Acquisition Montréal-Washington: Kent Hughes trahit la famille

Acquisition Montréal-Washington: Kent Hughes trahit la famille

Par David Garel le 2025-09-28

Le cauchemar oublié : à Montréal, on ne regrette plus seulement Michkov… on pleure Ryan Leonard

Il y a des erreurs qu’on commet les yeux ouverts. D’autres, en pleine panique. Et puis il y a celles qu’on appelle, avec le recul, des actes de lâcheté organisationnelle.

Le 28 juin 2023, le Canadien de Montréal a commis une double erreur de casting. Et aujourd’hui, pendant que Matvei Michkov brûle la LNH à Philadelphie et que Ryan Leonard signe son contrat d’entrée à Washington en affichant la fougue d’un futur capitaine, le Tricolore regarde David Reinbacher s’effondrer sous le poids d’une fracture à la main et d’une pression démesurée.

Le Québec a déjà commencé à tourner la page sur Michkov. La blessure est vive, mais elle est assumée. « Trop risqué de briser la chimie dans le vestiaire car Michkov est un poison», disait-on.

« Trop capricieux. » Mais ce qu’on avait ignoré, c’était le nom derrière Michkov. Celui qui, dans les coulisses, était le réel coup de cœur de Kent Hughes : Ryan Leonard.

Comble de malheur: Ryan Leonard a marqué le but de l'année:

Et lui, contrairement à Michkov, ne représentait aucun danger politique, aucun risque de KHL, aucun mystère de personnalité. Leonard était le choix facile. Le choix logique. Le choix naturel.

Mais Montréal a eu peur.

Leonard aurait "fité" dans la culture tout de suite lui. Un ailier droit capable de jouer au centre, qui frappe, qui dérange, qui marque. Un clone des frères Tkachuk. Un joueur bâti pour Montréal. Un joueur que Kent Hughes connaissait personnellement. Et qu’il a laissé passer.

Aujourd’hui, Leonard a signé avec les Capitals de Washington. Il est prêt pour la LNH. Il sort d’une saison dominante à Boston College, où il a marqué les esprits autant que les buts.

Il a été le cœur et l’âme de l’équipe américaine au Championnat mondial junior. Il est charismatique, talentueux, robuste. Il respire le hockey. Il respire le leadership. Et il est en feu.

Et pendant que lui se prépare à affronter les vedettes de la LNH en octobre, David Reinbacher passe une autre semaine à l’infirmerie de Laval, après une énième blessure, une autre absence, une autre fracture. Le Canadien de Montréal s’est trompé. Deux fois.

Le jour du repêchage, tout était possible. Matvei Michkov était toujours disponible. Ryan Leonard aussi. Le CH était assis sur une bombe. Il pouvait relancer son identité. Créer un duo Leonard-Demidov à l’aile droite pour les dix prochaines années. Une folie. Une renaissance.

Mais Jeff Gorton et Nick Bobrov ont imposé leur vision : un défenseur droitier. Un « besoin organisationnel ». Le mot qui tue. Le mot qui transforme le rêve en cauchemar.

Et David Reinbacher, bon soldat, bon gars, bon joueur défensif, est devenu le symbole de cette prudence maladive qui paralyse l’organisation depuis une décennie. On ne repêche plus pour briller. On repêche pour ne pas se tromper.

Mais se retenir de prendre un risque, c’est parfois la pire des erreurs.

Hughes voulait Leonard. Il a cédé.

Ce n’est un secret pour personne : Kent Hughes aimait Leonard. Il l’avait vu évoluer de près. Il connaissait sa famille. Il savait qu’il était un « gamer », un gars de caractère, un leader naturel. Il avait vu dans Leonard ce que tout le Québec réclame : du chien, du grit, du feu.

Ce que peu de gens savent, c’est que Ryan Leonard faisait pratiquement partie de la famille personnelle de Kent Hughes.

Avant même d’endosser le rôle de directeur général du Canadien, Hughes était un conseiller influent dans le circuit amateur américain, particulièrement dans la région du Massachusetts.

Son fils Riley évoluait au sein du programme de développement américain (USNTDP) et fréquentait le même environnement académique et sportif que Leonard. 

