La gestion des gardiens à Montréal vient de franchir un point de non-retour.
Dans un segment à TVA Sports qui fait déjà réagir sur les réseaux sociaux, Jean-Charles Lajoie a lancé ce que plusieurs qualifient de bombe : selon lui, Martin St-Louis a volontairement envoyé Samuel Montembeault au massacre contre les Oilers d’Edmonton, dans l’unique but de régler, de façon cruelle mais définitive, le dossier du gardien numéro un. Un geste assumé, prémédité, et sans pitié. Un geste à la Mike Babcock.
Et le résultat est sans appel : Jakub Dobeš est maintenant le vrai numéro un du Canadien de Montréal.
D’après les propos de Lajoie, il ne fait aucun doute que Martin St-Louis savait exactement ce qu’il faisait. En alignant Dobeš contre Calgary, l’adversaire le plus prenable du voyage dans l’Ouest, puis en gardant Montembeault pour le lendemain face à Connor McDavid et Leon Draisaitl, le coach du CH a renversé l’ordre naturel des choses.
Il aurait pu donner la chance à Montembeault de rebondir en douceur après sa défaite contre les Rangers, contre une équipe comme les Flames. Il aurait pu protéger son vétéran, celui qui les avait menés jusqu’en séries au printemps dernier. Mais il a fait l’inverse.
« Martin a envoyé Dobes à Calgary pour qu’il gagne, et Montembeault à Edmonton pour qu’il perde », résume Lajoie. « Ce n’est pas une erreur. C’est un message. »
Un message qui a coûté cher à Samuel Montembeault, humilié dans un match où il a accordé six buts sur 29 tirs, pour un taux d’efficacité abominable de .793.
Sa moyenne de buts alloués a explosé à 3,82, et son pourcentage d’efficacité plonge maintenant à .842, des chiffres catastrophiques, parmi les pires de l’histoire récente du Canadien.
Si la situation n’était pas déjà dramatique, elle l’est devenue dès la fin du match, quand tous les journalistes ont commencé à parler du match de samedi à Vancouver comme d’un acquis pour Jakub Dobeš.
Montembeault, lui, a disparu du débat. Comme si l’équipe, les partisans et même l’organisation avaient déjà tourné la page. Comme si son temps était terminé.
Jean-Charles Lajoie ne s’est pas gêné pour dire tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas : Martin St-Louis a réglé la controverse en choisissant son camp. Et il l’a fait d’une manière impitoyable.
« Si tu penses que Dobes est ton numéro un, t’as pas le choix, t’élimines l’autre. T’as pas deux numéros un. T’en as un. Et Martin vient de montrer que c’est Dobes », a lancé Lajoie, visiblement ébranlé par la froideur de la manœuvre.
Il a même comparé cette décision aux méthodes du tristement célèbre Mike Babcock, reconnu pour ses stratégies de domination psychologique et ses gestes controversés pour « briser » ses joueurs.
« C’est une technique Babcockienne (Mike Babcock) C’est dur. C’est cruel. Mais c’est assumé. »
Il faut dire que Jakub Dobeš rend la décision facile. Il est tout simplement exceptionnel depuis le début de la saison. Invaincu en quatre départs, avec une moyenne de buts alloués de 1,47 et un pourcentage d’arrêts de .950, il figure déjà parmi les gardiens les plus dominants de la LNH.
Il ne fait pas juste bien jouer : il vole des matchs, inspire confiance, dégage un calme à la Carey Price. Et il le fait sans se plaindre, sans déclarations choc, sans pression.
Contrairement à Montembeault, qui semble écrasé par le poids des attentes, surtout dans un marché comme Montréal où l’étiquette de « gardien québécois » vient avec une charge émotionnelle et médiatique énorme.
Ce n’est pas la première fois que Montembeault se retrouve coincé dans une dynamique injuste. En 2022, il avait volé le filet à Jake Allen pendant une période où l’équipe n’allait nulle part. Puis, dès le retour d’Allen, Montembeault avait été relégué sans ménagement, malgré de bonnes performances.
Cette fois, le scénario s’inverse : c’est lui qui se fait déloger par un jeune gardien en feu. Et contrairement à Allen à l’époque, Montembeault n’aura pas droit à une chance de se racheter. Le message est clair : Dobeš est l’avenir, et le futur, c’est maintenant.
Ce qui frappe, c’est que Martin St-Louis n’a pas encore ouvertement assumé sa décision. Il n’a pas dit que Dobeš est son homme.
Il n’a pas non plus défendu Montembeault. Il laisse la situation évoluer naturellement, en espérant sans doute que les performances parlent d’elles-mêmes. Mais à ce stade-ci, le mutisme du coach commence à ressembler à une forme de lâcheté.
Jean-Charles Lajoie l’a dit : « Si t’as fait ton choix, dis-le. Dis-le à Montembeault. Dis-le aux partisans. Assume. »
La transparence serait un minimum. Parce que la stratégie du silence ne protège personne, elle laisse simplement Montembeault seul dans le vide.
À ce stade, il est difficile d’imaginer comment Montembeault pourrait revenir dans les bonnes grâces de l’organisation.
Sauf blessure ou effondrement complet de Dobeš, le filet ne lui appartient plus. Et si Kent Hughes a réellement reçu des appels d’Edmonton avant que Montembeault n’implose, on peut se demander s’il n’a pas attendu trop longtemps.
Le marché des gardiens est fragile, mais les Oilers, qui cherchent toujours désespérément un plan B à Stuart Skinner et Calvin Pickard, pourraient encore être tentés. Si un échange est possible, ce serait peut-être maintenant ou jamais.
Parce qu’après une performance aussi désastreuse, et une telle perte de confiance, il est difficile de croire que Samuel Montembeault pourra renaître dans ce marché impitoyable.
Le Canadien de Montréal vient peut-être de tourner la page sur une époque. Montembeault a porté ce club jusqu’en séries.
Il a livré bataille soir après soir pour gagner le respect d’un vestiaire, d’un coach, et d’un public exigeant. Mais il a perdu sa guerre contre le temps, contre l’inévitable arrivée d’un jeune lion affamé et déjà prêt.
Dobeš est l’avenir. Montembeault est le passé. Et Martin St-Louis, sans le dire, vient de le confirmer.
