5 millions de dollars pour Pierre-Karl Péladeau: la porte de sortie pour TVA Sports

5 millions de dollars pour Pierre-Karl Péladeau: la porte de sortie pour TVA Sports

Par David Garel le 2024-11-11

TVA Sports est secoué par une tempête sans précédent.

La diffusion du match des Canadiens de Montréal sur tout le réseau TVA samedi dernier était censée être une planche de salut, un coup de maître stratégique pour redorer le blason de la chaîne.

Mais les chiffres sont tombés comme une douche froide, révélés sans détour par le journaliste Maxime Truman.

Les cotes d’écoute du match de samedi dernier entre les Canadiens de Montréal et les Maple Leafs de Toronto, diffusé en simultané sur TVA et TVA Sports, sont un véritable désastre pour Pierre-Karl Péladeau et son empire médiatique.

Malgré l’effort de diffuser le match en clair sur toute la province, l’audience a culminé à une moyenne de 570 000 téléspectateurs à la minute, soit 282 000 sur TVA Sports et 286 000 sur TVA.

Bien que ce chiffre dépasse la moyenne habituelle de 400 000 maigres spectateurs, il est loin de satisfaire les attentes fixées pour cette soirée stratégique.

Maxime Truman, journaliste bien informé des tendances d’audience, n’a pas tardé à dévoiler ces chiffres qui font mal.

Alors que Péladeau espérait attirer une audience massive, symbolisant un regain d’intérêt pour le hockey sur les ondes de TVA, la réalité est toute autre : le match a rapidement perdu son public dès les premières minutes.

Imaginez l’ampleur de l’échec. Le salaire de Pierre-Karl Péladeau (pratiquement 5 millions de dollars) est aujourd’hui pratiquement dix fois supérieur à l’audience moyenne du hockey diffusé sur l’ensemble du réseau TVA.

Un chiffre qui illustre, d'une manière glaçante, l'écart abyssal entre les attentes et la réalité.

Contre toute attente, et malgré un désastre financier de plusieurs centaines de millions de dollars, Péladeau refuse de baisser les bras.

Sa rencontre avec Geoff Molson, propriétaire du Canadien, et Louis-Philippe Neveu, directeur général de TVA Sports, dans sa loge lors d’un match des Alouettes, a clairement affiché son intention : il veut obtenir à nouveau les droits de diffusion du Canadien de Montréal et de la LNH.

Pour lui, fermer TVA Sports serait avouer son échec, et cet orgueil de guerrier des affaires ne saurait tolérer un tel abandon.

Certains qualifient cette persistance de téméraire, voire d’irresponsable, y voyant le refus obstiné d’un homme qui, guidé par la fierté, ne sait pas quand s’arrêter.

Cette persévérance frôle l’entêtement, surtout dans un contexte où Quebecor multiplie les vagues de licenciements pour compenser les pertes financières de TVA Sports et d'autres secteurs.

Chaque année, des centaines d’employés perdent leur emploi, les sacrifices s’accumulent, et l’écart avec les dirigeants, qui continuent de s’octroyer des salaires exorbitants, devient un sujet de controverse brûlant.

Pendant que les hauts cadres se partagent des millions, les employés, eux, doivent subir les conséquences des mauvais choix stratégiques.

En 2023, les cinq plus hauts dirigeants de Quebecor se sont partagés 13,8 millions de dollars, une augmentation de 115 % par rapport à l’année précédente.

De son côté, Pierre-Karl Péladeau a engrangé 4,9 millions de dollars, une augmentation de 57 %, alors que des centaines d’employés de Quebecor perdaient leur gagne-pain.

Ce montant inclut son salaire de base, des bonus et une grande part en options d’achat d’actions, montrant ainsi qu’il profite de la rentabilité générale de Quebecor malgré les pertes continues de TVA Sports.

Et pendant que TVA Sports peine à attirer et surtout à maintenir une audience, les dirigeants de Quebecor continuent de s’octroyer des rémunérations astronomiques.

En 2023, les cinq plus hauts dirigeants de Quebecor ont partagé un total de 13,8 millions de dollars, une augmentation de 115 % comparativement à l’année précédente.

Ce chiffre est d’autant plus frappant qu’il coïncide avec une baisse continue des cotes d’écoute et des difficultés financières grandissantes pour la chaîne sportive.

