Triste destin: le Québec abandonne Zachary Bolduc

Triste destin: le Québec abandonne Zachary Bolduc

Par David Garel le 2025-11-25

Le Québec l’a porté, maintenant il l’abandonne.

Il y a quelque chose de presque tragique dans la situation actuelle de Zachary Bolduc, parce que s’il y a bien un jeune joueur que les médias québécois avaient choisi de protéger coûte que coûte, d’élever, de défendre, de justifier, de cajoler même lorsque son jeu flanchait, c’était lui, et pourtant on assiste en ce moment à un renversement brutal, presque violent, comme si une machine entière qui l’avait porté sur ses épaules venait soudainement de le déposer sur le trottoir sans prévenir, en laissant courir le message que “maintenant, débrouille-toi”.

Car depuis trois matchs, les statistiques avancées ont parlé et, Dieu sait, elles n’aiment pas Zachary Bolduc, et chaque chiffre, chaque ratio déficient, chaque taux de possession horrible, chaque entrée de zone ratée, chaque présence défensive catastrophique, renvoie la même vérité crue : le trio Suzuki - Caufield - Bolduc est devenu, objectivement, le pire trio du Canadien de Montréal, ce qui est une phrase lourde de conséquences quand on pense que c’est censé être le trio numéro un, l’unité autour de laquelle toute l’attaque est censée se construire.

Cette conclusion glaciale, atténué par certains analystes québécois, est maintenant lancé sans hésitation, sans nuance, sans gants blancs : l'ancien joueur de la LNH, Éric Bélanger, l’a dit clairement: Bolduc doit en donner plus, beaucoup plus, infiniment plus.

Bélanger était le premier à dire que Bolduc était maltraité par Martin St-Louis. Et voilà qu'il l'abandonne.

C’est fascinant à quel point son intervention a ouvert la porte aux autres, parce que depuis sa sortie, tout le monde s’y met, TVA Sports comme RDS, qui n’hésitent plus à montrer noir sur blanc, chiffres à l’appui, que le premier trio du CH, avec Bolduc à gauche, ne génère plus rien, ne crée plus rien, ne menace plus personne, et pire encore : il s’enlise.

On parle même de l'un des pires trios de la LNH en terme de statistiques avancées.

Le silence médiatique, celui qui s’installe lorsque plus personne ne veut te défendre, est souvent le plus révélateur, et Bolduc est exactement dans ce vide-là, un espace inconfortable entre l’espoir qu’on veut protéger et le joueur qu’on commence à regarder de travers, presque comme s’il gênait.

Et pourtant, et c’est probablement ce qui fait le plus grincer de dents, Martin St-Louis refuse obstinément de toucher à son trio, refuse de tenter l’évidence, refuse même de flirter avec ce que tout Montréal réclame : un trio Demidov - Suzuki - Caufield, une combinaison explosive qui crève les yeux, une combinaison que la logique, le moment, les blessures, le talent, tout, absolument tout, justifie, mais que l’entraîneur regarde comme une tentation qu’il refuse d’admettre.

Avec Kirby Dach, Patrik Laine et Alex Newhook blessé, le CH manque d’options, manque de dynamisme, manque d’étincelles, manque de buts.

Et alors que toutes les portes s’ouvrent naturellement pour tester de nouvelles chimies, Martin St-Louis les referme une par une, laissant Bolduc sur une chaise trop lourde pour lui, une chaise où il n’apporte rien, où les statistiques le condamnent, où les médias ne le supportent plus, où l’organisation elle-même semble lui dire :

“C’est ta chance, mais ne compte pas sur nous pour t’aider.”

On est le 25 novembre et Bolduc n’a pas joué un seul match avec Demidov. On critiquait St-Louis. mais on vient de comprendre pourquoi.

On pensait que le CH n’avait aucune vision, mais on réalise maintenant Martin St-Louis est en train de prouver un point: Bolduc est déficient sur la glace.

Et pendant que la ville entière se demande pourquoi le duo le plus logique n’est toujours pas testé, Bolduc, lui, s’éloigne lentement du statut de “jeune espoir qu’on protège” pour glisser vers celui de “joueur dont on parle, mais plus vraiment avec enthousiasme”, une zone dangereuse où un joueur peut se retrouver seul, exposé, vulnérable et les médias, eux, ne sont pas là pour l’aider.

Parce que lorsque TVA Sports, RDS et les ex-joueurs comme Bélanger commencent à te lâcher, c’est que le CH a déjà commencé à lâcher l’idée que tu es un élément central de l’avenir.

Et lorsqu’en plus les chiffres te condamnent, lorsque les blessures n’ouvrent même pas une porte pour toi, lorsque tu deviens un choix par défaut plutôt qu’un choix par conviction, alors tu comprends que quelque chose s’est cassé dans la relation entre le joueur et son entraîneur.

Et le pire dans tout ça, ce que personne n’ose vraiment dire, c’est que Martin St-Louis a maintenant toutes les munitions du monde pour ramener Bolduc dans sa “niche”, dans ce rôle qu’il ne quittera probablement plus avant longtemps, celui d’un joueur de troisième ou quatrième trio qui ne grimpera plus au sommet de la hiérarchie tant que les statistiques, les médias et la réalité lui feront aussi mal.

Le Québec n’a pas seulement arrêté de défendre Bolduc.

Il est en train de le regarder s’enfoncer.

Et Martin St-Louis, lui, continue d’agir comme si ce n’était pas son rôle de tendre la main.