Leonard n’était pas seulement un cogneur : c’était un étudiant du jeu, un obsédé de la vidéo, un leader vocal et charismatique dans les vestiaires.

À chaque tournoi, à chaque camp d’élite, à chaque dîner d’équipe, Hughes croisait Leonard. Il le voyait interagir avec ses fils.

Il connaissait ses parents. Il avait vu son frère John, un gardien de l’organisation des Bruins, gravir les échelons du développement.

Il savait que cette famille respirait la rigueur et la résilience. Leonard n’était pas une énigme pour lui : c’était un pari sûr, une valeur connue, un choix du cœur et de la raison. Et pourtant, à la table du repêchage, Hughes a dû ravaler cette proximité. Il a regardé Leonard dans les yeux… et il a laissé d’autres l’embrasser.

Mais Hughes n’était pas seul. Et dans une organisation où Jeff Gorton et Nick Bobrov tiennent les commandes du recrutement, il a préféré la paix interne à l’instinct. Il a plié.

Et il a repêché un défenseur qui ne cadre pas du tout avec le style du CH. Reinbacher n’a jamais été un puck mover. Il n’a jamais été flamboyant. Et il n’est manifestement pas prêt pour Montréal.

Pendant ce temps, Leonard frappe, Leonard patine, Leonard marque. Il fait déjà peur à la LNH.

Un mal irréversible?

Ce n’est pas seulement une erreur de talent. C’est une erreur d’identité. Leonard, c’est l’âme d’une équipe. C’est un gars qui galvanise. Qui rentre dans les coins. Qui fait lever le Centre Bell.

Il aurait été la passerelle parfaite entre l’ancienne garde (Gallagher) et la nouvelle (Suzuki, Slafkovsky, Demidov). Il aurait pu être le prochain capitaine.

Mais à Montréal, on a préféré miser sur le conservatisme. Encore. Et aujourd’hui, le regret est immense.

Le plus cruel dans tout ça? C’est que Reinbacher n’est même pas mauvais. Il est juste… ordinaire. Il joue comme un 19e choix au total. Pas comme un cinquième. Il est fragile. Il recule devant le contact. Il panique avec la rondelle. Et maintenant, il est blessé. Encore.

Il n’y a plus de ligne de défense. Il n’y a plus d’excuse. Pendant que Michkov empile les buts à Philadelphie, pendant que Leonard s’impose dans les entraînements des Capitals, Reinbacher peine à compléter une relance propre dans la AHL.

Et quand Kent Hughes dort le soir, il ne pense même plus à Michkov.

Il pense à Leonard.

À Montréal, les partisans ne sont pas naïfs. Ils ont compris. Ils voient les vidéos. Les highlights. Les buts de Leonard. Les passes aveugles. Les mises en échec. Le feu dans les yeux. Ils comparent. Ils jugent. Et ils condamnent.

Sur les réseaux sociaux, les critiques pleuvent. Les journalistes font des pieds et des mains pour défendre Reinbacher, mais le public n’achète plus les récits.

Parce que Leonard, c’était le fit parfait. Et on l’a laissé filer.

À Washington, les Caps ne s’en cachent même plus : Leonard est le cœur du futur des Capitals. Un ailier droit droitier, intense, complet, qui va porter l’héritage de Tom Wilson, mais avec plus de talent pur. Et dès cette saison, il va jouer. Pas comme un essai. Comme une solution.

Les Capitals n’ont pas hésité. Pas comme le CH. Ils ont vu un leader, un compétiteur, un moteur.

Et pendant ce temps, Montréal voit un genou opéré, une fracture à la main… et une carrière qui tremble.

Le Canadien de Montréal a raté Michkov. Mais il a surtout trahi Leonard. Il a trahi Kent Hughes lui-même, qui croyait en ce joueur. Il a trahi ses partisans, qui auraient adoré son style. Il a trahi Martin St-Louis, qui aurait pu façonner un monstre émotionnel avec lui.

Il a trahi sa propre identité.

Et maintenant, tout ce qu’il reste, c’est un regret. Un de plus.

Ryan Leonard aurait pu être l’âme du Canadien. Il est devenu la preuve vivante que le CH a encore peur de gagner.