Quand on pense au mot « catastrophe » dans l’univers des Rangers, un nom revient en boucle : Alexis Lafrenière.
Le Québécois, ancien premier choix au total de la LNH en 2020, est devenu malgré lui le symbole d’un projet raté, d’une promesse qui devient un mensonge, et d’un joueur qui semble, tout simplement, avoir abandonné.
Abandonné mentalement, abandonné physiquement, abandonné dans son effort. L’expression n’est pas trop forte : Lafrenière n’a plus l’air d’un joueur en mission, mais bien d’un passager fatigué d’une équipe qui ne sait plus quoi faire avec lui.
À 24 ans à peine, il devrait entrer dans son prime, surtout avec son contrat de 7,45 M$ par année jusqu'en 2032.
Et pourtant, après un début de saison catastrophique (1 but, 2 passes, différentiel de -10 en 10 matchs), il est non seulement éclipsé par des plombiers comme Sam Carrick et Juuso Parssinen, mais il est en train de perdre la foi du vestiaire, de l’état-major, et des partisans.
Du rêve au cauchemar...
Il n’y a pas si longtemps, la saison 2023-2024 nous laissait espérer un tournant. Avec 28 buts et 57 points, et une superbe série éliminatoire ponctuée de 8 buts en 16 matchs, Lafrenière semblait sur la bonne voie.
Les sceptiques commençaient à se raviser. Enfin, Alexis s’imposait comme un top-6 légitime dans la LNH. Mais ce n’était qu’un mirage.
En 92 matchs depuis, il n’a inscrit que 18 maigres buts. Et ce qui choque le plus, c’est qu’il n’a aucune excuse. Il joue sur la première unité du jeu de puissance, il a eu droit à de longues séquences avec Mika Zibanejad et Artemi Panarin, et même dans ses récentes glissades, on continue à le protéger en lui donnant des minutes top-6.
Mais le résultat est sans appel : plus il joue, plus il s’éteint.
Lorsque les Rangers ont embauché Mike Sullivan, deux fois champion de la Coupe Stanley, plusieurs analystes ont vu dans ce changement un tremplin parfait pour relancer Lafrenière. Un système structuré, basé sur la responsabilité défensive, la relance rapide et l’exploitation des ailes.
Mais après 10 matchs, la mayonnaise ne prend pas. Sullivan a déjà changé les trios à répétition. Et maintenant, Lafrenière se retrouve sur un trio de transition avec J.T. Miller et Connor Sheary, loin des glorieux Panarin et Zibanejad. Le message est clair : le coach perd patience.
Et pourtant, même dans cette position amoindrie, Lafrenière continue à obtenir des privilèges : temps d’avantage numérique, minutes importantes en fin de période, et un traitement que d'autres jeunes joueurs n’obtiendraient jamais après un tel rendement.
L’échange est-il devenu inévitable?
À New York, la pression monte pour l’échanger pendant qu’il lui reste encore un peu de valeur. Le New York Post, notamment sous la plume de Larry Brooks, a évoqué à plusieurs reprises l’idée de récupérer un choix de première ronde et/ou des espoirs en retour de Lafrenière.
Plusieurs observateurs affirment que Lafrenière a besoin d’un nouveau départ. Il n’a jamais cadré dans l’identité des Rangers, encore moins dans leur vestiaire vieillissant et bourré de vedettes en fin de cycle.
La patience des dirigeants est usée. Celle des partisans aussi. Et le joueur, lui, semble avoir abandonné l’idée même de se battre pour son poste.
Et c’est là que le nom du Canadien de Montréal revient en boucle.
Et si Jeff Gorton ramenait Lafrenière au Québec? Gorton, rappelons-le, est celui qui a repêché Lafrenière en 2020. Il connaît son potentiel, son tempérament, et pourrait être tenté de lui offrir un nouveau contexte, plus sain avec Martin St-Louis qui a l'habitude de relancer des projets en panique.
Mais est-ce que Kent Hughes et Jeff Gorton iraient jusqu’à offrir un choix de première ronde pour le rapatrier? Voilà la vraie question. Ce serait un pari risqué, mais potentiellement un coup de circuit.
Le CH a de la place à l’aile gauche. Alex Newhook pourrait être rétrogradé au troisième trio, laissant Lafrenière jouer aux côtés de Oliver Kapanen et Ivan Demidov, en attendant le vrai 2e centre qui sera acquis via transaction.
Le public montréalais serait-il plus patient que celui de Manhattan? Pas sûr. Mais au moins, Lafrenière retrouverait un environnement familier, un soutien médiatique plus bienveillant, et une pression différente, mais probablement plus motivante dans un groupe tissé serré et un coach québécois qui est un pédagogue dans le sang.
La question à un million de dollars: Lafrenière est-il un flop total?
À ce stade, la question fait mal, mais doit être posée.
En surface, tout semble l’indiquer. Premier choix au total. 18 buts à ses 92 derniers matchs. Aucun impact constant. Des déceptions en série. Un style de jeu lent, hésitant, sans conviction. Et maintenant, un joueur relégué à des trios de passage, malgré un traitement de faveur que plusieurs jugent injustifié.
Mais certains continuent à croire. Son coéquipier J.T. Miller, qui n'arrête pas de lui crier dessus sur la glace, a pourtant pris sa défense :
« Je me retrouve à ses côtés depuis un peu moins d’un an et je sais qu’il a un talent indéniable, il a des tonnes d’habiletés. Il est un gros morceau de notre équipe. Il arrive aussi à un âge où il peut atteindre une autre étape. »
La réalité, c’est que Lafrenière ne joue plus avec la fougue d’un premier choix. Il joue comme un gars qui n’y croit plus. Comme un joueur en crise existentielle, perdu dans un système qui n’a jamais été bâti pour lui.
Ce qui aggrave la situation, c’est que les Rangers eux-mêmes sont à la croisée des chemins. Panarin vieillit et son contrat se termine, Zibanejad ralentit avec son contrat de 8,5 M$ par année jusqu'en 2030 et même JT Miller commence à montrer des signes d’usure.
Le noyau des Rangers est en chute libre, et Lafrenière, qui devait prendre la relève, n’a jamais répondu à l’appel.
Le tout se déroule dans un contexte où même Panarin et Zibanejad ne performent pas : seulement 7 points pour Panarin, 5 pour Zibanejad, et des critiques constantes sur leur implication défensive. Sans les performances de Shesterkin et Quick, les Rangers seraient bons derniers.
Il reste 72 matchs à la saison, mais pour plusieurs, la décision est déjà prise. Lafrenière ne survivra pas une autre saison à New York. Le mal est fait. Le lien est brisé.
Et s’il veut sauver ce qu’il reste de sa carrière, il devra partir, vite, pendant que certaines équipes croient encore en lui.
Le débat est lancé à Montréal : faut-il tenter le coup? Faut-il parier sur un talent gaspillé, mais récupérable?
Un Lafrenière à bas prix, un choix de 1ère ronde 2026 qui ressemblera à un choix de 2e ronde tellement le CH est en feu, pourrait devenir un coup de génie.
Dossier à suivre...
