15 millions de dollars: revirement de situation pour Lane Hutson

15 millions de dollars: revirement de situation pour Lane Hutson

Par David Garel le 2025-07-20

Il y a parfois, dans le monde du hockey, des tempêtes qu’on voit venir de loin. D’autres, au contraire, qui frappent en silence, sans avertissement.

Et puis, il y a celles qui grondent lentement, dangereusement, accumulant les tensions avant d’exploser au grand jour. C’est exactement ce que vivent présentement le Canadien de Montréal et le clan Hutson.

Car pendant que les projecteurs sont braqués sur l’acquisition de Noah Dobson, pendant que les journalistes s’excitent devant la possibilité d’un échange impliquant Jordan Kyrou, une autre guerre se prépare. Une guerre de chiffres, de pourcentages, de hiérarchie salariale. Et au cœur de cette guerre, un nom : Lane Hutson.

Le défenseur prodige, récipiendaire du trophée Calder, est en pleines négociation pour sa prolongation de contrat. Et disons-le franchement : ce dossier menace de devenir un cauchemar pour Kent Hughes.

Pourquoi? Parce que l’agent de Lane Hutson, Sean Coffey, ne veut rien savoir des rabais maison. Il a vu ce qui s’est passé avec Auston Matthews, avec Kirill Kaprizov, et il veut reproduire le même scénario.

Et quand on dit « même scénario », on parle d’une stratégie froide sans aucune pitié. En ce moment, l'agent de Hutson a des signes de dollar dans les yeux.

Revenons un instant à Kaprizov. En 2021, l’attaquant russe refuse de signer un contrat de huit ans avec le Wild du Minnesota. Il veut un pont. Un tremplin. Il signe pour cinq ans, à 9 M$ par saison.

Résultat? Kirill Kaprizov serait à un cheveu de signer une entente de 8 ans et 15 millions de dollars par saison avec le Wild du Minnesota.

Un contrat absolument délirant, qui ferait de lui le joueur le mieu payé de l’histoire de la LNH. Une claque au visage de ceux qui misaient sur la sécurité d’un contrat à long terme.

Et c’est exactement ce que Sean Coffey veut imiter. Il le voit. Il le sent. Lane Hutson est un joueur générationnel, comme Kaprizov.

Un joueur capable de faire sauter la banque. Et avec la hausse annoncée du plafond salarial (95,5 M$ cette saison, 113 M$ la saison prochaine), Coffey sait que chaque mois d’attente augmente sa mise.

Ce qui rend la situation si tendue, c’est l’absence totale de compromis. Kent Hughes veut lui offrir 8 ans à 9 M$ ou 9,5 M$ maximum. Un contrat semblable à celui de Noah Dobson. Il veut préserver la hiérarchie salariale, éviter les tensions dans le vestiaire. Pour lui, Dobson, 25 ans, 70 points, premier contrat après arbitrage, est un barème.

Mais Sean Coffey s’en moque. Dobson? « Pas mon problème. » Le pourcentage du plafond, voilà sa boussole. Coffey veut 10 M$ par année. Minimum. Sur huit ans. Et certains affirment qu'il vise même 12 M$ par année.

Ou alors, un pont de 4 ou 5 ans, comme Auston Matthews... et Kaprizov. Mais dans tous les cas, il veut préserver les droits de négociation du joueur pour que, dans cinq ans, Lane Hutson puisse lui aussi réclamer 15 M$... ou 20 M$...

Dans une rare sortie publique, Jeff Gorton lui-même a pris la parole. Un geste inhabituel. Gorton s’occupe des transactions. Pas des contrats. Mais cette fois, il est monté au front. Et sans nommer Coffey, tout le monde a compris.

« Les agents, ils adorent ça, les pourcentages. Le plafond monte, et c’est le pourcentage, le pourcentage, le pourcentage. Mais ils n’ont pas à gérer une équipe. Ils ne comprennent pas ce que ça fait, un joueur qui entre dans la pièce avec un salaire beaucoup plus élevé qu’un autre qui est meilleur que lui. Ce n’est pas juste une question de chiffres. C’est réel. »

C’est un message clair. Un avertissement. Une bombe médiatique. Gorton tente d’expliquer à Coffey que signer Hutson à 10 M$ briserait l’équilibre dans la chambre. Qu’on ne peut pas avoir un joueur de 21 ans, sans expérience en séries, devenir le mieux payé de l’organisation.

