Louis a beau patiner devant les médias, tout le monde a compris.

Pendant longtemps, il a été perçu comme le coach humain, brillant, moderne. Mais sa gestion d’Arber Xhekaj révèle un entraîneur rigide, orgueilleux, obsédé par le contrôle.

Et quand un entraîneur se met à punir le cœur le plus courageux de son équipe, c’est qu’il perd le fil.

À ce stade, la situation semble irréversible. St-Louis ne le dit pas, mais ses gestes le prouvent. Et Xhekaj, lui, ne le dira pas non plus, mais ses statistiques, son langage corporel et son regard en disent long.

Le “Shérif” est à bout.

L’entraîneur, lui, est enfermé dans ses propres contradictions.

Et le Canadien, au milieu de tout ça, risque de perdre bien plus qu’un défenseur : il risque de perdre une âme.