À Montréal, on aime les histoires de sacrifices. On aime les joueurs qui se donnent pour la cause. On aime les contrats « d’équipe », les gars qui acceptent moins d’argent pour bâtir quelque chose de plus grand qu’eux.
Mais dans le cas de Samuel Montembeault, ce n’est plus du sacrifice. C’est de l’exploitation pure et simple. Et la LNH entière commence à s’en rendre compte.
Montembeault est aujourd’hui l’un des meilleurs gardiens de but canadiens, un athlète solide, fiable, qui a tenu le fort à Montréal pendant les pires tempêtes, sans jamais broncher, sans jamais se plaindre.
Et pourtant, il est sous contrat pour trois ridicules saisons à 3,15 millions de dollars par année. Un vol en plein jour. Un hold-up signé Paul Corbeil, son agent, et exécuté avec le sourire par Kent Hughes.
Une valeur réelle de 9 M$… pour 3,15 M$?
Ce n’est pas un chiffre lancé en l’air. Ce n’est pas une opinion de partisan. C’est une évaluation fondée sur des données statistiques avancées rigoureuses.
Selon le modèle du réputé Dom Luszczyszyn de The Athletic, Montembeault, de par son rendement, son efficacité et sa contribution globale, devrait toucher 9 millions de dollars par saison.
Faites le calcul : 9 millions x 3 ans = 27 millions. Montembeault, lui, en touchera 9,45 millions au total. Il se fait donc flouer d’environ 17,5 millions de dollars nets. Une perte sèche. Une humiliation contractuelle. Une aberration économique.
Et le pire? Il n’est même pas protégé par une clause de non-échange. Aucun filet de sécurité. Aucune garantie.
Il faudra bien un jour poser la vraie question : où était Paul Corbeil quand son client s’est fait dépouiller? Était-il trop occupé à négocier des contrats plus lucratifs pour d’autres clients?
Était-il convaincu que Montembeault ne méritait pas mieux? Ou a-t-il simplement sous-estimé le marché? Dans tous les cas, c’est une catastrophe de gestion.
Il faut comprendre que les gardiens de but sont une denrée rare dans la LNH actuelle. Le marché est instable, la qualité est inégale, et les clubs cherchent désespérément de la constance devant le filet.
Montembeault offrait tout ça. Et plus encore : il offrait une présence rassurante dans un marché ultra-médiatisé, une capacité à absorber la pression, une éthique de travail irréprochable. Ce genre de profil devrait se vendre au prix fort. Pas à rabais.
Le CH a profité de la naïveté de Montembeault.
Il est clair aujourd’hui que Kent Hughes a flairé la bonne affaire. Il savait que le plafond salarial allait grimper. Il savait que Montembeault, en progression constante, allait devenir une aubaine. Et il savait que le joueur, humble, réservé, discret, n’allait pas faire de scandale.
C’est exactement ce qu’il s’est passé.
Le directeur général du Canadien a ficelé un contrat « parfait » pour le CH, une anomalie comptable qui lui permet de maintenir une structure salariale exemplaire, pendant que Montembeault, lui, perd littéralement des millions à chaque saison.
Selon Dom Luszczyszyn, Montembeault est le seul joueur du Canadien à obtenir la note A+ pour son contrat. Le seul. Même Suzuki, Caufield, Slafkovsky et Dobson, qui ont tous des contrats avantageux, n’atteignent pas ce niveau d’efficacité salariale.
Il faut le dire franchement : la structure salariale du CH est un chef-d’œuvre, mais un chef-d’œuvre construit sur des sacrifices énormes… et parfois injustes.
Oui, Suzuki mérite plus que ses 7,875 M$. Oui, Caufield mérite ses 7,85 M$. Mais Montembeault, à 3,15 M$, c’est indécent.
C’est aussi ce qui permet au CH de rêver à une vraie fenêtre de Coupe Stanley d’ici deux ou trois ans. Parce que le noyau est signé pour longtemps à des prix dérisoires comparativement à leur valeur réelle. Mais dans ce montage financier, Samuel Montembeault est le dindon de la farce.
Et la vérité brutale, c’est qu’il ne signera jamais une prolongation de contrat à Montréal. Comment le pourrait-il?
Sa fin est écrite d’avance
Tout le monde dans l’organisation le sait. Tout le monde dans les médias le murmure. Tout le monde dans la ligue en parle. Montembeault ne sera pas à Montréal au-delà de ce contrat.
Pourquoi? Parce qu’il n’est pas le gardien d’avenir de l’équipe. Jacob Fowler, lui, l’est. Et tout le monde le sait aussi.
D’ici la fin de la saison 2025-2026, Fowler devrait faire ses premiers pas dans la LNH. Il est vu comme un sauveur, un mur, un prodige. Le plan est clair : Fowler va ramener la Coupe Stanley à Montréal. Pas Montembeault.
C’est cruel. Mais c’est la réalité.
Même si Montembeault est aujourd’hui assuré d’un poste pour Équipe Canada aux Jeux olympiques. Même si son poste de #1 à Montréal est béton. Même si ses statistiques sont excellentes. Rien ne changera le fait qu’il est en survie temporaire dans un club qui regarde déjà plus loin.
Aucune protection, aucun filet, aucune pitié.
Il est à peine croyable qu’un gardien de ce calibre n’ait aucune clause de non-échange dans son contrat. Cela veut dire qu’en tout temps, Kent Hughes peut décider de l’échanger. Sans préavis. Sans consultation.
Et on connaît Hughes. En 2026-2027, alors que Montembeault en sera à sa dernière année de contrat, le DG du CH n'acceptera jamais de perdre Montembeault pour rien sur le marché des agents libres.
Et pourtant, le gardien québécois reste professionnel. Il reste humble. Il reste silencieux. Il est en train de vivre l’injustice la plus sournoise de la ligue sans que personne, ou presque, ne s’en indigne.
Mais la réalité est qu'il a tout perdu dans ce contrat ridicule: sa sécurité financière, sa sécurité sportive... et la sécurité de son avenir.
Le CH a certes bien géré son cap. Mais il l’a fait sur le dos d’un Québécois, qui mérite mieux que ce traitement.
Et pendant que le Canadien savoure ce cadeau, les autres équipes regardent avec envie. Les Flyers de Philadelphie, notamment, seraient très intéressés à l’idée d’acquérir Montembeault.
Ils ont des espoirs, des choix, des actifs pour une transaction. Eux, ils savent qu’un gardien comme lui peut stabiliser une franchise entière.
Et ce serait un juste retour des choses. Parce qu’au-delà du froid calcul comptable de Kent Hughes, il y a un homme. Un athlète. Un professionnel qui a sauvé le CH à plusieurs reprises, qui a protégé ses coéquipiers, et qui a démontré à maintes reprises qu’il avait le coffre pour réussir dans la LNH.
Il n’y aura pas de "happy ending". Ce contrat-là va finir dans l’amertume. Montembeault va quitter. Et peut-être que ce sera mieux pour lui.
Peut-être qu’il retrouvera un club qui le paiera à sa juste valeur. Peut-être qu’il signera enfin un contrat de 6 ou 7 millions par saison, pour quatre ou cinq ans. Peut-être qu’il gagnera enfin le respect qu’il mérite.
Mais à Montréal, il restera cette impression tenace d’un gâchis humain. D’un joueur sacrifié au nom de la gestion salariale. D’un homme trahi par ceux qui auraient dû le protéger.
Et le pire? C’est que tout le monde semble s’en accommoder.