Acquisition d'un 2e centre: Kent Hughes frappe un coup de circuit

Acquisition d'un 2e centre: Kent Hughes frappe un coup de circuit

Par David Garel le 2025-10-25

Le CH aurait déjà acquis son 2e centre.

La sélection d’Alexander Zharovsky au 34e rang du repêchage 2025 fait partie de ces coups de maître que seule une organisation visionnaire sait provoquer.

Pendant que d’autres clubs doutaient, le Canadien de Montréal a mis la main sur un diamant russe de 18 ans qui, quelques mois plus tard, est déjà en train de réécrire le scénario.

À Oufa, avec la pire équipe de la KHL, Salavat Yulayev, sans budget et obligé de faire jouer des adolescents, Zharovsky a pris le contrôle.

D’abord utilisé à l’aile gauche pour le protéger, son entraîneur Viktor Kozlov, ancien joueur de plus de 1 000 matchs dans la LNH, l’a déplacé au centre. Et depuis, c’est une révélation.

Dans une ligue aussi exigeante que la KHL, le jeune Russe s’adapte avec une aisance déconcertante : neuf points en onze matchs, soit un rythme supérieur à celui d’Ivan Demidov à pareille date l’an dernier.

Encore un but magnifique en avantage numérique aujourd'hui, son 4e de la saison:

Quand Kent Hughes a annoncé le nom de Zharovsky en deuxième ronde, peu de partisans savaient qui il était. Même en Russie, il évoluait sous le radar.

Mais ceux qui l’avaient vu jouer parlaient d’un joueur rare : rapide, intelligent, doté d’un instinct offensif naturel, mais surtout d’un calme anormal pour son âge.

Aujourd’hui, tout le monde le voit.

Ses quatre buts et cinq passes, sa moyenne de 0,82 point par match, son rôle déjà central dans l’une des équipes les plus modestes du championnat, tout cela montre qu’il n’est pas un hasard du repêchage.

Mais c’est son déplacement au centre qui a tout changé.

Kozlov l’a tenté à cette position d’abord en présaison, avant de trancher : il devait y revenir. Il voulait tester sa vision, sa capacité à distribuer la rondelle sous pression, à supporter la responsabilité défensive d’un centre complet.

Le résultat dépasse les attentes : Zharovsky s’est métamorphosé en meneur de jeu.

Kozlov n’est pas un entraîneur tendre. Son passé dans la LNH, sa réputation d’homme exigeant et sa compréhension du développement des jeunes en font une sorte de mentor brutal. Et il a vite compris que Zharovsky devait être brisé pour grandir.

Au début de la saison, il l’a cloué au banc après deux pénalités stupides contre Magnitogorsk. Il voulait lui envoyer un message : le talent ne suffit pas. Mais dès qu’il lui a redonné une chance en troisième période, le jeune a provoqué deux buts. Kozlov l’a dit à TVA Sports :

« Ce qui m’impressionne, c’est qu’il peut m’aider même à froid. »

Depuis ce soir-là, la relation entre les deux hommes a changé.

Kozlov lui donne plus de 17 minutes par match, des missions en avantage numérique, et surtout des responsabilités au centre. Il le teste dans tous les contextes.

Et plus il lui en donne, plus Zharovsky livre.

Ce qui frappe, chez Zharovsky, ce n’est pas seulement le talent. C’est la manière dont il pense le jeu.
À 18 ans, il joue déjà comme un centre de 25 : il anticipe, temporise, dirige le tempo. Son jeu rappelle celui d’un Nicklas Backstrom jeune, avec une touche de Kaprizov dans la créativité.

Kozlov le dit sans détour :

« Il bat les joueurs avec ses mains, mais surtout avec ses yeux. Il comprend la glace avant les autres. »

Cette lecture de jeu explique pourquoi le Canadien le voit déjà comme un futur deuxième centre ou un 2e ailier gaucher. Tout dépendra si Michael Hage peut prouver qu'il est un futur centre ou un futur ailier dans la LNH.

Peu importe, les deux vont jouer ensemble sur le 2e trio pour la prochaine décennie.

