La fin du shérif: c'est devenu personnel entre Arber Xhekaj et Martin St-Louis

La fin du shérif: c'est devenu personnel entre Arber Xhekaj et Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-12-12

La victoire de 4-2 à Pittsburgh aurait dû calmer le jeu. Un bon match, probablement l’un des plus structurés du Canadien depuis plusieurs semaines, une brigade défensive plus disciplinée, une ligue bleue qui a enfin ressemblé à quelque chose de cohérent, et un groupe qui, malgré le contexte lourd, a livré une performance crédible dans un environnement hostile.

Et pourtant, au lieu d’apaiser la tempête, ce gain n’a fait que confirmer une chose : le dossier Arber Xhekaj est désormais plus gros que les résultats sur la glace.

Parce que pendant que le Canadien gagnait, pendant que Jayden Struble livrait ce que plusieurs considèrent comme son meilleur match depuis longtemps, même si Adam Engström a dû le sauver à quelques reprises, les médias confirmaient déjà qu’Engström devrait être en uniforme à New York.

Et la question est devenue impossible à éviter : Arber Xhekaj sera-t-il puni une deuxième fois de suite, cloué aux gradins alors que les rumeurs de transaction autour de lui explosent littéralement?

La réponse n’est plus simplement sportive. Elle est devenu personnelle.

Envoyer Xhekaj dans les gradins pour un deuxième match consécutif, dans un contexte où il n’a pas mal joué lors de ses dernières sorties, ne serait plus interprété comme une simple rotation ou une décision d’effectif.

Ce serait un message clair au reste de la ligue : le Canadien est prêt à s’en détacher, et il protège son actif en vue d’une transaction imminente.

Car Montréal n’est pas naïf, et les autres équipes non plus. Lorsqu’un défenseur robuste, populaire, encore jeune, avec un contrat abordable, disparaît soudainement de l’alignement sans justification sportive évidente, les téléphones se mettent à vibrer.

Et ils vibrent présentement, pas seulement à Nashville, mais désormais de manière très sérieuse à Calgary.

Le nom d’Arber Xhekaj circule maintenant dans une possible discussion impliquant Nazem Kadri, et même si le Canadien n’est pas aveugle à l’âge du joueur, 35 ans, un contrat lourd de 7 M$ jusqu' 2029 et un profil qui ne correspond pas parfaitement à la fenêtre de reconstruction, Kent Hughes explore le terrain.

Pas parce qu’il veut absolument Kadri, mais parce qu’il veut savoir jusqu’où il peut pousser Calgary sans sacrifier ses véritables intouchables.

Le message est clair :

Pas question de donner Michael Hage.

Pas question de toucher à Zharovsky.

Pas question de vider la banque pour un vétéran.

Mais Kent Hughes croit avoir une carte intéressante à jouer : Xhekaj, combiné à un choix de première ronde, possiblement avec un joueur comme Owen Beck et d’autres éléments secondaires, pourrait ouvrir une porte sans toucher aux « studs » de l’organisation.

Et c’est précisément là que le dossier devient délicat, parce que plus Xhekaj joue, plus il peut se blesser, et plus la valeur de la carte devient volatile.

D’où l’idée de le sortir?

D’où l’idée, peut-être, de le sacrifier au moment où sa valeur est maximale?

Une partie des partisans de Xhekaj ne comprennent toujours pas pourquoi Jayden Struble demeure dans l’alignement.

Certains avancent même qu’Alex Carrier devrait sortir avant Xhekaj, un argument qui, honnêtement, ne tient pas la route lorsqu’on analyse froidement les minutes, les responsabilités et la stabilité apportée par Carrier, surtout qu'il est droitier. On comprend que sa saison est plus difficile, mais l'envoyer dans les gradins serait ridicule.

Le problème, ce n’est pas que Struble joue mal à chaque match. Le problème, c’est que Struble est perçu comme un chouchou de Martin St-Louis, un joueur à qui l’on pardonne des erreurs qui enverraient Xhekaj directement sur la « front page » du Journal de Montréal, comme l’a si bien résumé Maxim Lapierre.

Et cette perception, qu’elle soit entièrement juste ou non, est devenue un fait politique à Montréal.

Martin St-Louis a toujours méprisé Arber Xhekaj. Autant le joueur sur la glace qu'à l'extérieur. Le coach du CH n'a jamais accepté le surnom de shérif et les activités marketing de son défenseur. Pire encore, sa popularité lui pue au nez. On se demande même parfois si St-Louis n'est pas un peu jaloux de toute l'attention portée sur Xhekaj.

Reste que les partisans du shérif ne voient pas toujours clair. Ils défendent parfois le joueur par attachement émotionnel plus que par analyse froide. Mais ils sentent quelque chose de réel : le traitement n’est pas équitable, et la patience envers le coach se brise.

Maxim Lapierre n’est pas un commentateur neutre. Il est émotif, passionné, parfois excessif. Mais il est aussi le reflet d’une colère populaire que Martin St-Louis ne peut plus ignorer.

Lorsque Lapierre s’en prend ouvertement à la gestion de Xhekaj, ce n’est pas seulement un animateur qui s’emporte : c’est une partie du Québec hockey qui dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas.

Et le plus important, c’est que cette colère ne disparaît pas avec une victoire à Pittsburgh. Au contraire, elle se renforce, parce que le succès collectif ne répond pas à l’injustice individuelle.

Malgré tout, malgré la pression médiatique, malgré les réseaux sociaux, malgré Lapierre, malgré les partisans, Martin St-Louis a le dernier mot. Et c’est là que le dossier devient encore plus fascinant... et inquiétant pour Xhekaj.

St-Louis n’a jamais été le plus grand partisan de son style. Il n’a jamais complètement adhéré à son identité. Il l’a utilisé par nécessité, par contexte, parfois par obligation, mais rarement par conviction. Et lorsqu’un entraîneur n’est pas convaincu, le joueur finit toujours par payer, peu importe les applaudissements de la foule ou l’amour du public.

La victoire à Pittsburgh ne change rien à ça. Elle donne même à St-Louis le luxe de continuer comme il l’entend, parce que tant que l’équipe gagne, il n’a aucune raison de céder.

Mais pendant ce temps,, Arber Xhekaj regarde l’alignement en se demandant s’il fait encore partie du futur, et la ligue entière observe en se demandant quand Kent Hughes appuiera sur la gâchette.

S’il est encore dans les gradins à New York, ce ne sera plus un hasard.

Ce sera un autre signal que la fin approche, même si personne ne l’a encore annoncée officiellement.