C’est officiel : Martin St-Louis devient l’entraîneur-chef le mieux payé de l’histoire de la Ligue nationale de hockey. Avec un salaire annuel de 5 millions de dollars, le coach du Canadien de Montréal n’écrase pas seulement les feuilles de match – il écrase aussi tous les records financiers.
Mais attention, Saint-Louis n’est pas l’entraîneur le mieux payé de la Ligue nationale de hockey. Ce titre revient à Mike Sullivan des Rangers de New York, avec un salaire annuel de plus de 6 millions de dollars, suivi de près par Jon Cooper du Lightning de Tampa Bay à 5,3 millions. Saint-Louis, avec ses 5 millions de dollars par saison à compter de 2025-2026, se classe tout juste derrière eux.
Mais c’est le plus riche quand même. Avec son empire bâti autour de Seven7, son investissement lucratif dans LiveBarn, son passé de joueur millionnaire, et ses multiples placements, Martin St-Louis a une valeur nette estimée à plus de 250 millions de dollars. Aucun autre entraîneur de la LNH n’approche un tel niveau de richesse personnelle.
Et on parle de millions US.
Mais ce montant n’est que la pointe de l’iceberg. Car derrière ce chiffre étourdissant se cache un empire personnel bâti dans l’ombre, à coups de millions, de placements et d’intelligence financière. Bienvenue dans le club fermé – et silencieusement choquant – du Country Club des millionnaires du Canadien.
Martin St-Louis, avec ses airs d’homme de famille modeste, est en fait à la tête d’un des plus puissants portefeuilles privés du sport québécois.
Le grand public a découvert en 2022 que l’homme n’était pas seulement un ancien joueur au grand cœur : il est aussi un investisseur redoutable, un businessman visionnaire, et un entrepreneur qui fait rouler les millions comme d’autres font des changements de trio.
En 2017, Martin St-Louis et son ancien coéquipier Jeff Hamilton ont fondé la société d’investissement Seven7. Leur idée? Détecter les jeunes entreprises prometteuses, investir massivement dedans et les revendre à prix d’or. Leur premier coup de maître : LiveBarn.
LiveBarn, c’est ce service de diffusion de matchs de hockey amateurs en ligne qui est devenu omniprésent dans les arénas de l’Amérique du Nord. Pour 10 dollars par mois, des milliers de parents peuvent voir leur enfant jouer sans quitter leur salon.
Et quand Seven7 a investi, LiveBarn n’était qu’un projet marginal. Aujourd’hui, la compagnie génère plus de 9,8 millions de dollars par année. Et elle est officiellement à vendre.
Selon les rumeurs rapportées par Sportico, la transaction pourrait atteindre des montants faramineux. Et Martin St-Louis, en tant qu’actionnaire fondateur, empochera une somme estimée entre 20 et 30 millions de dollars. En une seule transaction. À titre d’exemple, c’est 6 à 8 fois le salaire annuel de Kent Hughes.
Mais ce n’est que le début.
Selon les estimations de firmes financières privées consultées dans les dernières années, Martin St-Louis aurait déjà atteint – voire dépassé – les 250 millions de dollars en valeur nette. Il faut rappeler que sa carrière de joueur lui a rapporté plus de 55 millions de dollars en salaires. Il a également investi tôt dans des entreprises comme Grandé Studios, utilisé des sociétés de gestion privées pour faire croître son portefeuille, et touché des dividendes importants de ses participations dans d’autres startups.
Son implication dans des projets médiatiques, ses ententes publicitaires, et même sa participation controversée à une publicité d’Hydro-Québec en 2023 lui ont permis d’ajouter des revenus d’appoint ahurissants. Pour une seule publicité de trente secondes, il aurait touché 300 000 $… dans un Québec où des familles n’arrivent pas à payer leur facture d’électricité.
L'homme de 250 millions, dans un Québec à bout de souffle.
Le contraste est violent. Alors que des familles s’endettent pour survivre à l’inflation, Martin St-Louis devient une véritable machine à cash.
Et même si personne ne remet en doute sa compétence, la grogne monte. Car si l’on compare, un médecin québécois gagne en moyenne 350 000 dollars canadiens. Martin St-Louis, lui, fait vingt fois ce montant… pour diriger un banc de joueurs.
Au moment où St-Louis touche le gros lot, Kent Hughes, le directeur général du Canadien, continue d’opérer dans l’ombre… pour des peanuts.
Selon les estimations crédibles, il gagnerait moins de 1,7 million de dollars par année. Il n’est même pas dans le top 15 des DG les mieux payés de la ligue. Et pourtant, c’est lui qui a reconstruit l’équipe de fond en comble.
Hughes, rappelons-le, était auparavant un des agents les plus redoutés de la LNH. Il a négocié des contrats totalisant plus de 290 millions de dollars pour ses clients, incluant :
Kris Letang : 58 M$
Darnell Nurse : 74 M$
Vincent Lecavalier : 135 M$ en carrière
Il a arraché des ententes qui font encore grincer des dents dans les bureaux de la LNH. Et aujourd’hui, ce stratège, qui vaut des dizaines de millions en expertise, est payé moins que… le prix de revente du chalet de Mitsou à Tremblant (2,32 M$).
Et ce n’est pas une image : Donald Trump, récemment revenu à la Maison-Blanche, touche 400 000 dollars US par année, soit environ 570 000 dollars canadiens. Martin St-Louis ? 5 millions. Dix fois plus.
Même en ajoutant les avantages présidentiels – avion privé (Air Force One), retraite à Camp David, limousine blindée, allocation personnelle, budget de divertissement – le total reste dérisoire comparé à l’empire financier de Martin St-Louis. L’entraîneur du CH gagne plus en un mois que le président des États-Unis en une année.
Et c’est là que la question morale surgit. Oui, Martin St-Louis mérite son salaire. Il n’a rien volé. Mais le contraste qu’il incarne avec la réalité de milliers de Québécois est indécent. Une publicité d’Hydro-Québec avec son visage peut coûter 300 000 $ aux contribuables. Une mère de famille qui pleure sa facture d’électricité ? Ça, ça ne fait pas partie de la campagne.
Les gens ne sont pas fâchés contre Martin St-Louis. Ils sont fâchés contre ce que Martin St-Louis représente : une élite sportive et médiatique hors sol, qui vit dans un univers parallèle, alors que le peuple serre la ceinture.
Martin St-Louis est un génie du hockey. Un modèle de discipline. Un père, un leader, un homme d’affaires. Mais il est aussi, désormais, le visage d’un système qui récompense à l’excès une poignée de privilégiés pendant que la majorité peine à vivre décemment.
Ce n’est pas une attaque. C’est un constat.
Et si le Québec est en colère, ce n’est pas contre Martin St-Louis. C’est contre un système où un entraîneur gagne dix fois le salaire d’un président, vingt fois celui d’un urgentologue, et cent fois celui d’un professeur d’école.
Martin St-Louis n’est pas le problème.
Mais il est le miroir de notre époque. Et ce qu’on y voit n’est pas beau.