Mais Coffey n’en démord pas. Selon lui, Hutson EST le joueur le plus important de l’organisation. Il vient de remporter le Calder. Il est le quart-arrière de l’avantage numérique. Il est en train de transformer la brigade défensive du CH. Il est spécial.

Et il faut admettre une chose : Coffey n’a pas tort. Le marché est fou. Et il devient de plus en plus difficile de prétendre que 9,5 M$, c’est le sommet.

Evan Bouchard vient tout juste de signer pour 4 ans à 10,5 M$ par saison à Edmonton. Oui, il a du gabarit. Oui, il a du talent offensif. Mais il est aussi très inconstant défensivement. Et surtout, il n’a pas le profil électrisant d’un Lane Hutson qui peut feinter tout le monde les yeux fermés.

Alexander Romanov, lui, vient d’obtenir un contrat de 8 ans à 6,25 M$ par année avec les Islanders. Et on parle ici d’un défenseur défensif, sans aucun flair offensif, incapable de produire plus de 25 points par saison.

Jason Robertson? Il demanderait de 11 à 12 M$ à Dallas pour son prochain contrat. Adrian Kempe, à Los Angeles, viserait 10 M$ par année. Et on parle ici d’ailiers top 6, mais pas de joueurs générationnels qui révolutionnent une équipe.

Alors quand Coffey voit ces chiffres… quand il voit Kaprizov grimper à 15 M$… il rit aux larmes. Pour lui, Hutson vaut autant. Sinon plus. Et il n’est pas question de signer un contrat à rabais.

Et le problème, c’est que cette année est cruciale. C’est la dernière fois, selon la convention collective actuelle, qu’un joueur pourra signer un contrat de 8 ans après son contrat d’entrée. Dès l’an prochain, ce sera limité à 7 ans.

Donc si Kent Hughes veut garder Hutson à long terme, c’est maintenant ou jamais. Et Coffey le sait. Il a tout le pouvoir. Toute la pression est sur le DG du CH.

Ce que Coffey espère? Que Hughes panique. Qu’il cède. Qu’il donne 8 ans à 10, 11 ou 12 M$. Et que Hutson devienne le joueur le mieux payé de l’équipe.

Mais pour Hughes, ce serait un précédent dangereux. Cela ouvrirait la porte à des demandes similaires d'Ivan Demidov… et briserait la structure salariale durement bâtie.

Et pourtant, il n’a peut-être pas le choix. Refuser de signer Hutson maintenant, c’est courir le risque qu’il signe un contrat de transition… et qu’il réclame 14 ou 15 M$ dans quatre ans. Comme Kaprizov. Comme Matthews. Comme McDavid, qui s’apprête à toucher 17 M$ à 20 M$ par année.

Ce qui est fascinant, dans tout ça, c’est que le dossier est totalement gelé. Aucun mouvement. Aucune annonce. Aucune entente. Si Hutson voulait vraiment signer à 9 M$, ce serait déjà fait. Si Coffey voulait accepter 9,5 M$, le contrat serait annoncé. Même à 10 M$, ça serait déjà annoncé.

Le silence est révélateur. C’est la preuve que les demandes sont hors normes. Que l’entourage du joueur vise un record. Qu’ils veulent l’inscrire dans l’histoire du Canadien comme le premier à franchir la barre des 10,5 M$ par année.

Et pendant ce temps, les fans retiennent leur souffle. Car si Hughes échoue à s’entendre, s’il perd le contrôle, ce sera l’échec le plus cuisant de son mandat.

Sean Coffey ne veut pas simplement un bon contrat. Il veut LE contrat. Celui qui fera jaser. Celui qui deviendra une référence. Et si Kent Hughes ne cède pas? Alors Hutson signera pour quatre ans. Et dans quatre ans, Coffey frappera encore plus fort.

C’est une course contre la montre. Un bras de fer idéologique. Et pour l’instant, l’agent a toutes les cartes.

Le seul espoir de Hughes? Que Hutson lui-même, attaché à Montréal, veuille calmer le jeu. Mais jusqu’ici, tout porte à croire qu’il est en parfaite harmonie avec son agent.

Et c’est ainsi que Kaprizov, à 15 M$, est devenu le cauchemar d’un DG à Montréal. Et le rêve éveillé d’un jeune prodige et de son clan, qui voient déjà les billets pleuvoir du ciel.