Joe Veleno signe à Montréal.
C’est tombé comme une onde de choc juste avant 11 heures du matin: Joe Veleno vient de signer avec le Canadien de Montréal.
Le même Veleno que l’organisation avait observé, puis ignoré. Le même qui s’était entraîné à Brossard aux côtés de Nick Suzuki, Jake Evans, Alexandre Carrier et Ivan Demidov… avant que tout le monde ne lui tourne le dos.
Un mois après le refus glacial et public rapporté par Tony Marinaro, le CH a finalement choisi d’ouvrir la porte au centre gaucher québécois.
Et soudainement, toute la dynamique change. Ce revirement spectaculaire vient balayer la rumeur Nazem Kadri, et surtout, il met un point final à l’humiliation qu’avait subie Veleno aux yeux de tous.
Rappelons que plus tôt en juillet, Tony Marinaro affirmait que le Canadien n’était pas intéressé à signer Joe Veleno.
Une information crédible, fondée, transmise dans le feu des discussions post-rachat par le Kraken de Seattle. Le message, à l’époque, était clair : le Canadien avait étudié le dossier, discuté, puis choisi de ne pas aller plus loin.
Mais ce que Marinaro ne disait pas, et ce que personne ne savait, c’est que le nœud du désaccord semblait tourner autour du format du contrat.
Finalement, Veleno va empocher 900 000 dollars garantis. (contrat one-way).
On parle d’une entente à faible risque pour le Canadien. À ce prix-là, Kent Hughes ne se compromet pas financièrement, tout en s’offrant une option intéressante pour combler un besoin énorme au centre, surtout du côté gauche.
C’est aussi un chiffre révélateur : le CH ne promet rien, mais ouvre clairement la porte à une audition honnête, que ce soit à Montréal ou à Laval.
Mais attention: son poste n’est absolument pas garanti. Le Canadien l’a peut-être choisi comme solution temporaire à gauche au centre, mais il devra se battre avec acharnement pour mériter sa place dans l’alignement.
On parle ici d’un groupe jeune, compétitif, et où chaque position est chèrement disputée.
Cela dit, le fait que Veleno soit gaucher lui donne un net avantage dans la lutte pour le poste de quatrième centre. Depuis le départ de Christian Dvorak, le CH est à la recherche d’un centre naturel gaucher. Or, Nick Suzuki, Kirby Dach, Jake Evans, Owen Beck, Oliver Kapanen, tous sont droitiers. Et dans les mises au jeu critiques, ce détail peut faire toute la différence.
C’est justement là que la signature de Veleno devient une très mauvaise nouvelle pour Owen Beck. Le jeune homme, qui croyait avoir une véritable occasion de se tailler un poste cette année, vient de voir une nouvelle barrière se dresser devant lui.
L’organisation lui avait déjà proposé en juin aux Islanders de New York, dans une transaction qui incluait aussi les choix 16 et 17 pour faire l’acquisition de Noah Dobson. Mais les Islanders ont refusé, préférant Emil Heineman à Beck.
Et maintenant? Avec Veleno dans le portrait, Beck recule encore d’un cran dans la hiérarchie. Même s’il est plus complet défensivement, même s’il a le profil idéal de centre droitier de quatrième trio, le fait qu’il soit un droitier dans une mer de droitiers lui nuit grandement.
C’est un coup dur pour Beck, un jeune que l’organisation aime, mais qui, année après année, voit des vétérans ou des acquisitions lui voler des opportunités réelles.
Et ce n’est pas fini : s’il ne perce pas l’alignement cette année, il pourrait très bien devenir une pièce monnayable dans une autre transaction.
Beck a mal au coeur quand il voit Joe Veleno débarquer avec un profil presque sur mesure pour combler un besoin immédiat du Canadien.
Le Canadien vient de prendre tout le monde de court.
Cette signature, aussi surprenante soit-elle, est aussi un message sans équivoque à Nazem Kadri.
Depuis des jours, les rumeurs envoyaient Kadri à Montréal, et selon Nick Kypreos, le vétéran de 34 ans avait même levé sa clause de non-mouvement pour le CH.
Mais Kent Hughes, visiblement irrité par l’emballement médiatique, avait laissé fuir dans les médias son absence d’intérêt.
Aujourd’hui, cette signature vient confirmer définitivement que Kadri n’est pas le bienvenu à Montréal. Car Veleno, c’est aussi un centre gaucher. Moins expérimenté, certes. Un plombier et non une vedette comme Kadri. Moins flamboyant. Mais jeune, québécois, motivé, et surtout abordable.
C’est un choix stratégique. Un refus net d’embarquer dans l’aventure Kadri. Un rejet silencieux, mais brutal, pour un joueur qui espérait pourtant encore une transaction vers le Centre Bell.
Pour Joe Veleno, c’est la récompense d’une persévérance rare. Racheté. Abandonné. Inutile aux yeux de Détroit, échangé à Chicago, puis échangé/racheté à Seattle.
Le Québec l’avait presque pleuré. On avait vu en lui le symbole d’un système cruel, d’un rêve québécois brisé par la LNH sans pitié.
Mais il est resté. Il s’est entraîné. Il a attendu.
Et aujourd’hui, le téléphone a sonné.
Sur papier, oui. Veleno est un centre gaucher de 6’1, 200 livres, avec plus de 300 matchs d’expérience. Il n’a jamais explosé, mais il a survécu. Il est encore jeune (25 ans). Il peut jouer sur un 4e trio, voire le 3e en cas de blessure. Il peut aller à Laval, si besoin. Et surtout : il veut être ici.
À l’inverse, Kadri aurait coûté cher. Très cher. Quatre ans à 7 millions par saison, un vétéran vieillissant, difficile à déplacer si ça tourne mal. Et un joueur qui aurait poussé Kirby Dachm enfonçant encore plus sa présence.
Avec cette signature, Kent Hughes confirme sa ligne directrice : miser sur la jeunesse, sur les Québécois, et sur les contrats flexibles. Il refuse les grosses pointures en fin de carrière. Il refuse de compromettre l’avenir du CH pour une victoire symbolique.
Mais il offre une bouée à ceux qui veulent vraiment faire partie du projet. Et Joe Veleno est ce joueur.
Il n’est pas là pour voler la vedette. Il est là pour se battre pour une place, redéfinir son rôle, et prouver qu’on peut encore croire en lui.
La signature de Joe Veleno n’est peut-être pas une grande annonce. Ce n’est pas un coup d’éclat. Ce n’est pas un changement de cap.
Mais c’est un moment.
Un moment où le rejet devient renaissance. Un moment où le silence devient opportunité. Un moment où le Canadien dit à un joueur québécois déchu : on te donne une chance.
Et dans le même souffle, il dit à Nazem Kadri : bonne chance ailleurs. Nous, on regarde vers l’avenir.
À suivre…