Il est arrivé en hélicoptère. Une entrée fracassante pour un capitaine discret, qui vient pourtant de livrer un message de fou sans même hausser la voix.
Sur le terrain de golf de L’Île-Bizard, devant les caméras, les partenaires de jeu et les chiens de soutien de la Fondation Asista, Nick Suzuki a mis le feu aux poudres sans le vouloir.
Car ce qu’il a raconté en toute simplicité sur Kent Hughes, sur les coulisses des transactions, sur la dynamique du Canadien, et sur l’avenir de l’organisation… c’est un cri du cœur.
Et c’est surtout un plaidoyer pour que le directeur général du Tricolore devienne le mieux payé de toute la LNH. Point final.
Mais ce n’est pas tout. Ce cri du cœur s’accompagne d’un constat brutal : Kent Hughes est actuellement sous-payé. Injustement. Scandaleusement. (1,7 M$ par année)
L’homme qui a reconstruit le Canadien avec intelligence, transparence, stratégie et audace, empoche moins de 2 millions de dollars par année, alors que des gens comme Bob Hartley touchent 2 millions pour entraîner en Russie.
Pire encore, Hughes gagne moins que son propre patron, Jeff Gorton, qui touche un salaire de 5 millions par année.
Et si l’on en croit les rumeurs qui circulent dans les bureaux du Centre Bell, le duo Gorton-Hughes pourrait bientôt coûter 15 millions $ par saison au CH (minimum 5 M$ pour Kent Hughes, près de 10 M$ pour Jeff Gorton) , une fois les prolongations de contrat signées. (les ententes se terminent à l'été 2026)
Une somme record pour un tandem de dirigeants dans la LNH. Mais est-ce vraiment trop cher… quand même les joueurs le réclament ?
« Cole et moi, on capotait » affirme Suzuki, ce qui confirme l’influence directe de Hughes
Quand Nick Suzuki raconte comment il a appris la transaction pour Noah Dobson, ce n’est pas seulement une anecdote sympathique de vestiaire.
C’est une démonstration éclatante du respect et de l’écoute que Kent Hughes cultive dans son groupe. Le capitaine et Cole Caufield étaient littéralement en autobus, quittant un mariage en Écosse, quand la nouvelle a explosé sur leurs écrans : Dobson, leur ami, leur ancien coéquipier junior, débarquait à Montréal.
« Cole et moi, on capotait, a lancé Suzuki. J’ai texté Dober pour voir si c’était vrai. L’échange n’était pas encore conclu, mais il semblait espérer que ça se fasse. »
C’est ça, le Kent Hughes version 2025 : un DG qui sonde ses joueurs, qui les consulte, qui bâtit son équipe avec eux, pas contre eux. Un DG moderne. Un DG humain. Et un DG qui mérite un salaire à la hauteur de son impact.
Parce que la transaction Dobson n’est pas un détail. C’est un échange majeur, qui a coûté deux choix de premier tour et Emil Heineman, pour ensuite signer Dobson à 76 millions sur 8 ans. C’est un pari audacieux. Un geste fort. Et Suzuki ne s’y trompe pas :
« On échange des joueurs depuis longtemps, et là de voir qu’on en ajoute, c’est excitant pour tout le monde, a-t-il ajouté. »
Kent Hughes ne fait pas que « gérer » son équipe. Il l’inspire. Il la transforme. Il attire des joueurs. Il redonne espoir. Zachary Bolduc, acquis contre Logan Mailloux, fait déjà bonne impression auprès de Suzuki, qui l’a côtoyé à Osheaga et au tournoi de golf :
« J’ai regardé ses faits saillants. Il a un bon tir, et il semble jouer de la bonne manière. Ce sera un bon ailier pour nous. »
Et que dire d’Ivan Demidov, que Suzuki décrit comme un jeune gars crampant, mais aussi comme un bourreau de travail :
« Ç’a été impressionnant de le voir durant l’été : il trouve un aspect du jeu sur lequel il veut travailler et se concentre là-dessus pendant plusieurs jours. »
Même chose pour Patrik Laine, qui revient avec le feu dans les yeux, prêt à tout donner :
« Il a hâte de sauter sur la patinoire. Il semble très heureux d’être à Montréal. On espère que ça le place dans un bon espace mentalement, parce qu’on sait tous ce dont il est capable. »
Tout ça, c’est l’œuvre de Kent Hughes. Ces ajouts, ces profils, cette chimie naissante : c’est lui. Et c’est lui qu’on paie moins que Bob Hartley en Russie.