Dans cette répartition, Jean B. Péladeau, vice-président à la convergence opérationnelle chez Quebecor Média, a vu sa rémunération atteindre 1,9 million de dollars, tandis qu’Érik Péladeau, un autre membre influent de la famille et administrateur de la société, a perçu 920 700 $, dont 761 000 $ sous forme de rente de retraite pour ses 32 années de service au sein de l'entreprise.

Ces montants témoignent de la prospérité des dirigeants et surtout de la famille Péladeau, en contraste flagrant avec les sacrifices imposés aux employés et les performances décevantes de TVA Sports.

La répartition inégale des ressources, accentuée par les échecs en audience, laisse un goût amer pour le public québécois qui, au final, n’a pas été au rendez-vous malgré la diffusion exceptionnelle du match à TVA.

L’écart entre les salaires énormes des dirigeants et les difficultés financières de TVA Sports rend cette situation encore plus insupportable pour de nombreux observateurs, qui voient en Péladeau un dirigeant obstiné, prêt à sacrifier les ressources de Quebecor pour un projet qui ne semble plus viable.

Dans les couloirs de TVA Sports, les tensions sont évidente. Les licenciements massifs, les coupes budgétaires et l’incertitude quant à l’avenir de la chaîne pèsent lourdement sur le moral.

De nombreux employés se sentent sacrifiés au nom des ambitions d’un homme qui refuse de lâcher prise. L’ironie est cruelle : les salariés paient de leur stabilité, tandis que la famille Péladeau voit ses revenus augmenter, consolidant un empire dont les fondations semblent vaciller.

La déconnexion entre les sacrifices des travailleurs et les bénéfices exorbitants des dirigeants est aussi choquante que symptomatique d’un modèle économique au bord de l’effondrement.

Pourtant, Péladeau ne recule devant rien. Il est prêt à tout pour maintenir TVA Sports en vie, même au prix de pertes colossales.

Dans un monde médiatique en transformation rapide, avec l’essor des plateformes de streaming et la compétition de géants comme Amazon, sa volonté de défendre la place de TVA Sports dans l’échiquier médiatique est autant un acte de foi qu’un pari insensé.

Il sait que l’arrivée d’Amazon dans la course aux droits de diffusion pourrait changer radicalement les règles du jeu, et il semble prêt à surenchérir, à défier même les plus puissants pour garder TVA Sports en tête de file.

Les critiques fusent de toutes parts. Pourquoi persister dans un projet qui saigne financièrement, alors que des centaines de familles voient leur avenir compromis ?

Pour certains, Péladeau incarne l’image d’un capitaine prêt à couler avec son navire, quitte à entraîner avec lui ceux qui lui ont fait confiance.

D’autres y voient la ténacité d’un homme déterminé à ne pas laisser son empire médiatique sombrer, même si cela signifie défier l’évidence.

L’avenir de TVA Sports semble suspendu à un fil, et chaque décision de Péladeau est scrutée, questionnée, mise en doute.

Si TVA Sports continue à creuser son déficit, c’est l’ensemble du groupe Quebecor qui pourrait s’enfoncer dans la tourmente.

Au cœur de cette lutte, Péladeau se montre inflexible. Sa rencontre avec Molson témoigne de sa volonté de maintenir TVA Sports dans la course pour les droits de diffusion de la LNH, refusant de céder du terrain à RDS ou à Amazon.

Pour lui, abandonner ces droits reviendrait à admettre une défaite qu’il n’est pas prêt à concéder. Cette obstination peut paraître noble, voire héroïque pour certains, mais elle risque de précipiter Quebecor dans une crise encore plus profonde si elle échoue.

Car au final, ce sont les employés qui porteront le fardeau de cette ambition démesurée.

La déconnexion entre les sacrifices des travailleurs et les récompenses des dirigeants est d’autant plus choquante que l’avenir de TVA Sports est de plus en plus incertain.

Avec des audiences déclinantes, une hémorragie financière et des employés désabusés, Péladeau est face à un défi titanesque.

Sa persévérance est admirable, mais elle pourrait bien être la dernière pierre de cet édifice en perdition.

Il n'en perdra pas le sommeil. Après tout, ce sont les millions, voire les milliards dans ses poches qui le font bien dormir.

Les 300 millions de perte deTVA Sports en 2026, c'est de la petite bière. 

De la petite bière "cheap". Et ce n'est sûrement pas de la Molson...