Arrivée d'un ailier gauche à Montréal: c'est la fin de Patrik Laine

Arrivée d'un ailier gauche à Montréal: c'est la fin de Patrik Laine

Par David Garel le 2025-10-16

Pendant que Patrik Laine accumule les déceptions et glisse vers une fin de carrière sans éclat, Alexander Zharovsky, lui, écrit la plus belle surprise du début de saison du Canadien : un bijou de 18 ans qui brille déjà dans la KHL comme s’il avait grandi dans la LNH.

Et ce chemin inversé de destin illustre parfaitement la transition silencieuse qui s’opère à Montréal : la fin de l’ère Laine et l’avènement d’un nouveau nom que les partisans devront apprendre à prononcer correctement: Zharovsky, repêché 34e au total, véritable vol de Kent Hughes et Jeff Gorton.

Six points en sept matchs dans la KHL.

Deux points lors de son dernier match contre Metallurg : une passe et un but de toute beauté, déjà viral sur les réseaux russes et repris par le compte officiel de la ligue.

Sur la séquence, Zharovsky entre en zone offensive, feinte le défenseur, coupe vers le filet et, du revers, glisse la rondelle sous la mitaine. Un geste de grand joueur.

« This kid! », écrivait le compte officiel de la KHL. À 18 ans seulement, il dégage la confiance d’un vétéran.

Et ce n’est pas un hasard. Il faut des circonstances exceptionnelles pour qu’un jeune de 18 ans obtienne un temps de glace régulier dans une ligue où les entraîneurs font habituellement confiance aux trentenaires. Pourtant, l’entraîneur Viktor Kozlov lui donne sa chance, et le jeune la saisit à pleines mains.

À Montréal, tout le monde en parle : Zharovsky et Demidov entretiennent déjà une complicité à distance.

Amis d'enfance, ayant grandi ensemble, les deux jeunes Russes ont été en contact dès le repêchage. Ils échangent souvent sur WhatsApp, se félicitent après chaque match. L’un brille dans la KHL, l’autre commence à électriser le Centre Bell.

Ce sont deux pièces du même plan : le renouveau russe du Canadien.

Dans l’organisation, plusieurs voient déjà Zharovsky comme le futur ailier gauche du deuxième trio, derrière Cole Caufield.

À court terme, il pourrait évoluer avec Michael Hage et Demidov, un trio de finesse, d’intelligence et d’instinct offensif pur.

À long terme, il incarne exactement ce que Kent Hughes cherche : du talent brut, sans arrogance, avec une mentalité de compétition constante.

Zharovsky, c’est un mélange rare : des mains douces comme celles d’un joueur de centre, mais un instinct d’ailier pur.

Il coupe au filet, il anticipe les rebonds, il joue dans les espaces morts où les défenseurs hésitent à aller.

Il n’est pas le plus rapide en ligne droite, mais sa lecture du jeu lui donne toujours une seconde d’avance.

Et surtout, il marque des buts de hockeyeur intelligent, pas de joueur opportuniste.

À 18 ans, il ne se cache pas dans les coins, ne fuit pas les contacts, et ne panique jamais avec la rondelle.

Pendant ce temps, Patrik Laine sombre.

L'été dernier, on rêvait d’un Laine renaissant, d’un tireur d’élite qui allait redonner du lustre au jeu de puissance du Canadien.

Aujourd’hui, il n’est plus qu’un nom.

Il semble toujours blessé physiquement et à l'âme, lent, sans intensité, il n’a plus sa place dans le top 6.

Tous les alliés gauches du club (Caufield, Bolduc, Newhook) sont déjà devant lui dans la hiérarchie.

Et le pire, c’est que personne ne semble croire qu’il va se relever.

Les dirigeants ne parlent plus de lui, les recruteurs savent qu’il ne sera pas prolongé, et aucun club ne semble prêt à lui offrir une chance sur le marché des agents libres.

Patrik Laine est un joueur de 27 ans au corps de 40.

Il n’a plus le feu, plus la vitesse, plus le désir.

Pendant que Laine voit sa carrière s'envoler en mille morceaux, le jeune Russe devient la nouvelle obsession du recrutement du CH.

Repêcher Zharovsky 34e au total, c’était un pari.

Un joueur peu connu en Amérique, mais déjà dominant dans les programmes juniors russes.

Beaucoup d’équipes ont hésité à cause de sa blessure de 2024, une fracture du poignet qui lui avait coûté trois mois d’action.

Mais le Canadien a fait ses devoirs.

Les rapports de dépisteurs étaient unanimes : des mains d’élite, un sens du jeu supérieur, et surtout, un caractère calme, réfléchi.

Le genre de profil que Jeff Gorton adore, un joueur qui ne panique jamais, même dans les moments chauds.

Aujourd’hui, ce choix ressemble à un vol pur et simple.

À 18 ans, Zharovsky est déjà près d’un point par match dans la deuxième meilleure ligue au monde.

À titre de comparaison, Kirill Kaprizov, au même âge, produisait à un rythme inférieur en KHL.

En Russie, les médias commencent à parler de lui comme du « jeune Montréalais ».

Son nom circule partout, notamment parce que la KHL ne regorge pas de joueurs de 18 ans aussi constants.

Les fans du CSKA, de SKA et du Metallurg réclament déjà plus de minutes pour lui.

Et Viktor Kozlov, son entraîneur, ne tarit pas d’éloges :

« Il a une maturité rare pour son âge. Il écoute, il apprend, et il ne recule jamais. »

Cette phrase résonne fort à Montréal, où la patience avec certains jeunes commence à s’effondrer.

Dans deux ans, l’aile gauche du Canadien pourrait être redessinée :

Caufield sur le premier trio avec Suzuki.

Zharovsky sur le deuxième, aux côtés de Hage et Demidov.

Ou Zachary Bolduc...car on sent que le Russe et le Québécois seront en compétition.

C’est la projection la plus réaliste, la plus excitante, et surtout la plus cohérente avec la philosophie de Kent Hughes : bâtir autour de jeunes créateurs de jeu, pas de mercenaires fatigués.

Zharovsky incarne exactement ce que Montréal veut devenir : rapide, précis, créatif.

Et contrairement à Laine, il ne vit pas sur son tir. Il fabrique le jeu.

À ce rythme, il pourrait traverser l’Atlantique plus tôt qu’on le pense.

S’il maintient ce rendement d’ici Noël, le Canadien pourrait tenter de le rapatrier dès 2026, une fois sa saison KHL terminée.

Son contrat en Russie se termine au printemps, et les discussions avec son agent indiquent déjà une ouverture à un saut prématuré en Amérique du Nord.

Il est trop fort pour son âge.

Et il commence à montrer qu’il a la tête d’un joueur de LNH.

Pendant que Zharovsky trace sa route, Laine s’éloigne de tout.

Même s’il revenait à la santé, il n’a plus d’espace à Montréal.

Le message de Kent Hughes est clair : on regarde vers l’avenir, pas vers le passé.

Et cet avenir, il a un nom nouveau, frais, excitant : Alexander Zharovsky.

Deux destins inversés.

L’un est une étoile montante, patiente et travaillante.

L’autre, un ancien prodige qui s’éteint lentement.

Pour Laine, la LNH sera bientôt déjà derrière lui.

Pour Zharovsky, elle s’en vient vite.

Montréal n’a plus besoin de s’accrocher aux fantômes.