C’est lui qu’on paie moins que Mathieu Darche à Long Island ou Ken Holland à Los Angeles. C’est lui qu’on sous-paie… alors qu’il est en train de faire du Canadien une puissance montante.
Hughes continue de construire un club crédible… pour des peanuts.
Et ce n’est pas seulement une injustice salariale. C’est une anomalie structurelle. Car Kent Hughes n’est pas un DG comme les autres : il est le cerveau de la reconstruction.
Celui qui a ramené Laine, Dobson, Bolduc. Celui qui a sélectionné Ivan Demidov, qui a sous-payé Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, qui a résisté à la tentation de tout brûler. Celui qui a gardé intacte sa crédibilité, tout en étant aimé par son vestiaire.
Le contraste est encore plus saisissant quand on se tourne vers Jeff Gorton. L’homme qui a recruté Hughes, qui le soutient, et qui travaille main dans la main avec lui, touche déjà 5 millions par saison.
Certains pensent même qu'il est le vrai DG de cette équipe.
Pas pour rien qu'il a lun salaire parmi les plus élevés pour un VP hockey dans la ligue. Et selon ce qui circule, Gorton serait en voie de signer une prolongation… à 10 millions par an.
Si cela se concrétise, et si Hughes obtient une augmentation légitime à 5 millions ou plus, le duo coûtera 15 millions de dollars annuellement au Canadien. Du jamais-vu. Un précédent. Une révolution dans le monde de la gestion sportive au Québec.
Mais la vraie question est : est-ce trop cher payé pour l’excellence ?
Non.
Parce que les résultats sont là. Parce que le respect est là. Parce que même les joueurs en parlent. Parce que même Nick Suzuki, sans jamais le dire directement, a allumé la mèche :
« On est un groupe déjà tissé serré, et la chimie est toujours là, mais vous savez, s’entraîner l’été ensemble ajoute à cela et je pense que ce sera bien pour notre début de saison. »
En d’autres mots : on est prêts. On est unis. Et on croit à notre direction.
Nick Suzuki est peut-être le capitaine le plus sous-estimé (et sous-payé) de la LNH. Avec un contrat à 7,875 millions $ par saison jusqu’en 2030, il est une aubaine absolue pour le CH.
Mais au lieu de se plaindre, Suzuki donne. Il élève le ton. Il félicite. Il bâtit. Et il offre aujourd’hui à Kent Hughes la plus belle des reconnaissances : celle du vestiaire.
« On a un comportement similaire, moi et Noah (Dobson). On est deux gars tranquilles. Mais lui, c’est un joueur de hockey fantastique. »
« J’ai toujours voulu faire les Jeux olympiques, depuis que je suis enfant. C’est un de mes grands objectifs cette année. »
« On espère que ça (pour Laine) le place dans un bon espace mentalement. »
Chaque mot de Suzuki est un compliment indirect envers Kent Hughes. Chaque commentaire démontre la qualité humaine de la culture d’équipe bâtie par le DG. Et chaque réponse appelle une question : combien vaut un tel directeur général ?
Dans une ligue où les contrats explosent et où les DG changent comme des ampoules, Kent Hughes incarne la rare stabilité, la vision, le respect et le succès planifié.
Il a fait de Montréal une destination de nouveau désirable. Il a convaincu Patrik Laine. Il a amené Noah Dobson. Il a tenu bon dans la tempête. Il a bâti un groupe uni autour de Suzuki, Caufield, Guhle, Dobson, Demidov et Bolduc.
Il est temps de le payer.
Et si cela coûte 15 millions de dollars par année pour le duo Hughes-Gorton, le capitaine confirme qu'ils le méritent les yeux fermés.
Parce qu’au bout du compte, comme l’a prouvé Nick Suzuki en descendant de son hélicoptère, ce n’est pas le prix qui compte. C’est le cœur. Et personne n’a plus de cœur, aujourd’hui, que Kent Hughes pour cette équipe.