Santé mentale d'Alexandre Texier: une leçon humaine sans précédent

Santé mentale d'Alexandre Texier: une leçon humaine sans précédent

Par David Garel le 2025-12-11

Alexandre Texier est la preuve vivante que Martin St-Louis peut encore voir clair dans le talent

Certains le voyaient comme un simple bouche-trou. Alexandre Texier les fait mentir, lui qui connaît un match d’une intelligence et d’une maturité absolument renversantes contre les Penguins.

Il domine dans les deux sens de la patinoire et a marqué son premier but avec un tir magnifique:

Il force tout le monde (les haters) à réévaluer, rapidement, brutalement, à quel point ils l’avaient mal jugé.

Il faut l’admettre : Texier joue du hockey de très haut niveau, du hockey qui respire. Il voit la glace une demi-seconde plus vite que les autres, du hockey où chaque détail est exécuté avec une conscience professionnelle qui explose en pleine figure de ceux qui le traitaient de passager, de figurant ou de joueur de Ligue américaine recyclé.

Ce soir, dans cette première période, il est le meilleur joueur du Canadien, point final.

Et il est le meilleur parce que, pour une fois, Martin St-Louis a mis son entêtement de côté et a offert à un joueur une opportunité fondée sur ce qu’il pourrait devenir plutôt que sur ce qu’on pense qu’il est.

Texier, c’est la rédemption sportive dans sa forme la plus pure.

Dénoncé sur les réseaux sociaux comme une insulte au bassin des espoirs,

Qualifié de « zéro », de « trou noir », de « boulet », de « passager fantôme ».

Pourtant, il montre un calme technique que personne ne lui attribuait.

Ce but est l’expression d’un joueur qui a enfin retrouvé son hockey intérieur, le hockey qu’il avait étouffé sous les blessures, les détours de carrière, les doutes, ses problèmes de dépendance, les étiquettes collées trop vite.

Ce n'est pas seulement une renaissance sportive, c’est une victoire humaine absolument bouleversante : il y a quelques années à peine, Texier était au plus bas, englouti par la dépression, aux prises avec des problèmes de dépendance, dans un état mental si fragile que, selon plusieurs témoignages dans le milieu, il a déjà traversé des pensées noires d’une extrême gravité, au point où sa propre survie était en jeué

En voyant ce qu’il est en train d’accomplir aujourd’hui sous les projecteurs les plus impitoyables de la LNH, dans un marché "malade" comme Montréal, ça donne littéralement des frissons dans le dos, parce qu’on ne parle plus seulement d’un joueur qui marque un but ou qui gagne une bataille en zone neutre, mais d’un homme qui a , qui a choisi de se battre, de demander de l’aide, de reconstruire pièce par pièce ce qui avait été brisé.

Et c’est là qu’entre Martin St-Louis, l’homme aux contradictions.

On peut légitimement lui reprocher son incapacité chronique à gérer le talent brut d’Ivan Demidov, sa rigidité maniaque avec les jeunes offensifs, sa tendance à « tuer la créativité dans l’œuf », comme le disent plusieurs dans le milieu.

On peut lui reprocher son système défensif démesurément exigeant, ses décisions jouent au yoyo avec Bolduc , sur le banc comme un figurant ou parachuté sur le premier trio en panique, ses explications qui tournent en rond.

Mais il faut aussi reconnaître ceci :

Martin St-Louis a vu quelque chose dans Alexandre Texier.

Quelque chose que le reste de la planète n’a pas vu.

Et surtout, il lui a donné l’espace nécessaire pour redevenir un joueur de la LNH légitime.

Oui, St-Louis échoue avec Demidov.

Oui, il met Bolduc en crise.

Oui, il est parfois son pire ennemi.

Mais avec Texier, il a touché juste.

Il a vu ce que les autres n’ont pas vu : un talent sous la surface, un sens du jeu supérieur, un joueur mûr, complet, intelligent, qui attendait seulement qu’un coach ose lui dire :

« Vas-y. Montre-leur ce que tu as dans le ventre. »

Alors oui, on critique St-Louis. Oui, on doute de lui. Oui, on l’accuse parfois, à raison, d’être allergique au talent.

Mais ce soir, force est d’admettre que l’intuition qu’il a eue avec Texier fait partie de ces décisions qui peuvent redéfinir une carrière… et peut-être même une saison.

Et peut-être la preuve qu’il existe encore dans le cœur de Martin St-Louis une parcelle de l’ancien joueur génial qui savait reconnaître un autre joueur génial quand il en voyait un.