Mathieu Darche n’est pas un patcher. C’est un gars de fondations, de structures, de processus.
Un bâtisseur, pas un colleur de pansements sur une jambe qui pourrit.
Et pourtant, à peine débarqué à Long Island, le voilà déjà pris dans la même spirale que tous ceux qu’il devait remplacer.
À peine 24 heures après avoir serré la main de Patrick Roy devant les caméras, Darche a entériné un contrat douteux de son prédécesseur Lou Lamoriello : deux ans à 4,75 millions pour Kyle Palmieri.
34 ans, deux genoux en bois franc, et une clause de non-échange complète pour la première saison.
Pas besoin de sortir un doctorat en cap hit pour comprendre que ça sent le contrat-piège.
Darche aurait pu dire non. Rien n’était finalisé.
Il aurait pu mettre ça à la poubelle avec les restes de l’ère Lou. Mais non. Il a validé.
Il a dit oui. Il a mis son nom en bas d’un papier qui représente exactement ce qu’il a toujours dénoncé : de l’attachement aux reliques, de la loyauté mal placée, des contrats rétroactifs pour des performances passées.
Ce n’est pas un détail. C’est un symbole. Un malaise profond.
Un DG qui a appris sous Julien BriseBois, qui respire les stats avancées, qui parlait à Montréal d’efficacité, de long terme, de discipline financière… et qui commence sa carrière new-yorkaise avec 4,75 millions de cash dans les poches d’un gars qui a ralenti d’un coup sec depuis trois saisons.
Pis comme si c’était pas assez, Darche a aussi donné le feu vert à la prolongation d’Adam Boqvist pour 850 000$.
Encore une décision prise par Lamoriello. Encore une vision du passé qu’on force dans un moule du présent.
Boqvist, défenseur correct, mais souvent fragile et invisible, n’incarne rien de ce que les Islanders doivent devenir. Rien.
Et pourtant, Darche, coincé par un mandat politique de « pas de reconstruction », accepte. Il absorbe. Il s’adapte.
Même s’il le sait que ça ne tient pas debout. Même s’il le sent, au fond de lui, que bâtir sur du vieux bois, c’est s’assurer que ça craque sous peu.
Il a le premier choix au total. Il a un entraîneur prêt à tout avec Roy.
Il a une équipe vieillissante qui n’a rien gagné depuis des années. Il a tout en main pour enclencher un reset complet. Mais non.
Il reconduit les erreurs d’hier. Il applique du ruban électrique sur une fondation qui s’écroule.
Les partisans des Islanders, eux, l’ont vu. Ils l’ont senti. Ils n’ont pas besoin d’un article du Journal de Montréal pour se faire raconter que tout est rose à Long Island.
Ils ont vu ce qui s’est passé à Pittsburgh. Ils ont vu ce que ça fait de refuser de reconstruire. Et ils savent que Darche vient de manquer son premier test.
4,75 millions pour Palmieri. Plus de 9 millions sur deux ans. Pour quoi? Pour faire semblant.
Pour ne pas choquer. Pour ne pas sortir de la ligne.
Pour garder la paix dans la salle des anciens. Mais Darche n’est pas censé être ce gars-là. Il est censé trancher. Rénover. Réinitialiser.
Au lieu de ça, il valide.
Et pendant ce temps, les autres DG de la LNH appellent Long Island. Ils flairent l’opportunité. Ils se disent que si Darche se laisse manger la laine sur le dos dès sa première semaine, y’a peut-être moyen d’aller piger dans les actifs.
Il y a peut-être un deal à faire. Un joueur frustré à récupérer.
Mais surtout, ils comprennent que Long Island, malgré le changement de visage, est encore pris dans le même vieux marasme.
Le même refus de voir la vérité. Le même attachement à des joueurs qui ont fait leur temps.
Mathieu Darche n’a pas perdu la guerre. Mais il a perdu la première bataille.
Et s’il continue de dire oui à ce qu’il devrait refuser, il va finir par devenir exactement ce qu’il ne voulait pas être : un gestionnaire de l’immobilisme.
Un autre DG qui aura eu la chance de tout changer… et qui aura choisi de colmater les brèches avec des miettes de nostalgie.
Misère ...