Deux diamants bruts… qui jouent comme des vétérans...

Il faut comprendre le contexte.

Le Salavat Yulaev d’Oufa traverse une crise financière. L’équipe a dû libérer Josh Leivo, son meilleur attaquant, simplement pour réduire la masse salariale.

Kozlov n’a donc plus le choix : il mise sur la jeunesse. Et Zharovsky, propulsé dans un rôle démesuré, ne s’est pas écroulé.

C’est là que tout le monde a compris.

Un adolescent qui domine dans une équipe qui se noie, c’est souvent le signe d’un joueur spécial.

Et quand on compare ses chiffres à ceux d’Ivan Demidov à Saint-Pétersbourg la saison dernière, la ressemblance est troublante :

Demidov après 11 matchs en 2023 : 8 points

Zharovsky après 11 matchs en 2025 : 9 points

Même âge, même ligue, même rythme. Et surtout, la même sérénité.

Le Canadien tient peut-être déjà son duo russe.

À Montréal, les dirigeants suivent chaque match.

Kent Hughes et Jeff Gorton savent qu’ils ont frappé un coup de circuit.

En Demidov et Zharovsky, ils ont peut-être trouvé les deux pôles d’un futur duo russe : l’un sur l’aile droite, l’autre au centre ou à l'aile gauche.

Et avec Michael Hage, peu importe qui est au centre, on parle d'un trio incroyable.

Ce n’est pas un hasard si Kozlov a laissé entendre qu’il avait discuté avec les représentants du Canadien. Dans son entrevue avec Nicolas Cloutier, il a même lâché, mi-sérieux mi-ironique :

« Quand il aura atteint son apogée, Montréal va le prendre. Vous, à Montréal, vous prenez toujours les bons joueurs au bon moment. »

Derrière la blague, il y a un respect réel. Kozlov comprend que le CH laisse le temps à son joueur. Le contrat de Zharovsky à Oufa se termine en 2027, et tout le monde s’accorde à dire qu’il ne viendra pas avant.

Ce n’est pas une punition. C’est un plan.

Le Canadien ne veut pas le brûler. Il veut qu’il arrive complet, formé, prêt à encaisser le poids médiatique de Montréal.

C’est là que réside toute la subtilité.

Demidov, à 18 ans, a été propulsé dans la LNH avec un immense battage médiatique. Il s’en sort parce qu’il est fort, charismatique et mentalement préparé. Mais tout le monde a vu comment le feu médiatique peut consumer un jeune.

Kozlov, lui, veut éviter ça à Zharovsky.

« C’est un enfant. Il doit devenir un homme. Il a la tête, mais pas encore les muscles », dit-il.

C’est pourquoi il le garde à distance du show, tout en l’exposant au vrai hockey : celui de la fatigue, des mises au jeu, de la responsabilité défensive.

Et ironiquement, en le plaçant au centre, il le prépare précisément à ce que Montréal attend de lui.

Son profil correspond exactement à ce que cherche Kent Hughes :

 Vision de jeu élite ;

Vitesse d’exécution ;

Responsabilité défensive ;

Capacité à créer l’attaque par la transition.

Ce que fait Viktor Kozlov en Russie, c’est plus qu’un développement. C’est une leçon.

Il rappelle que le talent doit se construire lentement. Que l’humilité précède la gloire.

« Tout le monde dans le personnel essaie de lui rappeler que ce n’est pas assez », dit-il.

Et à travers ces mots, Montréal doit entendre l’avertissement.

Ne pas refaire l’erreur de brûler un talent pour plaire au public.

Ne pas répéter l’impatience qui a marqué le développement de tant de jeunes avant lui.

Zharovsky grandit dans le bon climat. Il apprend à être un centre. Et pendant que les projecteurs restent braqués sur Demidov à Montréal, dans l’ombre, le Canadien prépare l'arrivée d'un autre prodige.

Il y a quelque chose d’irréel dans cette histoire.

Le Canadien possède peut-être déjà son prochain deuxième centre… et il joue à 7 000 kilomètres du Centre Bell.

Excitant...