Émotion à TVA Sports: l'entrevue d'Alexandre Texier donne des frissons

Émotion à TVA Sports: l'entrevue d'Alexandre Texier donne des frissons

Par David Garel le 2025-12-06

L'entrevue d'Alexandre Texier à TVA Sports... après le but d'une vie... nous a ému au plus au point.

Il existe dans la vie de certains joueurs des moments où tout s’aligne, non pas par magie, mais parce que la souffrance, la patience, la remise en question, l’humilité et la persévérance finissent enfin par livrer leur récompense.

Et samedi soir, au Scotiabank Arena, ce moment-là avait un nom : Alexandre Texier.

Il a offert un un geste technique qui appartient à la petite histoire de la Ligue nationale : une feinte à une main, poussée du revers, placée exactement entre les jambières, exécutée avec un calme légendaire. On surnomme cette feinte "la Texier":

Il n’a pas seulement permis au Canadien de Montréal de renverser les Maple Leafs dans leur propre amphithéâtre.

Il n’a pas seulement mis fin à huit défaites consécutives à Toronto.

Il a livré un aveu, un cri du cœur, une vérité humaine qui a gelé tout le Québec devant son téléviseur.

L’entrevue qu’il a offerte à TVA Sports quelques minutes après son exploit, face à Dave Morissette, Maxim Lapierre et surtout son ami de toujours, Antoine Roussel, a pulvérisé toutes les barrières. Ce n’était plus une entrevue de sport : c’était un morceau de vie:

Car tout le monde le sait, même si on ne le dit pas toujours à voix haute: Alexandre Texier revient de l’enfer.

Il a affronté des démons qui détruisent des carrières. Il a combattu des dépendances. Il a frôlé la rupture avec la LNH. Il a revu sa vie, son hockey, et son identité au complet.

Et quand Morissette lui demande si ce geste était prévu en tirs de barrage, Texier répond dans un français pur, teinté d’un sourire humble qui dit tout :

« Oui, je savais exactement ce que j'allais faire. Je la maîtrise bien… je l’ai faite souvent. Je m’entraîne à ça. »

Ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas un coup de chance. Ce n’est pas un accident.

C’est un homme qui a tout perdu, qui revient, et qui ose.

L’entrevue prend une dimension encore plus poignante quand Morissette lui demande de raconter la signature de son contrat à Montréal.

Texier raconte, la voix calme mais les mots tremblants :

« Je ne savais pas trop pendant 10 à 12 heures où j’allais finir. Ça pouvait être n’importe où dans le monde… C’était un peu stressant. L’appel de Kent… j’ai dit tout de suite : allez go, je ne loupe pas cette chance-là. »

Il parle de son père, qu’il a appelé en premier. Il parle de sa mère, qui était avec lui à Saint-Louis quand tout a basculé. Il parle de ses amis en France, qui suivent le CH religieusement.

On oublie trop souvent que pour un joueur français, Montréal n’est pas une destination comme les autres : c’est la cathédrale.

Et Texier n’a pas seulement signé un contrat : il a choisi de porter un poids que d’autres refusent, un marché qui juge, qui décortique, qui amplifie, qui brûle parfois.

Et pourtant, il a sauté sans hésiter.

Quand Roussel lui demande ce que ça fait de jouer avec les deux recrues les plus excitantes du club (Demidov et Kapanen), Texier ne se cache pas derrière la modestie artificielle des clichés habituels. Il dit la vérité :

« J’ai une opportunité… il faut que je fasse mon trou. Je n’ai pas le talent de Demidov, Kapi joue très bien défensivement, j’essaie d’apporter de la vitesse et de travailler chaque shift. »

Il comprend ce qu’il est, ce qu’il apporte, ce qu’il n’apporte pas. Il ne prétend pas être une vedette. Il ne prétend pas être un miracle. Il veut simplement travailler, et ne plus jamais perdre cette deuxième chance que la vie lui a finalement offerte.

Et ce n’est pas un petit détail qu’il dise :

« Ils sont plus jeunes que moi… je commence à me faire vieux. »

Texier a 25 ans. Mais dans son visage, dans sa façon de parler, on sent un homme de 40 ans qui revient d’une guerre que peu auraient gagnée.

Quand TVA Sports diffuse la réaction de Roussel, ses yeux humides, son sourire impossible à contenir, son explosion de fierté, quelque chose de rare se produit : le hockey devient humain.

Antoine Roussel dit :

« Je l’ai vu dans toutes sortes de compétitions… des fois tu n’as pas l’opportunité de montrer ton talent. Je suis content de l’opportunité que t’as… continue, c’est enivrant… tu nous fais des fans à chaque fois. »

Roussel et Texier sont liés à vie alors qu'ils ont représenté leur pays ensemble, afin de faire de la France un vrai pays de hockey.

Ce n’est pas un journaliste qui parle. Ce n’est pas un analyste. Ce n’est pas un collègue.

C’est un frère qui parle à un frère.

Un homme qui a vu l’autre tomber. se relever et qui sait exactement ce que ce moment représente.

Il n’y avait aucune mise en scène. Aucun artifice. Aucune distance journalistique. C’était deux vies qui se croisent en direct.

Quand on demande à Martin Saint-Louis de commenter le geste de Texier en fusillade, il répond, crampé, mais qui en dit long sur le respect qu’il a pour son joueur :

« Moi, comme joueur, je n’avais jamais ça dans mon bagage. C'est impressionnant. Et le fait qu'on gagne sur cette feinte, c'est juste parfait. »

C’est un message que Texier n’oubliera jamais.

C’est une validation directe de la part d’un membre du Temple de la Renommée, qui a construit sa carrière sur l’impossible, sur le dépassement, sur le talent... mais aussi sur l’audace.

Ce soir-là, Texier a été l’audace incarnée.

Quand on connaît son histoire où il est allé en désintox, le long exil, les remises en question, les nuits sans sommeil, les doutes, les rechutes, les réhabilitations, les doutes encore, on comprend qu’il ne s’agissait pas d’un simple but.

C’était un acte de survie.

Une preuve que l’on peut tomber et revenir et que tout n’est jamais perdu.

Une preuve que le hockey peut pardonner, mais que l’homme doit d’abord se pardonner lui-même.

Et ce soir, chez l'ennemi torontois, Alexandre Texier s’est pardonné.

Devant le Québec entier. Devant ses amis en France. Devant son père. Devant sa mère. Devant Antoine Roussel. Et devant son entraîneur, qui a cru en lui, malgré tout.