Pendant que certains concluent des ventes historiques, d’autres s’enlisent dans le silence gênant d’un manoir invendable.
Une propriété de Mont-Tremblant vient de changer de mains pour la somme record de 28,5 millions de dollars, une transaction qui fait trembler le marché immobilier de luxe au Québec. Une première. Une claque. Et pendant que les courtiers immobiliers "pop" le champagne, Mario Lemieux, lui, serre les dents.
L’ancien numéro 66, légende des Penguins de Pittsburgh, se retrouve coincé dans une situation embarrassante : son propre château, le somptueux “Château Fleur de Lys”, trône toujours sur Centris, figé depuis trois ans à un prix aussi symbolique qu’absurde de 21 999 066 $.
Et ce, alors qu’il tente en coulisses de racheter les Penguins, quatre ans après les avoir vendus pour près d’un milliard.
Dans cette guerre de prestige, d’image et de millions, la comparaison entre les deux demeures de Tremblant devient inévitable et douloureuse.
Car pendant qu’une maison se vend, l’autre s’enfonce. Et le roi Mario, stratège du hockey et homme d’affaires réputé, voit aujourd’hui son image de génie financier être malmenée… par un manoir.
Le manoir vient de se vendre pour 28,5 millions de dollars. Un record. Un coup de tonnerre dans le marché immobilier québécois.
Et pendant que cette demeure spectaculaire, nichée dans la forêt du lac Tremblant, change de mains dans une transaction historique, Mario Lemieux, lui, doit ressentir des sueurs froides dans le dos.
Car pendant que la fiducie Prockow Revocable Trust, et leur agent réussissent un exploit, le “Château Fleur de Lys” du légendaire numéro 66 reste figé sur Centris comme une malédiction figée dans la glace, à 21 999 066 $, depuis deux ans.
Et l’écart entre les deux propriétés ne se joue pas sur la qualité. Il se joue sur la stratégie. Sur la souplesse. Et sur l’intelligence commerciale… ce qui est d’autant plus ironique dans le cas de Lemieux.
Le manoir du 730, chemin Thomas-Robert, invisible depuis la rue, dissimulé derrière une allée privée de 700 mètres, s’est finalement vendu à Silver Arrow Canada, une société texane spécialisée dans le financement automobile.
Le prix final : 28,5 M$, soit l’une des transactions les plus importantes de l’histoire du Québec pour une résidence unifamiliale.
Un coup de circuit immobilier, qui a surpris jusqu’aux vétérans du secteur. Et une claque pour ceux qui pensaient qu’en haut de 20 millions, tout restait invendable au Québec.
Ce manoir-là? Trois étages. 18 800 pieds carrés. Cinquante pièces. Six chambres. Dix salles de bain. Un ascenseur. Un gym. Une salle de yoga. Une cave à vin. Un spa. Un garage chauffé. Et un terrain forestier de 52 acres, en bordure de falaise, avec vue plongeante sur le lac Tremblant.
Un palace moderne, construit entre 2017 et 2021 à coups de dérogations municipales spéciales.
Et pourtant, il a été mis sur le marché à 39,9 M$… puis réduit plusieurs fois, jusqu’à trouver preneur à 28,5 M$. Un prix final certes inférieur aux ambitions initiales, mais une vente réussie. Et un contrat signé en mai dernier devant notaire à Montréal, accompagné d’un droit de mutation de 843 153,50 $. Rien que ça.
Et pendant que cette mégapropriété triomphe, Mario Lemieux regarde son propre “château” s’enfoncer dans l’oubli, figé à un prix farfelu de 21 999 066 $, clin d’œil éhonté à son numéro 66, mais surtout preuve d’un entêtement immobilier auto-destructeur.
Située aussi à Tremblant, au bord du même lac convoité, la demeure de Lemieux n’a rien à envier à la propriété des Prockow. Son “Château Fleur de Lys”, avec ses 17 foyers, six chambres, neuf salles de bain, piscine, spa, cinéma maison, four à pizza, ascenseur, planchers chauffants géothermiques et cinq puits artésiens, est un joyau. Mais il reste invendu. Deux ans d’exposition. Deux ans de silence. Deux ans de déclin.
Pourquoi? Parce que son agent immobilier refuse de bouger le prix. Refuse de s’adapter. Refuse de voir la réalité du marché. Exactement le contraire de ce qu’ont fait les vendeurs du manoir record.
Et pour Mario Lemieux, cette impasse ne pourrait pas tomber à un pire moment.
Des millions bloqués… alors que Lemieux veut acheter les Penguins
Car pendant que son château prend la poussière, Lemieux veut redevenir propriétaire majoritaire des Penguins de Pittsburgh.
