Le nouveau contrat de Lukas Dostal avec les Ducks d'Anaheim a fait l'effet d'une bombe dans le monde des gardiens de la LNH. Cinq ans. 32,5 millions de dollars. Un salaire annuel de 6,5 M$.
Le dixième gardien le mieux payé de la ligue. Et pendant ce temps, Samuel Montembeault, pourtant plus expérimenté, plus constant et aussi régulier, touche à peine 3,15 M$ par saison. Un véritable scandale contractuel. Une insulte professionnelle. Un sabotage émotionnel.
Car oui, Montembeault aurait pu faire sauter la banque. Oui, il aurait pu aller chercher 5 M$, voire plus, sur le marché des joueurs autonomes.
Il était dans la force de l'âge. Il venait de connaître ses meilleures saisons. Il était le gardien numéro un du Canadien, un club original six. Il venait d'être sélectionné pour représenter le Canada. Mais au lieu de capitaliser, son agent Paul Corbeil a choisi la voie molle, la voie rapide... la voie de la défaite.
Pendant que Blackwood, 28 ans également, signait pour cinq ans à 5,25 M$ avec l'Avalanche, Montembeault signait pour trois ans à 3,15 M$. Pire encore, sans clause de non-échange. Aucune protection. Aucun levier. Rien. Il est prisonnier d'un contrat à rabais dans un marché sans pitié, pendant qu'on prépare déjà sa sortie.
Parce que ne vous méprenez pas : à Montréal, le véritable gardien d'avenir, c'est Jacob Fowler. Tout le monde le sait. Tous les analystes le clament.
Les classements de The Athletic et de la LNH le confirment. Fowler est perçu comme le prochain Carey Price. Il est jeune, il est américain, il est spectaculaire. Et dès qu'il sera prêt, c'est Montembeault qui sera poussé vers la sortie. C'est écrit dans le ciel.
Et comme si ce n'était pas assez, Jakub Dobes, son futur rival dans l'organisation, vient de signer un contrat de deux ans garantis à 965 000 dollars par année.
Il est exempté du ballottage. Ce qui veut dire qu'on peut l'envoyer à Laval sans risque. Ce qui veut dire aussi qu'on peut garder Fowler en haut et renvoyer Dobes sans rien perdre. Pendant ce temps, Kaapo Kähkönen, lui, doit être soumis au ballottage.
Mais la réalité cruel, c'est que Montembeault est devenu un pion déplaçable. Son contrat bon marché, combiné à son absence de clause, fait de lui un actif facilement échangeable.
Et tout le monde dans la ligue le sait. Les Oilers d'Edmonton ont déjà appelé. Ils ont appelé pour lui. Ils ont aussi appelé pour Dobes. Ils cherchent un gardien. Et dans leur viseur, Montembeault flotte, vulnérable, à la merci de la moindre blessure ou montée fulgurante de Fowler.
Montembeault aurait pu être à la place de Dostal aujourd'hui. Lui aussi a prouvé qu'il pouvait supporter une saison complète. Il a 209 matchs d’expérience, une moyenne de 3,20 et un pourcentage de ,899. Dostal? 121 matchs, 3,29 de moyenne, ,902 d'efficacité. Rien de spectaculaire. Rien qui justifie un tel écart de salaire. Rien, sauf la différence d'agence.
Certes, Dostal est âgé de 25 ans, mais il était joueur autonome avec compensation, alors que Sam allait devenir libre comme l'air.
Samuel Montembeault paie aujourd’hui le prix d’avoir fait confiance à Paul Corbeil. Un agent qui a négocié avec le cœur plutôt qu'avec la tête. Qui a mis l'émotion avant la raison. Qui a confondu loyauté et soumission. Et qui, au final, a lié son client à un contrat piège qui pourrait ruiner sa prochaine grande négociation.
Le pire? C’est que Montembeault a probablement signé ce contrat dans un élan de loyauté envers le club. Il aime Montréal. Il veut gagner ici. Il a grandi au Québec. Il incarne tout ce que les partisans veulent : un joueur local, humble, travaillant, fidèle.
Mais dans la jungle corporatisée de la LNH, ces qualités sont perçues comme des faiblesses. On exploite l’attachement émotionnel pour faire signer des contrats en dessous de la valeur marchande.
Et c’est exactement ce qui s’est passé ici. Montembeault a été manipulé par un système qui ne pardonne pas les bons sentiments. Le Québécois vient de frapper le mur de la réalité.
Car à 31 ans, dans trois ans, Montembeault ne sera plus dans la même posture. Il ne sera plus une révélation. Il ne sera plus le héros de Team Canada. Il sera un gardien parmi tant d’autres, avec un avenir incertain et un passé qu’on aura oublié.
Et ce sera trop tard.
Ce contrat restera comme l'un des pires exemples de mauvaise gestion de carrière chez un gardien établi. Un cas honteux pour un agent expérimenté comme Paul Corbeil.
Un avertissement à tous les jeunes espoirs de la LNH. Ne vous liez jamais à la ville. Ne sacrifiez jamais votre valeur pour rester dans un marché. Ne signez jamais sans clause de protection. Et surtout : choisissez votre agent avec soin.
Samuel Montembeault méritait mieux. Il méritait le contrat de Dostal. Il méritait le traitement de Blackwood. Il méritait la confiance qu’on accorde aux numéros un ailleurs dans la ligue.
Mais il a été trahi. Par son entourage. Par la politique. Par la peur. Et par un système qui lui a tendu la main... pour mieux lui couper les ailes.
Et ce qui rend le tout encore plus accablant pour Montembeault, c’est l’environnement dans lequel il évolue. À Montréal, la pression est constante.
Chaque performance est disséquée. Chaque but accordé devient une controverse. Et malgré ça, Montembeault s’est tenu debout. Il a résisté à la tempête médiatique. Il a porté une défensive poreuse sur ses épaules. Il a multiplié les exploits devant un filet souvent assiégé.
Et quelle est sa récompense? Un contrat bon marché, sans sécurité, sans reconnaissance. Pendant ce temps, dans des marchés secondaires comme Anaheim ou Denver, des gardiens reçoivent des chèques dorés pour moins.
Un autre aspect troublant de cette saga, c’est le silence de la direction du Canadien. Kent Hughes et Jeff Gorton n’ont jamais caché leur enthousiasme pour Jacob Fowler.
Ils l’ont encensé dans toutes les conférences de presse. Ils lui ont déroulé le tapis rouge. Mais à Montembeault? Silence radio. Pas de déclaration forte. Pas de promesse d’avenir. Juste une entente froide, administrative, sans vision à long terme.
Et quand l’état-major ne parle pas publiquement de toi, dans une organisation aussi scrutée que celle du CH, c’est que ton sort est déjà scellé.
Triste épilogue pour celui qu’on voyait comme le héros de la 25e Coupe Stanley. Il sera peut-être celui qui la regardera de loin, dans l’uniforme d’un autre.
Parce que dans la LNH, la loyauté ne paie pas. La valeur, elle, oui.