Quatre ans après avoir vendu la majorité des parts de l’équipe au groupe Fenway Sports pour environ 900 millions US, il planifie son grand retour, selon les informations de Pierre LeBrun (TSN).
Accompagné de Ron Burkle et David Morehouse, Lemieux tenterait de racheter l’équipe, ou une portion significative, et serait en compétition avec un deuxième groupe d’acheteurs potentiels.
Mais pour cela, il lui faut de la liquidité. De l’agilité financière. Et un manoir immobilisé à 22 millions, c’est un boulet autour du cou.
Imaginez : même si la demeure se vendait demain au plein prix, la taxe de bienvenue dépasserait les 540 000 $. Et les taxes municipales à elles seules grugent plus de 72 000 $ par année. Une immobilisation massive, coûteuse, sans rendement.
Le plus cruel dans tout cela, c’est que la maison vendue pour 28,5 M$ a suivi une logique commerciale de base : elle a été réduite.
D’un prix initial de 39,9 M$, elle est passée à 29 M$, puis s’est conclue légèrement sous la barre, avec une réduction de 28,5 % par rapport au prix d’origine. Et c’est exactement ce que refuse de faire Lemieux.
Pire encore : dans ce dossier, l’agent immobilier de Lemieux semble faire preuve d’une gourmandise démesurée. On parle de 2 % de commission sur une vente de 22 M$, soit 440 000 $ dans ses poches. Il ne veut rien céder, même si chaque jour qui passe nuit à la valeur de la maison.
En immobilier, une propriété qui reste trop longtemps sur le marché devient un poison. Une rumeur. Une épine dans le pied. On se demande : y a-t-il des problèmes cachés? Est-ce un caprice invendable?
Et ce qui est encore plus triste, c’est que Lemieux avait évité ce genre de piège toute sa vie. Rappelons qu’en 1999, lorsqu’il a repris les Penguins, il a transformé 20 M$ en paiements différés qu’on lui devait en parts de l’équipe, abandonnant même 7,5 M$ pour stabiliser la franchise.
Il est un visionnaire. Un stratège. Mais dans ce cas précis, il s’est mis un genou sur la gorge, à cause d’un prix symbolique ridicule, et d’un agent obsédé par son chiffre.
Il n’y a pas de doute, la vente du manoir de la famille Prockow pour 28,5 M$ à Mont-Tremblant est une gifle à tous ceux qui pensent qu’il faut tenir son prix coûte que coûte. C’est la preuve que même au Québec, le luxe se vend... à condition d’avoir une stratégie.
Mais qui est Eric Prockow? On parle d'un entrepreneur américain dans le secteur des technologies de l’information. Il a été l’un des dirigeants fondateurs de la société Sun Data, aussi connue sous le nom de Solarcom, une entreprise spécialisée dans les services informatiques.
Solarcom a connu une croissance importante avant d’être acquise par IBM, ce qui a vraisemblablement permis à Eric Prockow de faire fortune.
Il est décédé en 2021, peu de temps après l’achèvement du manoir de Tremblant, dont la construction s’est étirée entre 2017 et 2021. La propriété était donc, en quelque sorte, un projet de prestige et une résidence de retraite pour le couple.
Cet homme de la tech, riche et influent, mais peu médiatisé, est un "boss des boss". Et aujourd’hui, son nom devient associé à la transaction immobilière la plus spectaculaire de l’histoire de Mont-Tremblant, éclipsant même celui de Mario Lemieux… pour le moment.
Pendant ce temps, Lemieux reste prisonnier de son branding. Son manoir de 21 999 066 $ est devenu une farce. Et chaque jour qui passe sans offre le décrédibilise un peu plus, tant sur le plan financier que sur celui de sa crédibilité d’homme d’affaires.
Ce château aurait pu partir dans les six premiers mois. Il aurait pu financer une partie d’un retour spectaculaire dans la LNH. Il aurait pu être un trophée financier. Il est devenu un fardeau. Une bourde. Une plaie.
Si Lemieux tient vraiment à son retour à Pittsburgh, et il y tient, il devra d’abord redevenir un homme d’affaires lucide. Abandonner l’idée romantique du prix hommage à son numéro. Abandonner l’agent qui bloque tout. Baisser le prix, accepter une réalité, et tourner la page.
Sinon, pendant que d’autres bâtissent et vendent à 28,5 M$ dans la même région, lui continuera à regarder son château se vider de sa valeur… un mois à la fois.
Et franchement, un homme comme Mario Lemieux mérite mieux qu’un mirage figé à Tremblant. Il mérite une vente. Une victoire. Une libération. Avant de reprendre le trône à Pittsburgh.




